En développement depuis plus de 8 ans par une seule personne du nom de Tonda Ros, Blue Prince a réussi à créer l'événement lors de sa sortie le 10 avril dernier. Particulièrement bien reçu par la presse vidéoludique mondiale, le jeu mêlant réflexion et roguelite a eu le droit à un beau coup de projecteur. Nous sommes allés nous aussi nous enfermer dans le manoir fou du Mont Holly pendant des dizaines d'heures, histoire de voir si tous ces éloges sont bel et bien mérités.
- Genre : Puzzle, roguelite
- Date de sortie : 10/04/2025
- Plateforme : PC, PS5
- Développeur : Dogubomb
- Éditeur : Raw Fury
- Prix : 26,99€
- Testé sur : PC
Jean casse-tête
Jeune héritier d'une grande famille de la région de Reddington, vous allez devoir vous frayer un chemin jusqu'à la chambre 46 du manoir familial pour conserver la propriété, ainsi que tous les éléments cités dans le testament de votre grand-père. La tâche va vite se révéler ardue puisque, fidèle à lui-même, le doyen a construit la maison comme un immense sac de noeuds qu'il va falloir démêler petit à petit, d'énigme en énigme et de déduction en déduction. On est face à un scénario très simple de prime abord, mais qui va s'élargir de manière exponentielle au fil de vos visites dans le manoir à la forme changeante : quasiment toutes les pièces de la maison sont de petits morceaux d'histoire de cette grande famille, ce qui fait que même lorsque vous aurez atteint votre but en foulant du pied la fameuse chambre 46, vous continuerez de vous documenter sur votre arbre généalogique, voire même sur la région qui vous entoure.
Pour mettre en place tout ces éléments, le jeu passe évidemment beaucoup par de la narration environnementale, avec des décors fournis en détails importants, mais aussi avec une tonne de documents qu'il faudra parfois analyser plusieurs fois pour en comprendre le véritable sens. Sous ses airs de simple jeu d'énigme, Blue Prince a donc pas mal de choses à raconter mais il va falloir s'accrocher pour atteindre les secrets les plus enfouis de son univers, parce qu'ils sont cachés derrière des énigmes qui vont vous tordre les méninges dans tous les sens.
Eparpillé façon puzzle
Difficile de parler de Blue Prince de manière exhaustive sans spoiler quoi que ce soit, mais on va tout de même se permettre de vous exposer le concept de base : Blue Prince a la structure d'un roguelite, avec une grosse emphase sur la gestion de plusieurs ressources et une multiplication de runs dans un manoir aux pièces générées aléatoirement. Chaque pièce de la maison, à l'exception du hall d'entrée, est tirée directement par le joueur dans une pioche de 3 salles qui s'active au passage d'une porte. Dans un premier temps, le but va être de construire des couloirs qui s'imbriquent de manière logique pour avancer toujours plus loin dans les niveaux du manoir, jusqu'à atteindre votre objectif au rang 10.
Mais, vous vous en doutez, de nombreux éléments perturbateurs vont rendre la tâche très compliquée : en dehors de la structure même des pièces et de leurs différentes issues, il faudra veiller à avoir suffisamment de pas pour progresser, ou encore suffisamment de clés pour passer les portes qui seront de plus en plus souvent fermées à double-tour au fil de votre progression. Si vous venez à manquer de clés, de pas, ou si vous n'arrivez tout simplement plus à poser des salles qui vous aident à avancer vers la chambre 46, vous devrez mettre fin à la journée et tout recommencer depuis le début. Roguelite oblige, quelques bonus permanents vont vous permettre de commencer avec plus d'argent ou plus de pas, mais pour une grosse partie de l'expérience, c'est surtout ce que vous aurez appris lors de chaque nouvelle journée qui va être important pour la suite. Blue Prince fait clairement partie de ces jeux qui demandent d'avoir un papier et un crayon près de soi afin de noter les dizaines d'indices que vous croiserez dans le manoir. Cela va également demander beaucoup de patience et il y aura quelques parties frustrantes au passage, mais vous finirez éventuellement par recoller les morceaux et passer la porte de la fameuse antéchambre.
La résolution des différentes énigmes, mais surtout la courbe d'apprentissage du fonctionnement des salles et la manipulation de la RNG, sont un pur plaisir. Le concept déjà très original sur le papier, se révèle être passionnant mais surtout très gratifiant lorsque tout finit par se mettre en place. Il s'agit d'un jeu complexe, mais accessible (à condition toutefois d'avoir un niveau d'anglais correct), et s'il sera possible à tout le monde de voir la première fin du jeu, une surcouche d'énigmes bien plus corsées attend les enquêteurs les plus chevronnés. C'est sûrement à ce moment-là que la plupart des joueurs décrocheront, mais pour ceux qui seront tombés dans son univers, le contenu post-crédits est un excellent moyen de creuser en profondeur le travail admirable réalisé par Tonda Ros.
Couleur mentalo
Sur le plan visuel Blue Prince va à l'essentiel, en proposant une direction artistique crayonnée fort à propos, qui vient en plus masquer sa technique très modeste. Avec la multitude d'objets et de détails importants dans chaque salle du manoir, il était important d'avoir quelque chose qui reste lisible et qui soit facile à explorer pour ne pas trop subir la répétition, inhérente à sa structure de roguelite. Dans le même ordre d'idée, la bande-son se fait la plus discrète possible, avec un jeu très silencieux, qui ne va balancer ses thèmes musicaux qu'après la pose de pièces bien particulières dans votre maison.
On est sur une expérience très chill, et à part la peur de manquer de pas ou de clés, vous n'aurez jamais à vous presser dans le jeu. Cette ambiance posée et le style des dizaines de pièces à tirer dans la pioche confèrent à Blue Prince une identité forte, clairement unique, à défaut d'être belle à regarder. Même ses rares cinématiques en 3D précalculé d'une autre époque réussissent à toucher leur cible, avec un cachet indéniable, il suffit de voir les prédictions du grand Alzara dans l'une des salles du manoir pour s'en convaincre.