Cela faisait 13 ans, depuis le tactical Covenant of the Plume que nous n'avions plus entendu parler de la série Valkyrie de Square Enix. L'annonce de son retour sur consoles PlayStation et PC a donc été accueillie à bras ouverts par les joueurs, même si dès le premier trailer, beaucoup ont compris que les moyens mis en œuvre ne seraient pas forcément dignes de l'aura de la saga.
- Genre : A-RPG
- Date de sortie : 29/09/2022
- Plateforme : PS4, PS5, PC
- Développeur : Soleil
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 70€
- Testé sur : PS5
Caprice des Dieux
C'est pas la teuf au Valhalla : le Ragnarök est passé et le tout-puissant Odin envoie ses valkyries sur le terrain afin de ramasser les miettes de l'humanité. L'objectif est simple : purifier les quelques quidams qui trainent et rentrer au bercail. Mais vous vous doutez bien que les choses vont prendre une tout autre tournure, alors que la championne désignée par Odin que vous incarnez va faire des rencontres à même de la questionner sur le bienfondé de sa mission. Et puis pas grand chose de plus finalement, le scénario de Valkyrie Elysium tient sur un post-it et il ne fait pas d'efforts pour que l'on s'attache à lui. Les Enherjär, centraux dans la narration de Lenneth, ne sont ici développés que par quelques bouts de texte et l'ensemble reste si convenu qu'on en arrive vite à vouloir passer tous les blocs de texte pour déboucher le plus rapidement possible sur les prochains combats. On note quand même quelques efforts sur la poignée de cutscenes clé dispensées sur les 20 heures de quête principale. Nous y reviendrons, mais à part ses combats, Valkyrie Elysium est un soft tristement vide, la faute à un manque de moyens grillé dès la première heure de jeu.
Fantômes Contre Fantômes
S'il y a un point sur lequel Valkyrie Elysium est bon, c'est celui des combats. De quelques combos à l'épée, la valkyrie va rapidement acquérir compétences élémentaires et alliés spectraux à invoquer pour l'aider à défaire ses ennemis ou interagir avec le décor. Ce qui fait surtout la différence, c'est l'aisance avec laquelle notre personnage peut se trimbaler rapidement dans les arènes grâce à un grappin qui permet le contact direct avec l'adversaire. De plus VE n'hésite pas à donner dans la jauge de stagger façon FF7 Remake, puisqu'il faudra exploiter les faiblesses élémentaires du camp adverse pour les assommer et en profiter pour les déchirer : une mécanique toujours aussi efficace et bien exploitée ici. A force d'enchainements et de combos, les récompenses en gemmes se font de plus en plus grosses, vous permettant ainsi d'envisager des améliorations de compétences et d'armes, menant alors vers l'ajout de nouveaux coups. Que les combats soient réussis n'est pas si étonnant que cela de la part du petit studio Soleil, puisqu'il est composé de vétérans qui ont bossé aux côtés de Tomonobu Itagaki (Ninja Gaiden) par le passé.
Les sensations sont là, le jeu a une bonne patate, mais malheureusement le bestiaire et tout ce qu'il y a autour de ces bastons gâchent la fête : la composition des groupes ennemis rencontrés est cousue de fil blanc et leur variété laisse à désirer, d'autant que le level design tend vers des couloirs génériques au possible. Il y a beaucoup de passages secrets et de coffres à débusquer, mais les récompenses sont 99% du temps les mêmes, des gemmes, que vous récupérerez en quantité suffisante pour progresser juste en terminant les combats. Une progression très hachée d'ailleurs, puisqu'il est impossible de "farmer" dans le jeu : passé un certain cap, les statistiques de votre valkyrie ne peuvent plus bouger puisqu'elles requerront des pierres disponibles dans les zones suivantes, comme s'il y avait besoin d'une autre preuve que le titre embrasse complétement sa nature de beat them up. L'exploration compte sur l'exploitation des guerriers spectraux pour déclencher divers mécanismes qui entravent la progression, seulement c'est si ponctuel et téléphoné que c'est davantage vécu comme des brisures du rythme, pourtant convenable, de l'aventure.
Beauté intérieure
La technique de Valkyrie Elysium est vraiment pauvre mais les développeurs ont tout de même réussi à la masquer en partie grâce à de petits subterfuges, comme les contours très marqués des personnages et des ennemis sur lesquels nos yeux s'arrêtent bien davantage que sur les décors trop peu inspirés du jeu. Il y a aussi la bande-son de Motoi Sakuraba qui, si elle ne fait pas partie de ses plus belles œuvres, réussit à insuffler un semblant de vie dans cet univers bien morne et vide. Enfin, la mise en scène est minimaliste et trahit une fois de plus le manque de moyens : les quêtes annexes et les dialogues dans les niveaux sont dispensées par des âmes sans aucune animation ou visage et tout est comme ça dès que l'on sort du fil de missions principales (et encore). VE a clairement de bonnes idées et quelques bons arguments dans sa besace, mais il ne convainc jamais vraiment à cause d'un ensemble vraiment indigne de l'héritage laissé par le premier Valkyrie Profile.