Depuis leur arrivée au sein de la structure Titan en janvier 2014, les joueurs francophones portant ce tag ont connu une saison pleine de rebondissements. Tout d'abord au niveau des transferts puisqu'à l'heure actuelle seul Kévin « Ex6TenZ » Droolans reste le pilier central du clan, celui qui n'a pas encore eu à partir et qui possède finalement la confiance totale de ses dirigeants afin de gérer sa section. Ensuite via les performances en tournois, parfois invincibles, souvent favoris, il leur est également arrivée de réaliser des contre-performances. Cela ne les empêche pas d'être parmi les leaders incontournables de la scène Counter-Strike depuis de nombreuses années. L'expérience du capitaine Belge lui a permis à de nombreuses reprises d'atteindre les plus hautes marches des podiums. Pourtant suite à la récente affaire de tricherie qui a frappé la communauté des joueurs professionnels, Titan et son leader ont dû se séparer d'un des leurs dans l'urgence et, depuis, aucun remplaçant officiel n'a été communiqué.
Titan avant la crise (kennyS, apeX, Ex6TenZ, KQLY et Maniac) - crédit : Titan.pro
Le départ forcé de KQLY
En novembre dernier, à seulement quelques jours de la DreamHack Winter où les Titan étaient invités, Valve décide se lancer une vague de bannissements qui frappera en son cœur l'équipe francophone. Un des membres venait en effet d'être touché par la sanction suprême de l'éditeur du FPS et il était désormais sous les feux des projecteurs, forcé de s'expliquer sur son ciblage par le VAC (Valve Anti Cheat). Hovik « KQLY » Tovmassian sera assez transparent à ce sujet, il avouera avoir triché même si ce n'était que pendant une courte période et pour « essayer » en dehors de toute compétition officielle. Malgré ses explications, le joueur était contraint de mettre de côté sa carrière de professionnel et les dirigeants du club quant à eux ont dû se séparer de lui dans l'urgence. Malgré les actions entreprises par l'organisation afin de régler le problème, l'ensemble du groupe sera disqualifié d'office de la DreamHack, perdant ainsi une occasion de se frotter au reste du gratin international.
Cela entraînera notamment une réaction compréhensible du manager, Jérôme « NiaK » Sudries, déçu du manque de communication de la part de Valve, mais également, de la sanction sévère infligée à l'ensemble du club, car ce dernier ne pouvait pas non plus prendre part à la qualification mise en place afin de désigner ceux qui allaient les remplacer à Jönköping.
Jérôme « NiaK » Sudries - manager Titan (Traduction - Source)
Je peux personnellement garantir que notre politique à l'encontre de la triche est très claire. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de tolérance à l'encontre de ce cancer qui a déjà fait suffisamment de mal dans le sport. Ce serait prêt à mettre tous les moyens nécessaires pour combattre ce qui ruine la crédibilité et des années de travail. Maintenant il est clair également que trouver un tricheur dans son équipe vous pousse à vous poser des questions sur l'ensemble des performances de l'équipe. Quoi qu'il en soit nous ne pouvons pas faire taire toutes les spéculations qui ternissent nos performances sans un minimum de preuves, et c'est ce que nous essayons de faire auprès de Valve.
En ce qui concerne la DreamHack Winter, en plus d'avoir perdu notre invitation nous avons également été exclus d'une participation au tournoi qualificatif organisé à la dernière minute. Est-ce raisonnable ou justifiable ? En prenant en compte ce que j'ai disais précédemment, je ne pense pas. Je n'ai pas peur de prendre mes responsabilités sachant que j'ai travaillé avec un tricheur au sein de mon équipe et, croyez-moi, cela me touche beaucoup. J'essaye personnellement d'être très vigilant à ce sujet et de l'être encore davantage aujourd'hui. Mais nous ne sommes pas les seuls à ne pas avoir été suffisamment prudents. Valve et les organisateurs ont tous les deux la responsabilité de mettre à la disposition des systèmes qui sont susceptibles d'être frappés par la triche.
ioRek en joker de luxe
Suite à ce chamboulement important au sein de la structure il fallait réagir et vite. Car même si les joueurs ne pouvaient pas disputer la DreamHack Winter 2014, beaucoup de compétitions se jouent continuellement sur Counter-Strike: Global Offensive et l'organisation ne pouvait pas se permettre une trop longue pause. Sur une bonne lancée depuis quelques mois, des transferts importants avaient malgré tout eu lieu plus tôt dans l'année suite à un ESL One Cologne manqué (il finirent dans le top 16). Fort heureusement pour le clan ce dernier possédait un coach depuis octobre, il avait choisi une ancienne gloire de la scène Counter-Strike 1.6. Vainqueur notamment des World Cyber Games 2007 sous le tag emuLate, Jeremy « ioRek » Vuillermet a accepté de reprendre la souris le temps qu'un remplaçant soit officiellement trouvé. L'apport de l'expérience de ioRek en tant que coach était considérable, en revanche en tant que joueur il devait retrouver ses automatismes et se hisser en quelques semaines au plus haut niveau international.
