13 ans après Alan Wake, les finlandais de Remedy Entertainment nous replongent au fin fond des ténèbres avec la suite du jeu d'aventure à la Stephen King. Prenez un peu d'Alan Wake pour l'intrigue et le gameplay, saupoudrez d'une bonne dose de scènes live action à la Quantum Break, mélangez le tout avec l'univers plus étoffé de Control et rajoutez un soupçon de Max Payne, ou plutôt de la personne qui l'incarne, l'inoubliable Sam Lake, et vous obtiendrez un second opus bien dense et ma foi fort goûtu.
- Genre : Action-aventure / Horreur
- Date de sortie : 27/10/2023
- Plateformes : PlayStation 5, Xbox Series et PC
- Développeur : Remedy Entertainment
- Éditeur : Epic Games Publishing
- Prix : 49,99€
- Testé sur : PC
Cette fois-ci, nous incarnons un autre personnage jouable, Saga Anderson, charismatique agente du FBI, qui se rend à Cauldron Lake avec son partenaire Alex Casey pour enquêter sur de mystérieuses disparitions et un étrange meurtre rituel. Le jeu se partage donc en deux parties : celle ou l'on incarne Saga (les chapitres Return) et celle ou, spoiler alert mais pas vraiment, on incarne Alan Wake (les chapitres Initiation). Vous pourrez changer de personnage presque comme bon vous semble et avancer dans l'intrigue dans l'ordre que vous souhaitez, que ce soit d'abord dans la peau de Saga ou dans celle d'Alan.
Retour à Cauldron Lake
Alan Wake 2 se déroule donc 13 ans après les événements du premier jeu et les lieux, certains des personnages, ainsi qu'une grande partie du gameplay sont identiques d'un jeu à l'autre, si ce n'est que ce dernier est bien plus poli et agréable dans le second opus. Le combat, par exemple, nécessite une lampe torche et une arme à feu : la source de lumière brisera le bouclier d'ombre qui entoure les ennemis, ce qui vous permettra de pouvoir leur tirer dessus pour les vaincre.
Ici aussi, les ressources sont relativement réduites, selon bien sûr la difficulté choisie, ce qui vous demandera un minimum de gestion des ressources et de l'inventaire. L'aspect survie et gestion des ressources est toutefois plus important dans le second opus, ce qui lui donnera un aspect "survival-horror" plus poussé que son aîné.
Si Alan Wake était en avance sur son temps en termes de graphisme et de direction artistique, Alan Wake 2 n'a pas à rougir de ses prouesses techniques. Le jeu est très beau, et les environnements, que ce soit en forêt ou en ville, sont très réussis. Nous n'avons malheureusement pas pu profiter de la technologie ray tracing sur la partie du jeu en forêt, mais nous avons tout de même pu l'activer durant les phases urbaines. Le ray tracing rend évidemment tout plus beau, plus profond, et plus réaliste, mais il faut reconnaître que le jeu est magnifique même sans utiliser cette technologie et même avec des réglages "moyens". (Pour information, la machine sur laquelle le jeu a été testé est équipée d'une RTX 3070 avec 8Go de VRAM)
Quant aux personnages, ils sont dans l'ensemble plutôt très bien animés, et on ira même jusqu'à dire que certains ont des gestuelles et des expressions faciales particulièrement convaincantes, sans être bien-sûr photoréalistes.
Le jeu intègre également des phases en live action avec brio, et les transitions sont parfois tout à fait phénoménales. On pense notamment à un chapitre d'Initiation, dans lequel des modèles 3D sont à l'écran en même temps que des images réelles, ce qui offre un rendu tout bonnement exceptionnel.
Un univers toujours plus inspiré
En plus de la beauté purement esthétique du jeu, Alan Wake nous offre une expérience sensorielle quasi-complète, notamment grâce à sa bande son aux petits oignons. On voit bien que chacun des morceaux de musique a été choisi avec soin pour refléter la narration, et la musique en elle-même a une place centrale au sein de l'histoire. Petit bémol cependant en termes de design : tous les chapitres sont entrecoupés d'un morceau qui, bien que choisi avec soin, encore une fois, a énormément cassé notre immersion. Question de goût, bien entendu.
Petit conseil d'ailleurs concernant l'ambiance sonore : n'oubliez pas de couper le son des notifications de l'Epic Game Store, car les notifications des succès débloqués ne manqueront pas de vous sortir complètement — et souvent, s'il s'agit d'un premier playthrough — du jeu.
La ou Alan Wake 2 brille réellement, à nos yeux, c'est à travers ses nombreuses références et hommages que l'on rencontre au fil du jeu. On avait déjà particulièrement aimé le très fort feeling Twin Peaks au sein de Bright Falls, la petite ville que les deux jeux ont en commun, mais le second opus va encore plus loin dans sa déclaration d'amour à l'œuvre de David Lynch, jusqu'à intégrer des personnages comiques et attachants qui aurait eu leur place dans la série culte.
On trouvera également de nombreuses références aux films noirs, qui semblent beaucoup tenir à cœur à notre détective préféré / roi du métagame, alias Max Payne-Alex Casey-Sam Lake, ainsi bien sûr qu'aux œuvres de Stephen King qui imprègnent profondément l'ambiance très réussie du jeu. La ville de New-York, que l'on visite avec Alan Wake, a des airs délicieux de Silent Hill et de son enfer personnel, qui se reflète avec brio dans les indications sur l'histoire et la direction à prendre qui sont intégrés à même la ville.
Toutefois, les références les plus intéressantes sont sans aucun doute celles qui viennent ancrer l'histoire et l'univers d'Alan Wake dans un monde bien particulier : l'univers étendu de Remedy et plus particulièrement du FBC (Federal Bureau of Control), entité gouvernementale centrée sur le paranormal que l'on retrouve également dans Control.
Une boucle sans fin
Malheureusement, Alan Wake fait, selon nous, face aux mêmes problèmes que son prédécesseur. Si l'on pouvait pardonner quelques redondances et répétitions dans le premier jeu, qui ne durait qu'une dizaine d'heures, le second opus, lui, en fait une bonne vingtaine. Le gameplay, bien que meilleur que dans le premier, devient rapidement laborieux. Le combat, après quelques bonnes surprises (ou frayeurs) en début de jeu, devient rapidement superflu, et on aurait apprécié que les rencontres avec les ennemis se limitent aux "boss", qui sont eux plus originaux et plus condensés.
Quant à la partie "enquête", que l'on retrouve dans les chapitres avec Saga, et son antre mental, et dans les plans d'intrigue d'Alan Wake, elle est rapidement très répétitive et franchement frustrante. Si la mécanique d'antre mental de Saga se révèle au bout d'un moment être une tâche un peu longue et "à la chaîne", les changements de scènes qui font la mécanique d'enquête d'Alan sont carrément fatigants.
Le jeu vous demandera en effet sans cesse de revenir en arrière, plusieurs fois qui plus est, pour accomplir cette tâche ingrate qui n'avance pas particulièrement la narration ni la compréhension que l'on a de l'histoire. Et si les lieux ne sont pas très grands, ils sont toutefois très labyrinthiques, et on en vient, au bout d'une grosse dizaine d'heures de jeu, a appréhender ces moments de gameplay.
Enfin, de son côté, l'histoire est parfois maladroite à force de répétitions et d'insistance sur l'aspect méta et récursif : les protagonistes ont une fâcheuse tendance à se répéter, de peur peut-être que l'on n'ait pas bien saisi les tenants et les aboutissants du scénario.