On attendait une réaction de Valve, et on l'attendra encore, concernant les récents bannissements du Valve Anti Cheat (VAC), finalement c'est l'Electronic Sports League (ESL) qui a dégainé la première à ce sujet. La célèbre organisation allemande a en effet décidé de communiquer sur la question, tout simplement car ses équipes ont banni de leurs ligues les joueurs touchés, tout en agissant d'une manière plus diplomate vis-à-vis des équipes concernées. Trois personnalités ont donc reçu la plus sévère des sanctions, l'interdiction de disputer des matchs sur l'ESL pendant deux ans. Il s'agit des Français Hovik « KQLY » Tovmassian, Gordon « Sf » Giry et des Allemands Simon « smn » Beck et Anil « cLy » Gülec. Tous les quatre ont subi le courroux du VAC et c'est donc en toute logique que l'entreprise germanique se devait de réagir de manière claire et définitive. Toutefois en ce qui concerne leurs clubs, ces derniers sont mangés à une sauce différente suivant le cas de figure.
Les joueurs sanctionnés
Les quatre joueurs qui ont été au cœur de l'actualité ces dernières semaines sont donc désormais fixés sur leur sort. Malgré l'absence de détection de leurs logiciels de triche par l'ESL Wire, le propre système mis en place par l'Electronic Sports League, ils écopent tous d'un bannissement de deux ans. Cette sanction est la plus sévère que peut vous imposer la ligue, sachant qu'il vous est possible de la diminuer en passant en commission de discipline si votre dossier le permet et que vous en faites la demande. Ensuite suivant la décision prise, soit vous aurez une chance de voir votre peine réduite soit vous resterez banni jusqu'à la fin de votre condamnation. Peu de chance de voir les quatre joueurs touchés utiliser cette possibilité étant donné qu'ils ont tous été renvoyés de leurs formations respectives, et qu'ils ont tous avoué leurs fautes en annonçant également la fin de leur carrière professionnelle. Nous ne sommes malgré tout pas à l'abri de surprises à ce sujet dans les prochains mois, le système étant fait de telle sorte qu'il autorise un pardon.
Par le passé d'autres joueurs ont déjà été sanctionnés de la sorte par l'ESL mais une très faible part avait choisi l'option du conseil de discipline, cela nécessitant notamment d'écrire une dissertation sur le thème de la triche en cumulant cette dernière avec des excuses adressées à l'organisation. En revanche la ligue allemande possédant ses propres règles, il est donc du domaine de l'exceptionnel que son propre système anti-triche soit mis à défaut au profit d'un VAC plus performant. Mais l'apparition de Counter-Strike: Global Offensive et surtout l'engagement pris par Valve dans la lutte active ont rendu le système mis en place par l'éditeur plus efficace que les autres. Notons malgré tout que ce scandale de tricherie a d'abord été mis en lumière par le travail d'un concurrent de l'ESL : l'E-Sports Entertainment Association (ESEA). C'était en effet sous l'impulsion de ces derniers que l'affaire a éclaté et a pu trouver une issue notamment grâce à un transfert d'informations effectué avec l'équipe de développement de CS:GO.
Les clubs traités différemment
Si les actions prises par l'ESL doivent avoir un effet rétroactif, l'organisation ne peut pas se permettre de fixer une date exacte à laquelle les joueurs auraient pu tricher étant donné qu'elle ne les avait pas détectés, et qu'avant qu'ils ne soient bannis par le VAC leur parcours était vierge de toute condamnation.
L'ESL à propos des récentes sanctions (Traduction - Source)
La date à laquelle les joueurs ont été bannis par le VAC sera celle du début de leur bannissement de deux ans pour tricherie sur l'ESL. C'est une sanction que nous allons appliquer à tous sur l'ESL une fois que nous aurons vérifié les informations les concernant, mais nous avons d'ores et déjà appliqué ces sanctions au joueurs connus dont la tricherie est avérée.
Si tout semble limpide en ce qui concerne les joueurs, c'est moins le cas du côté des clubs. En effet seul mousesports est disqualifié d'une ligue, l'ESL Pro League, tandis que Titan et Epsilon (où jouaient KQLY et Sf) peuvent poursuivre leur parcours dans cette compétition. Pourtant les mouz n'ont, dans leur composition officielle, aucun joueur de touché par le VAC ban. La raison de leur exclusion est donc plus complexe, l'équipe s'est en effet retrouvée dans un tournoi qualificatif pour l'EPL avec un remplaçant. L'un de leurs membres officiels ne pouvait exceptionnellement pas disputer quelques matchs et il a été remplacé au pied levé par Simon « smn » Beck, ex-ALTERNATE. Or ce dernier a été confondu depuis et, par effet rétroactif, il apparait que ce dernier a été condamné à une date ultérieure aux deux rencontres qu'il avait joué pour mousesports. Cette situation a entrainé l'annulation des matchs auxquels il avait pris part et, par voie de conséquence, a entrainé la disqualification des Allemands.