Mais le groupe n'avait pas d'autre choix, qualifié pour les phases finales de l'ESEA Invite saison XVII, ils avaient déjà brulé tous leurs jokers lorsqu'ils avaient réalisé leur mercato plus tôt dans la saison. Il était donc impossible d'embaucher une personne qui ne faisait pas partie de la fiche du club et, dans ce cas, seul Jeremy « ioRek » Vuillermet correspondait à ces critères très restrictifs. C'est donc malgré un emploi du temps chargé, et après une courte retraite hors de la scène de haut niveau, que ioRek a accepté de laisser son rôle d'analyste de côté pour reprendre de l'activité. Le voyage à Dallas était dorénavant réservé, il ne restait plus maintenant qu'à s'entrainer avec acharnement afin de retrouver des automatismes et refaire ce qui avait déjà été fait pendant plusieurs longues semaines avec Hovik « KQLY » Tovmassian.
ioRek (au premier plan) joker de luxe à Dallas - crédit : Titan.pro
De l'ESEA à la pause hivernale
Arrivés à Dallas, les joueurs de chez Titan se retrouvent opposés, dans un arbre à double élimination, aux Américains de chez Denial. Les phases finales n'étaient pas tirées au hasard, le classement des différents championnats régionaux (Europe et Amérique) ont permis de définir une liste ordonnée des concurrents. En finissant à la quatrième place du vieux continent derrière fnatic, Dignitas et mousesports, Titan retrouvait donc son équivalent américain les ex-LunatiK devenus Denial entre-temps. Cette première confrontation s'achèvera sur une victoire prometteuse des francophones (22-19 de_inferno et 16-12 de_mirage). L'équipe semblait posséder le mental qui avait forgé sa légende mais manquait de manière flagrante d'automatismes. Or en demi-finale du winner bracket il fallait jouer à 100% de ses capacités puisque c'était l'ogre fnatic qui se retrouvait sur leur route. Même si la section Suédoise connaissait une période compliquée, elle avait à cœur de prouver sa valeur à la face du monde. Défaite par conséquent pour Titan en trois cartes et malgré une belle lutte qui n'aura malheureusement pas suffi pour s'imposer (16-13 de_cache, de_nuke 12-16 et de_inferno 16-19).
Désormais dans le loser bracket, Kévin « Ex6TenZ » Droolans et ses camarades retrouvent sur leur chemin les meilleurs représentants actuels d'Amérique du Nord. Ainsi les iBUYPOWER étaient loin d'être des concurrents à prendre à la légère et ils le prouvèrent assez rapidement. Ils s'imposèrent là-encore en trois cartes et après une lutte tout à l'honneur des francophones (16-11 de_cache, 10-16 de_season et 16-19 de_inferno). Le bilan final pour Titan aura été loin d'être ridicule même si clairement le manque d'entrainement aura empêché les joueurs d'espérer atteindre le podium. Solides face à des ténors de la scène internationale, l'apport de Jeremy « ioRek » Vuillermet n'aura finalement pas été à regretter. Fidèle à son poste, le joueur a tenté de faire tout son possible pour aider ses équipiers à s'imposer, et cela malgré son manque de temps de jeu et d'automatismes à leurs côtés.
Une mise au point pendant l'ESEA Invite saison 17 - crédit : Titan.pro
L'année se termine et Titan n'a toujours pas souhaité officialiser un remplaçant. Vont-ils continuer avec ioRek ? Cela s'annonce très compliqué du fait de l'emploi du temps du joueur. Une autre piste pourrait bien les mener vers des concurrents nationaux tels qu'Epsilon actuellement en mauvaise posture. La section CSGO de l'organisation a en effet elle aussi été frappée par la vague de bannissements, et elle compte en son sein quelques uns des meilleurs talents francophones de la scène. Une chose est certaine, les dirigeants souhaitent prendre leur temps et décider à tête reposée des actions à entreprendre. En attendant d'en savoir davantage le groupe va profiter des fêtes de fin d'année pour récupérer après une saison bien chargée qui se sera, malheureusement pour eux, assez mal terminée.
Palmarès de janvier à décembre 2014
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