War Table, loot et XP magnanimes !
Le retour de Bioware dans la lumière de l'hiver. Un hiver doux que la France adopte sans l'écharpe autour du cou, l'occasion de prendre le large pour les contrées vertes et ondoyantes d'Inquisition. Tactique dans l'âme, un peu moins sur le papier, si l'on s'en tient à ses dernières itérations. La série des Dragon Age prépare son grand retour sur les machines préférées des joueurs en cette fin d'année. Le RPG aux modulations polyvalentes s'est signalé à nous lors d'un récent essai. Une entrevue pour le moins prometteuse puisque ce qui faisait le sel et l'embrun de la licence étaient de retour souris et claviers en mains.
Dragon Age Inquisition n'est pas à proprement parler une simple update des précédents épisodes puisque BioWare nous a bien concocté une suite digne de ce nom pour ce troisième opus. La série a un public fidèle, de celui qui ne laisserait passer pour rien au monde cette formulation ludique atypique dans le paysage du RPG occidental. Assis entre deux chaises, entre le tactical et le Hack'n Slash, Dragon Age a su poser les bases d'une interprétation toute personnelle et exotique de l'univers de ce genre séculaire. Nous avons pu tester la version PC dans ses différents modes de jeu et tous se sont laissés jouer sans déplaisir. Retrouvailles heureuses devant l'écran.
Parler de RPG, c'est bien entendu parler d'aventures tracées dans le matériau fictif des univers désormais célébrés par tous les canons du genre de ces dernières années. Ils sont nombreux à avoir tenté le renouvellement du genre, mais la recette reste à peu de choses près la même. "Rien ne se crée", vous connaissez la suite...
Création de classes, disposition bienheureuse au maniement de certaines armes, de talents de compétences divers et variés, et bien plus encore, entrent comme des logiques inaliénables de l'attachement qu'un joueur peut développer pour un personnage qu'il incarne. Avec son background médiéval fantastique Dragon Age Inquisition plonge les joueurs dans son tumulte où luttes de pouvoir, joutes micro-stratées et projection sur les routes d'un monde en proie aux attaques de créatures d'un autre monde se coordonnent pour délivrer un panel d'interactions synchroniques au monde que l'on parcourt à pieds ou à cheval. Le voyage débute par la création de votre personnage, pas bien haletant vous dites-vous, pourtant la première approche est plutôt concluante.
Nouvelle race, les Qnari
Traditionnelle est la recette. 4 races sont disponibles au lancement du jeu, rien d'exotique pour les puristes qui retrouveront ici ce qui a pu singulariser le climat des épisodes de Dragon Age. Les Humains sont toujours, politiquement, la race la plus puissante des régions de Thedas. Les châteaux sont légions, les forteresses aussi, et les camps disséminés à travers les paysages boisés d'Hinterlands (la zone dans laquelle nous avons pu jouer), prouvent leur rayonnement au niveau macro-économique. Chacune des races bénéficie d'un buff particulier, les humains disposent par exemple d'une habilité en bonus dès la création du personnage. Leurs pendants aux oreilles pointues sont aussi de retour sur le jeu. Les Elfs, nomades par excellence, ont toujours les traits fins et ce regard hautain qui en font les arpenteurs les plus prestigieux et discrets des forêts. Leur buff peut être intéressant pour les amateurs de combat millimétré à distance, puisqu'ils disposent d'une défense bonus de 25% en mid et long range. Du côté de l'habitant typique des cavernes, le Nains, c'est la défense magique qui est augmentée de 25% par défaut. Le petit peuple du centre du monde est toujours aussi porté sur le commerce, puisque ce sont les marchauds les plus populaires du royaume. Une dernière race fait son apparition sur Inquisition, les Qunari, ces géants à cornes ont une constitution exceptionnelle et sont donc, fatalement, de redoutables combattants. Ces prédispositions martiales leur octroient un buff de 10% en ce qui concerne les dégâts physiques.
