Dernièrement deux des équipes les plus populaires du monde sur Counter-Strike: Global Offensive ont été dans l'obligation de modifier leurs sections respectives. Les francophones de chez Titan l'étaient suite au bannissement par le VAC (Valve Anti Cheat) de l'un des leurs, Hovik « KQLY » Tovmassian, en novembre dernier. Tandis que pour les Allemands la raison était différente, il fallait se relancer sur le sol national et retrouver sa place de numéro 1 germanique. Notons toutefois que nos voisins d'outre-Rhin ont également été touchés par la vague de bannissements qui a exclu KQLY et que, même si ce n'est que d'une manière indirecte, mousesports également a fait les frais de cet événement sans précédent. En disputant deux matchs de l'ESL Pro League (un nouvel événement européen diffusé et commenté par notre duo Alka et Spoke) avec l'ancien ALTERNATE, Simon « smn » Beck, joueur depuis banni, ils ont été disqualifiés de la compétition alors même qu'ils avaient remporté haut la main les qualifications en ligne. Touts ces chamboulements ne seraient-ils donc pas liés au recrutement d'ancienne gloire de Counter-Strike: Source ou 1.6 ? C'est tout du moins l'impression que cela donne vu de l'extérieur.
Titan avant la crise (kennyS, apeX, Ex6TenZ, KQLY et Maniac) - crédit : Titan.pro
Un coup de froid sur la scène
La vague de bannissements qui a eu lieu en novembre dernier, et même si finalement elle n'a que très peu touché la scène professionnelle, a jeté un froid sur l'ensemble de la communauté. Des équipes établies telles que Epsilon, Titan, ALTERNATE ou encore mousesports ont été frappées de plein fouet par les quelques éléments indésirables qui se sont fait par la suite attraper par la brigade anti-triche de Valve. Mais ne revenons pas sur cette affaire qui a déjà suffisamment fait les gros titres et occupons-nous plutôt des conséquences que cela a pu avoir sur les équipes et leurs choix. Car si le Français Cédric « RpK » Guipouy et le germano-turc Fatih « gob b » Dayik sont de retour au plus haut niveau et à plein temps, ce n'est pas le fruit du hasard. Hormis les qualités de jeu exceptionnelles et le palmarès incroyable que possèdent ces joueurs, se sont également d'autres aspects qui ont mené les dirigeants et les capitaines de section à s'orienter vers ces recrutements plutôt surprenants.
Si un retour de gob b pouvait sembler plus probable chez mousesports, ce dernier n'ayant jamais vraiment pris sa retraite et ayant également à plusieurs reprises joué le rôle de remplaçant de luxe chez mouz, celui de RpK était bien plus inattendu. Pourtant au final les deux profils de ces joueurs sont assez proches. Tous deux ont démontré à de nombreuses reprises par le passé qu'ils étaient fidèles à leur équipe, une qualité rare et qui mérite d'être soulignée. De plus en termes de capacités d'adaptation et de niveau de jeu, ils ont déjà prouvé qu'ils faisaient partie de l'élite internationale ce qui devrait leur permettre de retrouver le plus haut niveau assez rapidement. Mais surtout, durant les nombreuses années au cours desquelles ils ont évolué en plein cœur de la scène professionnelle, ils n'ont jamais été pris à défaut pour des problèmes comportementaux ou de tricherie. Et là encore, en ces temps de suspicion, ce sont des qualités rares. Voyez vous-mêmes ce qu'ont pu subir les fnatic, et notamment le Suédois Robin « flusha » Rönnquist, sur les réseaux sociaux il y a quelques mois. Une véritable chasse aux sorcières qui n'avait plus rien à voir avec la compétition et pointait du doigt un joueur et ses équipiers sans la moindre forme de procès.
