Les jeux vidéos doivent être plus accessibles au public handicapé
Est-il normal en 2017 qu'aucun jeu ou presque ne soit accessible aux personnes handicapées ? Pour Capgame, association qui s'occupe de sensibiliser autour de ces questions et de proposer des solutions aux handicapés, la réponse est un "non" catégorique. Nous avons interviewé Guillaume Hessel et Jérôme Dupire, les responsables Capgame que vous pouvez retrouvez à la PGW, dans le Hall 2.
"Je voudrais jouer aux jeux vidéos"
Pour Guillaume Hessel, ergothérapeute et accompagnateur sur l'accès au numérique auprès de publics handicapés, la problématique de l'accessibilité du jeu vidéo est récente. En 2013, il n'existait encore aucun outils pour rendre un jeu plus accessible, en France. "Je voudrais jouer aux jeux vidéos" est une phrase trop souvent entendue par Guillaume, et encore aujourd'hui hélas, tout n'est pas rose pour les geeks en situation de handicap. Capgame est donc née de cette volonté-là : faire prendre conscience, aux gens et aux éditeurs, d'un problème réel, et informer, d'autre part, sur l'existence d'outils permettant de pallier certains handicaps. "En 2012, la problématique était encore de créer des jeux spéciaux adaptés aux handicapés, explique Jérôme Dupire, chercheur en informatique. Mais on s'est vite rendu compte que ce processus renforçait la marginalisation ! Capgame recherche au contraire une logique plus inclusive : nous voulons que les handicapés puissent jouer aux grands titres mainstream".
Pour l'association, le but est donc aussi de faire réaliser aux grands éditeurs et développeurs l'ampleur du problème. C'est quand les grands studios, en amont, réfléchiront eux-mêmes à l'accessibilité, que les choses vont bouger.
Les outils permettant aux handicapés de jouer existent, mais restent trop peu connus
Donner de la voix
Pour Guillaume et Jérôme, ce problème est "tout à fait soluble si un gros effort est fourni en amont". La mission de sensibilisation se fait en premier lieu auprès de l'éditeur lui-même, pour qu'il développe et pense à des interfaces spécifiques, qu'on peut mettre en place sur des AAA, par exemple. " On commence à travailler avec des clusters et des studios sur le facteur de l'accessibilité, assure Guillaume Hessel. Le top pour nous c'est d'avoir des équipes présentes lors des béta-test, pour réfléchir sur la question avant même la sortie du jeu."
Le "Handi-eSport" à l'étude ?
Les responsables de Capgame sont aussi prêts à affronter la thématique de l'eSport. "On est dans une temporalité parfaite, explique Jérôme Dupire. Aujourd'hui l'eSport flirte avec le Comité des JO. C'est à nous d'être les initiateurs à ce moment là".
Le handisport a en effet mis du temps à rattraper le train des JO traditionnels. Pour Capgame, l'enjeu est cette fois de "ne pas avoir 20 ans de retard". Et selon eux, le handi-esport pourrait très vite voir le jour ; il s'agit juste d'un problème de connaissance du grand public, et de mauvaise communication politique. Mais le handi-esport devra d'abord légiférer sur certains points, sur ce qu'on peut considérer comme de la triche ou pas. "Parce qu'ils utilisent des logiciels d'aide au combat, des Cronus ou certains add-ons, on a vu des joueurs handicapés être bannis de serveurs, car considérés comme tricheurs ! " lance Jérôme. Il y a donc un vrai travail de réflexion à fournir sur la définition de l'handi-esport.
En attendant une prise de conscience collective, Jérôme et Guillaume restent confiants, mais exigeants : "Quoi qu'on fasse ce sera toujours insuffisant. Ce qu'on veut, c'est que les handicapés aient accès à absolument tous les jeux".
Retrouvez Capgame sur la pavillon 2.2 de la PGW 2017, ou en cliquant ici