Le choix fait, Inquisition dévoile un potentiel séducteur assez marqué pour la personnalisation de son avatar. Outre leurs voix, ce sont une pléthore de petits détails que l'on peut choisir de changer. De la couleur peau de votre héros, aux traits de son visage, tout est paramétrable. BioWare s'est attaché à réaliser un jeu assez souple à ce niveau, ce qui pourra évidemment plaire à tous ceux qui voudront singulariser leur expérience de jeu en profitant de cet outil flexible. Ne reste plus qu'à orienter votre incarnation ingame en vous projetant dans le rôle pour lequel vous opterez dans vos pérégrinations. Rogue (Double lame, pour les backstabs sournois ou Archer si vous êtes plus enclins à être le support longue distance de votre dream team), Guerrier (épée à deux mains, ou muni d'un bouclier avec une arme dans l'autre main), et Mage, sont les profils que nous avons pu tester durant notre démo du jeu. Nous avons (principalement) opté pour un Rogue Dual Wield (double lame) elfique pour notre épopée qui a duré quelques heures.
Après un prologue qui masque un tutoriel plutôt bien balancé, nous entrons dans le vif du sujet. Selon vos dispositions à jouer tel ou tel profil, vous pourrez optimiser votre jeu en développant votre arbre de compétences selon votre humeur. Mais pas seulement le vôtre, puisque Dragon Age vous permet d'incarner les personnages qui vous accompagnent dans votre quête salvatrice. Au bénéfice d'un peu d’entraînement dans les modes de jeu les plus durs (les dégâts alliés étant de la partie) et suivant les caractéristiques de vos accompagnateurs, vous pourrez les spécialiser dans des domaines qui serviront le potentiel de votre petite troupe en armes. Heal, Assassin (les compétences liées à l'utilisation du poison sont assez sympathiques, notre Elf pouvait en témoigner), Tank, Support, tout est là pour constituer un socle de jeu équilibré pour l'utilisateur. Un peu d'expérience et de looting plus loin, voilà votre bande de bras cassés qui marche sur les crânes dans la plaine.
Le jeu est irrigué et dirigé par une narration qui fait éclater de belles modélisations de visages à l'écran. Le doublage est lui aussi croustillant d'à propos, la synchronisation labiale est nette et précise, ça tranche bien et le tout est articulé selon un dispositif qui contextualise les dialogues. Le joueur a tout loisir de décider ce qu'il veut dire, ce qui influe sur le système de moral dans votre équipe et dans le monde. Mass Effect anyone ? Une petite mécanique qui a de l'importance, car idéalement Dragon Age Inquisition pousse les joueurs à rassembler leurs forces pour un combat final décisif. Une aire de l'interface est désormais dédiée à tout ce qui retourne de la stratégie globale du jeu, la War Table.
La War Table permet aux joueurs de comprendre la géopolitique du monde qui les entoure. À ce niveau des buffs sont aussi disponibles pour, diplomatiquement ou martialement, diriger vos actions sur le terrain. Votre influence sur le monde Dragon Age Inquisition est aussi de la partie, après chaque camp que vous aurez investi, vous pourrez étendre votre monopole et votre rayonnement sur la carte. En accroissant votre pouvoir sur les zones ainsi libérées, vous aurez accès à de nouvelles missions, de nouvelles possibilités de transit (fast travel) et aussi, de larges portions de paysages pacifiées où les combats seront minimisés.
Dans sa stratification du combat, Inquisition repompe ce qui avait fait la saveur des opus antérieurs. Ici, même si le temps réel prévaut, il est possible de retrouver le « Battlefield Scan » si cher aux joueurs canoniques de la série. En mode tactique, la micro et la gestion des déplacements, en quasi « tour par tour » est possible. Il vous suffit de donner les ordres adéquats à vos avatars ainsi dirigés et interchangeables à souhait, pour événementialiser chaque action et ainsi optimiser votre gestion de la rotation des attaques ou de la défense de votre groupe. À noter que le système de crafting est ici bien plus percutant que par le passé, il est insidieusement mis en avant pour créer des potions ou autres pièces d'armures et d'armes afin de retranscrire les moindres désir des joueurs. À chaque campement ainsi créé vous aurez tout loisir de matérialiser votre stuff sur un établi situé dans cette zone habitable.
