EA Sports a gardé un as dans sa manche jusqu’aux derniers jours du mois de septembre en mettant fin à la valse des jeux de sport avec la sortie de FIFA 18. Pour sa nouvelle cuvée, la simulation de football a fait l’objet d’une campagne marketing sans précédent sous l’impulsion de sa nouvelle tête d’affiche : Cristiano Ronaldo. L’auto proclamé jeu universel est-il vraiment plus qu’un jeu ou un simple épisode de transition ? Serrez bien vos crampons c’est l’heure d’entrer sur la pelouse !
Ça joue des coudes dans la surface
Le gameplay est l’aspect le plus important de tout bon jeu de sport et FIFA 18 a la lourde tâche de prendre le flambeau de son prédécesseur qui avait rendu une copie très convaincante sur cet aspect. Alors que nos prises en main avant l’été et lors de la Gamescom nous avaient plutôt séduites, les premières touches de balle sur la version définitive ont été une franche déception. S’il fallait prendre son temps pour construire ses actions en faisant circuler le cuir sur le versions antérieures, FIFA 18 s’oriente finalement sur un jeu d’attaque défense délaissant complètement l’entre-jeu.
Le gameplay a été accéléré faisant disparaître la bataille du milieu de terrain qui faisait son charme et que le concurrent PES 2018 a pris soin de travailler. Ajoutez à cela une défense plutôt difficile à prendre en main et une inertie toujours aussi peu prononcée, vous obtenez un cocktail explosif menant à des scores de tennis en multijoueur et ce, malgré le patch déployé le jour de la sortie.
Car en effet, la défense est bien différente de l’an passé, moins assistée, elle nécessitera plusieurs heures de pratique pour être pleinement maîtrisée. La concentration est donc de mise au moment de vous positionner pour gêner les attaquants adverses et le moindre écart vous mettra hors course. Que ce soit sur l’aspect offensif ou défensif, le jeu physique prend une place prépondérante dans FIFA 18 et protéger le ballon avec LT sur Xbox ou L2 sur PS4 vous permettra de temporiser en mettant le corps de votre joueur en opposition.
Débloquer la situation, contenir un retour de défenseur ou vous emparer du ballon sans tacler, cette lutte physique de tous les instants est omniprésente dans les matchs. Dans le même registre, on note également le retour du dribble précis qui vous permettra de garder le ballon proche du pied en maintenant les gâchettes du haut, idéal pour évoluer dans les espaces resserrés avec des joueurs de petit gabarit. Du côté de la défense le tacle debout bénéficie d’une nouvelle mécanique, à l’instar des tirs, il est possible de doser leur puissance en maintenant la touche. Votre joueur tendra donc la jambe pour effectuer un tacle genoux au sol à la Thiago Silva, bien plus efficace qu’avec un simple appui mais demandant aussi de l’anticipation.
C’est sur le front de l’attaque que FIFA 18 est le plus plaisant, les courses et les appels sont admirablement bien gérés par l’IA et cela étoffe l’éventail de possibilités qui vous est offert dans les 30 derniers mètres. Alors qu’il n’étaient plus vraiment une option viable l’an dernier, les centres font peau neuve avec de nouveaux effets gérés en combinaison avec les gâchettes hautes. Beaucoup plus intuitifs, ces derniers sont plus simples à distiller mais la tête de votre attaquant reste difficile à trouver. Au final le jeu en triangle est plus que jamais de mise et le laxisme des gardiens ne pousse pas vraiment le joueur à construire pour rechercher la position idéale et frapper. D’ailleurs il n’est même plus indispensable de rentrer dans la surface pour trouver les filets tant les enroulées et les pralines de loin ont tendance à tromper les portiers.
L’autre grosse nouveauté de gameplay est l’arrivée des styles d’équipes. En carrière, en coup d’envoi ou dans n'importe quel mode où vous affronterez des clubs du monde réel contre l’IA, vous serez susceptibles de faire face à plusieurs styles de jeu typiques. Vous devrez composer avec un pressing de tous les instants face au FC Barcelone ou anticiper les contre-attaques éclaires du Borussia Dortmund ce qui apporte une variété bienvenue et vous forcera à ne pas répéter les mêmes schémas de jeu quel que soit l’adversaire. Vous allez donc devoir vous doter d’un certain sens de l’adaptation et c’est très appréciable notamment en carrière, un mode dans lequel le joueur prenait parfois un petit peu trop d’habitudes.