Les joueurs fnatic en pleine action (flusha au premier plan)
Une image et un comportement
Ce qu'a subi fnatic est symptomatique de la période que nous traversons. La réaction d'une partie de la communauté, exacerbée par l'affaire du « pixel walk » (plus d'informations à ce sujet ici), a très certainement laissé des traces dans les esprits de tous les dirigeants. Une telle campagne de dénigrement d'une équipe n'avait jamais eu lieu jusqu'alors, et cela a d'ailleurs entraîné (même si la structure australienne le dément) des réactions assez négatives de la part des sponsors. Car toucher aux joueurs fnatic, c'est aussi toucher à la marque qu'ils représentent et aux intérêts des investisseurs qui les payent. Par conséquent il vaut mieux parfois recruter un joueur potentiellement moins fort à court terme, plutôt qu'un monstre de skill dont on ne sait pas grand chose. Les surprises qu'ont été les bannissements de Hovik « KQLY » Tovmassian (ex-Titan) et Gordon « Sf » Giry (ex-Epsilon) y sont pour beaucoup. Très peu d'observateurs peuvent prétendre les avoir prévues, et surtout les révélations faites par la suite démontrant l'utilisation d'un véritable réseau dédié aux joueurs professionnels et, vraisemblablement toujours pas démantelé, laissent supposer qu'il existe encore aujourd'hui certains tricheurs en activité.
Alors quoi de mieux que de recruter un Cédric « RpK » Guipouy exempt de tout reproche et qui revient de deux ans de pause bien mérités ? Quel meilleur choix que de s'entourer d'une équipe composée exclusivement de joueurs avec lesquels on a déjà travaillé comme chez mousesports ? Ces choix ne sont finalement pas dictés uniquement pas l'envie de résultats, ce sont avant tout des décisions stratégiques à long terme qui ont pour principal objectif de travailler sans se préoccuper d'éventuelles affaires qui pourraient venir ternir l'image des uns et des autres. Seul problème malgré tout, est-ce que Cédric « RpK » Guipouy et Fatih « gob b » Dayik seront capables de retrouver le niveau qu'ils ont pu avoir auparavant ? Nul ne peut le dire, et cela même si les principaux intéressés déclarent qu'ils n'ont jamais été aussi chauds de toute leur carrière. Ce qui est certain c'est que leur expérience incroyable sera toujours un plus pour leurs camarades.
Cédric « RpK » Guipouy à propos de son retour (Traduction - Source)
Il ne m'a fallu que quelques heures avant d'accepter l'offre qui m'était faite. J'ai alors relancé le jeu pour voir où je me situais, et si ma motivation et ma passion étaient toujours présents. La possibilité de vivre de Counter-Strike, jeu qui a toujours été ma passion principale, a été l'un des facteurs déterminants dans mon choix.
Je n'ai pas touché le jeu durant les deux dernières années, excepté une fois peut-être. Je jouais simplement à quelques FPS durant mon temps libre mais rien d'important.
Je suis de retour car je pense que j'en suis capable. Vous n'avez besoin que de bonnes conditions et de la motivation pour y arriver, et j'ai accepté d'avoir tout d'abord un rythme de jeu très chargé. Je m'entraîne tous les jours de 17h à 5h du matin, je n'ai jamais autant joué auparavant. Mes soirées se divisent entre un millier de frags en match à mort et regarder énormément de démos afin de me mettre à jour avec les poses sur les cartes, les mouvements particuliers, etc. J'ai également écouté beaucoup des conseils de mes équipiers et je progresse rapidement. J'apprends de mes erreurs et je fais tout mon possible pour les corriger.
Quoi qu'il en soit les responsables de ces recrutements ont eu le nez fin. Car même si demain leurs choix s'avèrent mauvais eSportivement parlant, ils conserveront toujours la sympathie de leurs fans, ces derniers aimant toujours ces retours qui satisfont leurs esprits nostalgiques et vieille école. En revanche si jamais ces clubs avaient fait le choix d'un talent reconnu ou non, et que ce dernier avait potentiellement eu des problèmes comportementaux ou de tricherie, les conséquences auraient été bien plus graves en termes d'image, et cela même si les victoires en tournois avaient été plus nombreuses.
Malheureusement parfois il faut savoir faire des choix cornéliens qui vont à l'encontre du sport, même électronique, mais en ce qui concerne mousesports et Titan on ne pourra nier qu'il est impossible de se prononcer aujourd'hui sur la qualité intrinsèque de leurs choix. Ce simple constat est déjà une victoire pour ces deux équipes, et on ne peut que leur souhaiter d'avoir su concilier professionnalisme et résultats en une seule et même personne !
