C'est un premier pas vers la démocratisation de l'eSport. Le triple champion olympique de canoë et coprésident du comité Paris 2024, Tony Estanguet, a fait une déclaration ce mercredi 9 août en faveur de l'eSport aux JO, lors d'une interview publiée par l'agence Associated Press. Même s'il ne s'agit là que d'une première approche, une fois les discussions engagées, l'éventualité de faire de l'eSport une nouvelle discipline des JO en Europe paraît bien moins onirique.
Tony Estanguet, pour Associated Press (Source - traduction) |
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« Il faut qu’on s’y intéresse, parce qu’on ne peut pas dire “ce n’est pas nous. Ça ne concerne pas les Jeux olympiques". [...] Les jeunes, oui ils s’intéressent à l’eSport et ce genre de chose. Regardons tout ça. Rencontrons-les. Voyons si nous pouvons établir des liens. [...] Je ne veux pas dire "non" dès le début. Je pense que ça vaut le coup d'en parler avec le CIO et avec les acteurs eSportifs, pour mieux comprendre le fonctionnement de l'eSport et pourquoi il a un tel succès. [...] Le CIO aura le dernier mot sur le fait d'inclure l'eSport ou non dans le programme. » |
À part son souhait d'en parler au Comité international olympique (CIO) lors de son sommet en septembre à Lima, au Pérou, Tony Estanguet n'a pas donné plus de détails. (NDLR : la sélection de Paris comme ville organisatrice des JO 2024 y sera officialisée, Los Angeles ayant retiré sa candidature pour s'occuper des JO 2028)
La possibilité de faire de l'eSport une nouvelle discipline des JO de Paris reste toutefois compromise. Il est en effet loin d'être évident d'ajouter de nouveaux sports aux Jeux Olympiques : le CIO n'est pas connu pour sa souplesse. De plus, l'eSport n'a pas vraiment encore été reconnu comme étant un "vrai sport". Cinq nouveaux sports ont toutefois été acceptés pour les JO de 2020 à Tokyo : le karaté, le surf, l'escalade, le skateboard et le baseball-softball. Selon le CIO, leur intégration était pertinente vis à vis du public attendu à la capitale japonaise. Le comité international olympique a également fait savoir en 2016 qu'il ne souhaitait pas voir le nombre d'athlètes et de podiums à la hausse malgré l'ajout de nouvelles disciplines. Un obstacle de plus pour l'intégration de l'eSport et ses nombreuses équipes à nos JO.
All Star 2016 © Millenium
L'eSport jouit en revanche d'une grande côte de popularité auprès de nos jeunes générations. Il remplit des stades et brasse de grosses sommes d'argent: les recettes générées dans l'hexagone s'élèveraient à plus de 22 millions de dollars en 2017 (selon une étude réalisée par SuperData pour Paypal), plaçant la France dans le top 3 du marché européen de l'eSport.
Si le CIO respecte sa politique de s'adapter au public touché par nos JO comme il l'a fait pour Tokyo, il est fort possible que l'hypothétique apparition de l'eSport en tant que discipline à Paris soit très sérieusement étudiée. Et si cela ne donnait pas suite en 2024, on ne peut douter de l'expansion future du sport électronique. D'ici un certain nombre d'années, la jeune génération d'aujourd'hui arrivera à terme à faire entendre sa voix. Et puis, ne l'oublions pas : l'eSport sera intégré aux jeux asiatiques prévus en Chine en 2022. Un évènement qui, peut-être, montrera l'exemple aux Jeux olympiques.