Ultimate Team, solide sur les appuis
Alors que EA avait osé bousculer les codes de sa poule aux œufs d’or sur le dernier opus avec FUT Champions, Ultimate Team reste sur ses acquis cette année et la recette fonctionne toujours admirablement bien. Les Clashs d’Équipes viennent s'ajouter à la carte pour apporter une pincée de compétition au mode solo. Ces derniers reprennent certaines mécaniques du FUT Champ à la différence que vous affrontez l’IA durant 45 matchs répartis tout au long de la semaine. Chaque match vous rapporte des points de classement qui permettent de déterminer votre place au sein d'un ladder actualisé en temps réel, une aubaine pour les joueurs qui ne souhaitent pas se lancer dans la fosse aux lions en multijoueur tout en décrochant de belles récompenses.
C’est ici que seront proposés des défis lancés par les joueurs de football, les YouTubers ou encore les streamers à la communauté de façon hebdomadaire. Les premiers jours suivant la sortie, il était possible d’affronter le onze de rêve d’Antoine Griezmann et de Thomas Muller pour tenter de remporter quelques points bonus au classement des Clash d’Équipes.
En parlant des joueurs, les cartes légendes telle qu’on les connaissait n’existent plus, place aux Icônes déclinées en trois versions représentatives des moments clés des carrières des joueurs qui ont marqué l’histoire du football à l’époque. Grande nouvelle pour les joueurs PS4 qui goûteront pour la première fois aux joies d’évoluer avec les Ronaldo, Ronaldinho, Laurent Blanc et autres Thierry Henry sur les pelouses de FIFA Ultimate Team.
Les amateurs d'eSport et de compétition seront également ravis de pouvoir améliorer leur jeu grâce à la chaîne champions, une plateforme où vous pourrez revoir mais surtout analyser les matchs des joueurs professionnels. Affichage des touches pressées par le joueur en temps réel, retour en arrière, changement d'angle de caméra, cette nouvelle fonctionnalité est une véritable bible pour permettre à chacun de s'inspirer des meilleurs, une excellente idée qui montre encore à quel point EA Sports mise sur la compétition.
La saison 2 d'Alex Hunter, votre binge-watching de la rentrée
Alex Hunter revient pour une nouvelle saison et après avoir découvert les pelouses des championnats anglais sur FIFA 16, la pépite britannique que tout le monde s’arrache (ou pas) va vivre sa première fenêtre de transfert estivale. Vous reprenez l’aventure là où elle s’était arrêtée si vous aviez terminé l’Aventure l’année passée (ou pas) puisque dans notre exemple nous avons dû abandonner notre parcours avec Hull City, relégué depuis, pas de chance. Une petite incohérence scénaristique que l’on pardonne aisément au vu des circonstances. Si vous n’aviez pas eu l’occasion de jouer la première saison d’Alex, pas d’inquiétude, le jeu vous propose une rapide mise en jambe avec un résumé vidéo de l’épisode précédent.
EA Sports a pris soin de corriger certains aspects qui nous avaient fait pester l’an dernier. L’ami Hunter est désormais personnalisable, la moindre des choses lorsque l’on vous impose d’incarner un personnage et non pas de créer le vôtre. Le bougre est désormais majeur et vacciné et nous nous sommes empressés d’aller le recouvrir de tatouages sans prendre en compte l’avis du bon vieux Jim. Vous aurez également le loisir de modifier sa tenue vestimentaire sur et en dehors du terrain ainsi que d’opter pour des coiffures parfois rocambolesque à la Paul Pogba.
Globalement, l’Aventure est bien plus généreuse en cinématiques ou en éléments de scénario et vient casser la monotonie dont souffrait la première partie où il fallait parfois enchaîner cinq matchs avant de percevoir une bribe de dialogue. Toujours avec l'intention de rythmer la narration et de tenir le joueur en haleine, vous aurez l’occasion de jouer plusieurs passages sortant de la routine, sur les terrains de rue à la FIFA Street dans le prologue ou même d’incarner d’autres personnages, on en dit pas plus. Côté gameplay, le mode est désormais jouable en coopération locale mais la nouveauté la plus intéressante concerne l’arrivée d’un partenaire avec qui vous devrez développer une relation sur le terrain.