De leur côté les Français d'Epsilon et Titan étaient invités et n'avaient donc pas eu à jouer un tournoi qualificatif. Ils ont donc la chance de pouvoir profiter des changements qu'ils ont depuis opéré dans leurs sections après s'être séparés de Gordon « Sf » Giry pour Epsilon, et Hovik « KQLY » Tovmassian chez Titan. Le premier n'a toujours pas eu un remplaçant officiel tandis que le second l'a été dernièrement par Jeremy « ioRek » Vuillermet. Aucune de ses anciennes gloires de Counter-Strike 1.6 n'étant inquiétée par un quelconque bannissement, les deux formations tricolores ne devraient plus avoir de surprise. Du côté des mousesports on est forcément déçu, seulement deux matchs lors des premiers tours des qualifications auront suffit à saper tout le travail du groupe. L'ESL Pro League est une compétition où le gratin européen sera présent et où 48 000 € seront mis en jeu, l'occasion pour les Allemands de disputer des rencontres de haut niveau qui seront, pour information, diffusées sur Millenium avec aux commentaires notre duo Alka et Spoke. Les mouz devront par conséquent se contenter des autres nombreux rendez-vous qui leurs sont proposés, la scène Global Offensive étant suffisamment riche de ce côté-là pour qu'ils puissent trouver des matchs de substitution.
L'ESL à propos des récentes sanctions (Traduction - Source)
Les cas de Titan et d'Epsilon sont différents de celui de mousesports. Tandis que mousesports a joué de manière avérée avec un joueur ayant utilisé un logiciel de triche pendant les qualifications, Titan et Epsilon ont été invités à la ligue. Aucune de ces deux équipes n'a donc eu à disputer des rencontres qualificatives, nos règles concernant la triche ne s'appliquent donc pas. Nous aurions pu en revanche retirer les invitations mais nous pensons toujours que dès lors que ces formations n'ont plus dans leurs rangs des joueurs bannis, elles possèdent le potentiel et méritent toujours leurs invitations.
L'ESL revoit ses procédures
Toutes ces affaires n'ont pas entrainé uniquement ces actions, l'Electronic Sports League a également annoncé qu'elle allait revoir ses procédures en tournoi LAN de manière à éviter toute tricherie. Le récent scandale ayant mis en exergue l'utilisation de logiciels au nez et à la barbe des arbitres, la DreamHack Winter 2014 avait déjà mis en place des mesures draconiennes de contrôle. L'ESL n'a pas communiqué dans le détail sur ses propres mesures mais nul doute qu'elles se rapprocheront de ce qu'ont fait les Suédois dernièrement. Contrôle des configurations en amont, utilisation d'ordinateurs vierges, absence de téléphones portables dans la zone joueurs et concentration accrue des arbitres de manière à éviter tout débordement. Ces mesures avaient permis à la DreamHack d'être le premier tournoi jugé « propre » de toute l'histoire, mais cela n'avait pas empêché une autre affaire : celle du « pixel walk » des fnatic contre la Team LDLC.
Mais de ce côté-là aussi il y a d'ores et déjà eu des améliorations, Valve ayant corrigé les bugs qui avaient permis aux fnatic d'abuser de la carte de_overpass. Reste à savoir si d'autres exploits ne seront pas découverts, ou si tout simplement un autre scandale n'interviendra pas. L'ESL a déjà tenté d'augmenter d'elle-même le niveau de ses exigences en ajoutant, à son propre règlement, l'obligation pour les joueurs de transmettre leurs démos à la première personne (POV) après chaque rencontre disputée en ligne sur leur site. Ils souhaitent de cette manière faire participer autant que possible la communauté en permettant aux spectateurs d'analyser directement le jeu des éventuels suspects, ceci permettant d'offrir gratuitement de nouveaux juges mais ajoutant du travail au traitement des éventuelles réclamations. L'entreprise allemande souhaite également, tout comme l'ESEA, travailler conjointement avec Valve de manière à ce qu'ils puissent à leur tour partager leurs éventuelles informations.
La scène Counter-Strike: Global Offensive n'a donc pas fini de parler de tricherie et de mesures tentant d'éviter une nouvelle crise à l'avenir. Aujourd'hui pourtant le doute subsiste sur le nombre exact de joueurs concernés ou sur un éventuel allongement de la liste des bannis. De plus les développeurs des logiciels incriminés n'ont de leur côté pas été inquiétés, ils ont plutôt bénéficié d'une publicité gratuite assez flatteuse. De là à ce que ces derniers reviennent avec de nouveaux produits plus efficaces ils n'y a qu'un pas, les grandes ligues et Valve ayant démontré leur retard et leur incapacité à tracer l'historique des joueurs sanctionnés. Quand ont-ils commencé à tricher ? Quels tournois ont été touchés ? Quelles équipes ont potentiellement été lésées ? Voici des questions légitimes pour lesquelles nous n'aurons certainement jamais de réponse, à moins qu'un jour Valve ne communique et nous apporte ses propres conclusions.