Les ennemis, plutôt roublards, en mode de difficulté élevée s'avèrent assez persuasifs si jamais vous étiez amenés à les combattre avec un équipement limité. Nous avons pu nous attaquer à quelques Dragons et Géants sur les rivages d'une plage au Nord d'Hinterlands, bien mal nous en a pris au vu de la défaite cuisante qui en a résulté ! Le système général des combats est plutôt complet et le premier boss rencontré nous indiquait que les batailles rangées ne seraient pas linéaires dans Inquisition.
Certaines parties du décor, notamment les zones disruptées par un mal inconnu polarisé par un flux d'énergie générateur de créatures monstrueuses et inconnues, sont souvent sujettes à des interactions spécifiques pour réduire la CA (classe d'armure) des mobs dans l'aire de combat. Il vous suffira, à intervalles réguliers, d'atténuer les effets de cette source d'énergie pour tweaker vos attaques ingame. Ces debuffs réguliers rationalisent la stratégie globale des combats, bien qu'un peu redondantes, ces phases influent sur les choix que vous pourrez faire devant l'adversité. Un avatar en moins dans un combat, c'est aussi la possibilité de voir vos accompagnateurs morfler dans la seconde. Une aggro plus loin, une foca ratée, un timing mal géré, c'est une masse d'armes de 4 mètres qui vient s'écraser sur le coin du menton de votre mage qui se retrouve à joncher le sol comme le varech sur une plage à marée basse. Plutôt joufflu. Le point négatif concerne surtout la gestion des caméras, pour le moins problématique, les effets de transparence absents donnent parfois le tournis lorsque l'on cherche l'angle parfait pour imposer un rythme efficient à nos assauts.
Une petite déception technique à ce niveau, qui fait suite à quelques problèmes de framerate sur la version PC du jeu (cinématiques et parfois même ingame) et de LOD qui peuvent venir ternir l'immersion devant l'écran. Ah, pour être tatillons nous pourrions aussi parler de la gestion physique des collisions à cheval, mais ça c'est tout simplement parce que nous sommes tatillons. Ce serait, d'ailleurs, oublier tout le soin apporté aux détails du soft de BioWare. Textures, modélisations de toutes les pièces d'armures, d'armes, de paysages vivants et habités, et de sources lumineuses bien gérées; le RPG offre finalement un spectacle concordant à nos attentes. Celle d'un jeu qui emploie un moteur à niveau pour cette transition d'une génération à l'autre, sans pour autant nous décrocher la mâchoire. Inquisition est pittoresque dans la constitution de son monde physique, le dépaysement est bien, c'est ce qui est le plus satisfaisant. La colorimétrie est équilibrée et les teintes chaudes des couleurs employées par les développeurs pour traiter de l'ambiance littérale du jeu lui donnent un cachet des plus ravissants. On se plaît à arpenter les chemins, les châteaux, les villages et les zones sauvages du jeu. Nous espérons juste que la monotonie ne s'invite pas trop tôt ingame, après cette rencontre informelle plutôt positive. La réponse dans le test de Millenium, très prochainement.
L'avis de la rédaction
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Melting pot d'influences diverses et variées, Inquisition développe des pistes que les puristes ne sauront rejeter. Revenu sur les terres matricielles de son gameplay canonique, le nouveau soft de BioWare offre une expérience de jeu assez complète et de surcroît plutôt rassurante quant aux possibilités d'évolution de la série. Servi par des dialogues impactant (en anglais, pour la version testée), une écriture plutôt maligne au niveau de l'influence que vous pouvez impacter sur le jeu et les PNJ, et des graphismes assez fins pour pousser à l'immersion, le nouveau Dragon Age donne l'impression d'un produit fini, plutôt sympathique à jouer. Pas révolutionnaire, mais bien ficelé, Inquisition a les armes en main pour attaquer la saison des « sorties remarquables » (dans le sens « dignes d'être remarquées ») de cette fin d'année. Rendez vous sur Millenium le 20 novembre prochain pour notre avis complet sur ce RPG qui fera certainement le bonheur de ceux qui aiment se cloîtrer à la maison devant leurs consoles ou leur PC quand le froid de l'hiver se fait sentir. |