L’Aventure est désormais découpée en six chapitres comprenant chacun des objectifs bien plus intéressants que ceux de l’an dernier mais qui ne sont pas forcément adaptés à votre poste, il nous était par exemple demandé d’atteindre un objectif assez élevé de buts lors d'un chapitre alors que nous avions choisi le poste d’ailier droit avec un profil de créateur. Les objectifs donnés en matchs sont quant à eux bien plus répétitifs et ont une fâcheuse tendance à dicter votre façon de jouer plutôt que de vous laisser profiter de vos matchs.
Si l’on est encore loin des standards imposés par NBA 2K en termes de narration, on se prend facilement au jeu et c’est avec beaucoup de plaisir que l’on a suivi l’histoire de Hunter malgré une écriture parfois maladroite et une intrigue qui prend des tournants influencés par les divers partenariat signés par EA Sports.
L'Aventure est généreuse, parfois un petit peu trop et a vouloir trop en faire on perd l'authenticité et la saveur du premier volet. Le réalisme en prend un coup mais bon, le destin de Kylian Mbappé nous a appris que s’il y a bien un monde où tout est possible, c’est celui du ballon rond et que côtoyer Cristiano Ronaldo, Thierry Henry, Antoine Griezmann ou Thomas Muller quand on est un gosse de 18 ans qui vient d’éclore, c’est tout à fait possible. EA essaye de nouvelles choses et c'est très appréciable.
Négocier pour mieux régner
Le mode carrière bien que désuet pour de nombreux joueurs préférant s’adonner aux joutes proposées par Ultimate Team est le mode emblématique des jeux FIFA. Laissé à l’abandon lors des derniers opus, ce dernier subit un léger lifting en proposant de négocier les transferts de vos joueurs en rencontrant les différents agents et managers de la planète football dans des cut-scenes. L’idée ajoute une belle poignée de réalisme et tout un tas d’options supplémentaires en prime.
Vous pourrez désormais négocier des primes de revente, des primes à la signature ou encore des clauses libératoires parmi tant d’autres. Les scènes ne bénéficient par contre d’aucune variété dans leur déroulement, les agents agissent comme des robots et nous avons été surpris par l’absence de… dialogues oraux ! Vous devrez en effet vous contenter de sous-titres et d’une petite musique de fond lors des négociations, le carrosse se transforme en citrouille et ces scènes deviennent très rapidement lassantes.
Quant à lui, le menu de gestion des transferts a été complètement revu et se dote d’une très bonne lisibilité, notez qu’il est désormais possible d’entamer les négociations en dehors des périodes estivales et hivernales pour prendre de l’avance sur la concurrence et recruter vos pépites dans les premières heures du mercato.
En immersion dans l'univers du ballon rond
FIFA 18 c'est aussi la deuxième année d'exploitation du moteur Frosbite pour EA Sports. Visuellement, le jeu franchit un cap, le rendu global est très convaincant et les ajouts des différentes ambiances dans les stades selon leur localisation n'y est pas pour rien. Les pelouses d'Amérique du Sud et leur ambiance si particulière sont très réussies et c'est un plaisir d'aller se jeter dans les bras d'une foule en délire qui bénéficie de nouvelles animations.
Les supporters se précipiteront contre les barrières après certains buts et il ne nous manquerait presque qu'un bon vieux streaker venant envahir le terrain au beau milieu d'un match pour se sentir à la maison (on plaisante, rhabillez-vous messieurs). Il y a du mieux du côté des visages des joueurs même si PES garde une longueur d'avance de ce côté en dépit des licences.
De ce côté, FIFA signe l'arrivée de la troisième division allemande et propose une expérience complète de la MLS, la Premier League, la Ligue 1 Conforama et la Liga Santander au niveau de la réalisation, des habillages ou des musiques. Une expérience on ne peut plus réaliste pour les fans français, britanniques, espagnols ou le public américain que EA Sports semble avoir à cœur de chouchouter (vous avez dit Hunter ?) et l'un des points sur lequel FIFA surclasse clairement son concurrent direct.