Le 31 décembre approche à grands pas et le temps est venu de faire le bilan des 12 mois de vacation du petit Kevin 2014. Sa mission était simple bien que périlleuse : freiner la perte de joueurs et de spectateurs sur StarCraft II avec un bonus en cas d'inversion de la tendance. Un objectif sans grand panache et peu enthousiasmant mais il faut bien l'avouer, 2014 arrive entre deux batailles.
D'un côté, 2013 reste le synonyme du déclin d'un empire, d'un géant de l'eSport et l'avènement de ce satané « daed gaem » malgré la naissance des WCS sous leur forme de circuit mondialisé. Chute d'audience globale, crise extrêmement sévère en Corée-du-Sud qui a entraîné l’arrêt de dizaines de professionnels, les Foreigners qui perdent leur meilleur élément, Stephano, et les plus trublions, IdrA et NaNiwa. StarCraft II termine 2013 avec l'une des plus grosses raclées et gueules de bois de l'histoire eSportive. De l'autre, 2015 est attendu comme le messie par les fans du RTS de Blizzard. Que ce soit avec l'arrivée de la bêta de Legacy of the Void ou le remaniement complet du circuit des WCS, les attentes de la communauté seront énormes dans les mois à venir.
Ça va cartonner !
Mais pour que 2015 puisse travailler dans de bonnes conditions, encore fallait-il que Kevin 2014 ne finisse pas de faire sombrer un navire qui s'enfonce depuis deux ans. Tout d'abord, coupons court au suspense : Kevin ne touchera pas de prime. Les audiences de StarCraft II ont hélas continué de chuter ces douze derniers mois. Tous les gros circuits historiques ont pris du plomb dans l'aile : WCS, DreamHack, IEM, GSL. Aussi bien en moyenne qu'en terme de pic d'audience. Rares ont été les quelques veinards qui ont obtenu cette année le haut fait « plus de 100 000 spectateurs ». On tourne aujourd'hui plus souvent autour de 50 000 spectateurs en moyenne pour les gros événements. Pas de quoi plier boutique mais pas de quoi pavaner face aux autres géants de l'eSport. Et entre le succès de HearthStone et la montée en puissance de Counter Strike : Global offensive, Starcraft 2 est officiellement fin 2014 descendu au 5e rang de l'eSport.
Lentement mais sûrement, StarCraft II se rapproche de son équivalent le plus proche dans les « sports traditionnels » : les échecs. Extrêmement élitistes, les deux disciplines ont une communauté plus confidentielle bien que reconnue par les autres pour leur mérite. Espérons seulement que les audiences stagneront rapidement avant que StarCraft II ne devienne le Curling de l'eSport.
Si le nombre global de spectateurs a baissé cette année, on a pu aussi noter que les fidèles répondaient présents régulièrement. Le public de StarCraft II est loyal toute l'année. En 2013, l'omniprésence des WCS avait étouffé les autres organisateurs de compétition et littéralement gavé le public d'avoir des matchs tous les jours, presque 7j/7 et sur plusieurs fuseaux horaires. Grâce à un planning largement plus aéré, 2014 a permis le renouveau des petits tournois qui se sont démultipliés et ont largement été la bonne surprise de cette année. Une multitude de compétitions organisées par des BasetradeTV, Destiny, Madals, Pughy, Khaldor, etc. ont vu le jour. Dotée chacune de plusieurs centaines à quelques milliers de dollars et regroupant généralement des joueurs de très bon niveau, ces tournois ont eu la chance d'attirer des milliers de spectateurs dépassant même parfois pour certains la barre des 20 000. L'autre bonne nouvelle côté tournois cette année c'est bien évidemment le développement du circuit des Red Bull Battle Grounds ! Ce sont cinq tournois bien léchés que nous a offert le fabriquant de boisson énergisante. Cinq tournois aux formats originaux, avec du top niveau et une production/réalisation impeccable. Un régal pour les yeux (malgré les horaires américains) qui devrait servir d'exemple à beaucoup ... pour ne pas pointer du doigt, entre autres, les finales des WCS.
Les 9 plus gros amasseurs de butin en 2014 ont cumulé plus de 980 000 $ en tournoi !
Au-delà des chiffres et des tournois, l'année fut relativement morne. Pas de révolution dans le metagame, toujours pas de Bonjwa à l'horizon, les Foreigners ont encore servi de paillasson (et de porte-monnaie) à la Corée-du-Sud, pas (trop) de drama ni de crises à signaler, et les Protoss ont eu leur trimestre de domination suivi de celui des Terrans tandis que les Zergs rongent leur frein ... avec un titre de Champion du Monde.
Le point rassurant pour nous Français reste encore que notre communauté est l'une des plus fortes et actives en Europe mais aussi l'une des plus représentées, et ce, à tous les niveaux. Joueurs, spectateurs, commentateurs, observateur, organisateurs de tournoi, la France joue sur tous les tableaux et parfois au plus haut niveau. Le meilleur exemple est sans conteste les superbes NationWars II que nous ont offert O'Gaming (même si on a perdu).
2014 termine son contrat avec un bilan mitigé. Il y aura eu des rires, des pleurs, des disparus, des ressuscités, de bonnes surprises et peu de mauvaises. Mais tout ceci ne pèse pas lourd face aux cinglants résultats des chiffres d'audimat qui viennent assombrir la vue d'ensemble qui, pourtant, est loin d'être désagréable. StarCraft II ne peut plus se permettre une telle hémorragie et doit relever la tête, vite. Car s'il est certain que la sortie de Legacy of the Void lui apportera un troisième souffle, encore faut-il que son état ne se dégrade plus pour qu'il bénéficie pleinement de ce vent frais, sous peine d'assister à une vaine tentative de réanimation d'un grand brûlé. Pour l'heure, la nouvelle formule des WCS devrait stabiliser la scène des joueurs tout en galvanisant (on l'espère) les spectateurs. Mais ces mesures semblent loin d'être suffisantes pour attirer de nouveaux badauds et risquent hélas d'être un cautère sur une jambe de bois si Blizzard ne trouve pas d'autres bonnes idées rapidement.
BarnY