Silent Hill 2 est un voyage à travers l'horreur psychologique de la culpabilité, du deuil, de la rédemption, et bien d'autres thèmes très intenses qui continuent de résonner avec le public, même des décennies après sa sortie originale. Le développeur polonais Bloober a-t-il réussi son pari de moderniser le jeu tout en restant fidèle à l'histoire qui a touché des millions de joueurs pendant plus de vingt ans ? C'est une génération entière qui attend le remake au tournant.
- Genre : Survival horror, aventure
- Date de sortie : 8 octobre 2024
- Plateformes : PC, PS5
- Développeur : Bloober Team
- Éditeur : Konami
- Prix : 69,99 €
Un quasi sans faute technique
Sur un PC équipé d'une RTX 3070, Silent Hill est visuellement impressionnant, offrant une refonte graphique qui rend justice à l'atmosphère de la ville. Le brouillard, élément iconique qui joue un rôle crucial dans l’atmosphère anxiogène du jeu, est toujours bien présent et largement amélioré : la ou les limites techniques empêchaient de voir au loin dans le jeu d'origine, on peut ici deviner les corps brisés des divers ennemis à travers la brume, pour un bel effet tout ce qu'il y a d'oppressant.
Les jeux de lumière sont subtils et rendent l'ambiance encore plus immersive, James n'ayant que pour décor des bâtiments délabrés et des reflets détaillés dans les flaques. Cela dit, malgré cette beauté visuelle, nous avons subi quelques problèmes techniques sans grande importance. Si le jeu tourne avec fluidité entre 40 et 60 FPS, des chutes de framerate ont pu apparaître lors des cinématiques, entraînant des stutters.
Le remake tire parti des technologies récentes comme le FSR, le DLSS et le raytracing, offrant une belle expérience pour les configurations modernes. Pour les machines les moins performantes, il est toujours possible de profiter d'une immersion visuelle satisfaisante sans sacrifier la qualité globale de l'experience en réglant les paramètres graphiques sur moyen ou bas.
Le jeu propose un grand éventail d'options de personnalisation visuelles. On y trouve des modes adaptés aux personnes daltoniennes, des sous-titres conçus pour les dyslexiques, ainsi qu’un mode “90’s” pour les nostalgiques des anciennes générations de consoles.
Côté gameplay, la difficulté des combats est ajustable à tout moment, mais attention : changer cette difficulté vous renverra à votre dernière sauvegarde. Cela permet d'adapter l'expérience en fonction de votre préférence, avec un combat qui reste satisfaisant même en mode facile, notamment grâce à un système d’Aim Assist réglable. La difficulté des énigmes, quant à elle, ne peut être ajustée qu’au début de la partie pour des raisons narratives.
Un remake fidèle et modernisé
Le remake de Silent Hill 2 réussit à honorer le jeu original tout en apportant des améliorations bienvenues. Le gameplay, bien que modernisé, conserve l’esprit de l’époque avec des contrôles un peu rigides, mais qui ajoutent au sentiment d’impuissance du joueur face à l’horreur ambiante. Les créatures cauchemardesques, emblématiques du jeu, sont toujours présentes, et de nouveaux puzzles ont été intégrés avec soin, respectant l’esprit du jeu original. Côté durée, le remake étend l'expérience en ajoutant une bonne dizaine d'heures de jeu supplémentaires tout à fait bienvenues.
L’immersion est renforcée par la possibilité de visiter de nouveaux lieux, comme certaines maisons de Silent Hill, offrant une perspective plus intime de la ville. L’Autre Monde, véritable incarnation de l’enfer personnel de James, reste aussi terrifiant et oppressant que dans l'original, si ce n'est plus. Les rares jumpscares sont bien placés et efficaces, évitant l’écueil de "l’horreur facile".
Les environnements, bien que parfois répétitifs, semblent avoir été pensés pour désorienter le joueur, renforçant ainsi l’aspect labyrinthique du jeu. Les couloirs et salles, qui se ressemblent souvent, participent à cette volonté de perdre le joueur, tout en variant suffisamment d’une zone à l’autre pour maintenir l'intérêt.
Musicalement, les thèmes originaux, composés par Akira Yamaoka, reviennent avec un charme toujours aussi oppressant, même si certains morceaux, comme ceux associés à Maria, peuvent sembler datés et franchement kitsch. Akira Yamaoka a également composé de nouveaux thèmes qui se fondent parfaitement dans la masse du soundtrack original déjà formidablement adapté.
Cependant, certaines boucles musicales sont un peu courtes, suffisamment pour que ça se remarque surtout dans les premières heures du jeu lors de l'exploration de la ville, cassant un peu l'immersion.
Le doublage, quant à lui, est impeccable, avec des acteurs qui parviennent à restituer toute la profondeur émotionnelle de cette tragédie psychologique, malgré certaines animations qui laissent à désirer, notamment au niveau des visages qui manquent parfois d'expressivité.
Des petits défauts qui n'enlèvent rien au charme
Comme tout jeu, le remake n’est pas exempt de défauts. Si le combat est satisfaisant dans l’ensemble, il peut devenir répétitif à la longue, un problème qui existait déjà dans l’original. Après tout, on ne joue pas à Silent Hill 2 pour le combat, et Bloober l'a bien compris. La répétitivité des combats est accentuée par le manque de diversité des ennemis. Le jeu est pris dans un dilemme : rester fidèle à l’œuvre originale ou ajouter quelques nouveautés pour enrichir l'expérience. Quelques types d’ennemis supplémentaires ou des armes inédites auraient permis de varier les affrontements, tout en conservant l'esprit du jeu. Cela dit, on comprend le choix de Bloober de rester le plus proche possible de l'expérience de base.
De plus, le jeu nous encourage à fouiller chaque tiroir pour des munitions ou des items de soin, et la mécanique peut rapidement devenir lassante. On regrettera comme dit au-dessus la rigidité des visages et de certaines animations, qui, malgré tout, n'enlèvent rien à l'immersion et aux messages poignants véhiculés par l'histoire.