Cela faisait un bail qu'on l'attendait et il est enfin là, Eastward, le jeu d'action-aventure du studio indépendant Pixpil, édité chez Chucklefish. Attirant dès le premier regard grâce à ses tableaux en 2D très détaillés, voyons si le studio chinois a réussi à allier le fond à cette forme particulièrement soignée.
- Genre : Action / aventure
- Date de sortie : 16/09/2021
- Plateforme : Nintendo Switch, PC
- Développeur : Pixpil
- Éditeur : Chucklefish
- Prix : 24,99€
- Testé sur : PC
Earthward
Sam et John vivent bien à l'abri dans une petite colonie minière nichée sous-terre. Dans le coin, à part le maire qui fait régulièrement des excès de zèle et la légende d'une funeste menace qui empêche les gens de sortir à la surface, tout va comme sur des roulettes. Mais les premiers jours d'écoles de la petite Sam vont chambouler à jamais le quotidien du mystérieux duo, projeté à la surface pour un voyage qui les mènera loin, très loin vers l'est. Eastward est donc construit comme une sorte de road-trip, dans lequel nos deux héros feront des étapes régulières pour régler les soucis des locaux, tout en gardant le monstrueux miasme à l’œil. Le voyage est assez saisissant et chaque nouvel arrêt de Sam et John est l'occasion d'en prendre plein les mirettes et de découvrir des personnages toujours très attachants. Il y a vraiment eu un soin particulier apporté à chaque PNJ dans le jeu, ça se sent : tous ont quelque chose à dire en fonction de l'état d'avancement du scénario. Certains ne vous feront part de leurs soucis qu'après avoir bavassé quelques fois avec vous et les développeurs vous enjoignent constamment à aller taper la causette aux habitants, que ce soit grâce à de nouvelles poses ou à des character-design atypiques qui vous donnent instinctivement envie d'aller leur parler.
Ainsi, les adieux avec certains personnages secondaires seront assez difficiles à vivre, mais cela prouve à quel point Pixpil a réussi à insuffler de la vie aux habitants de leur monde. La trame scénaristique est quant à elle plus classique et va puiser son inspiration dans les séries d'animation japonaises pour une quête principale intéressante et qui se laisse suivre, mais qui ne supplante pas la puissance du voyage et les rencontres effectuées au cours de ce dernier. Mention spéciale à Earthborn, un "mini-jeu" hommage à Dragon Quest particulièrement bien intégré dans l'univers de Eastward qui va vous demander de collecter des pixballs aux machines de certains vendeurs... Juste génial. Seul bémol, qui vient plomber un peu le rythme des actes : les passages au noir entre les dialogues importants et les phases de jeu. Ils sont beaucoup trop nombreux et pas toujours justifiés, ça vient morceler inélégamment les fils de quête et nous a coupé dans notre élan à quelques reprises.
A l'est rien de nouveau
Si son écriture et ses personnages font allègrement penser à la série Mother de Nintendo, le gameplay lorgne quant à lui du côté des Zelda 2D, en plus dirigiste et avec quelques ingrédients qui lui sont propres. Dans les phases d'action, John pourra se servir de ses armes à feu pour causer de gros dégâts ou de sa poêle en dernier recours. Quant à Sam, elle pourra immobiliser les ennemis ou interrompre certaines attaques grâce à ses mystérieux pouvoirs. La complémentarité du duo va être au cœur de l'exploration de donjon du jeu, dont le level design n'hésitera pas à séparer le tandem pour qu'il puisse progresser de manière asynchrone. Dans l'ensemble, ces puzzles fonctionnent bien, mais quelques situations finissent par se répéter. Ça ne gâche aucunement le plaisir de jeu et c'est à peine gênant au cours de l'aventure, dont nous estimons la durée de vie entre 20 et 25 heures. Côté progression de vos personnages, il faudra trouver des "quarts de cœur" en explorant toutes les issues des cartes afin d'améliorer votre jauge de vie définitivement, mais aussi économiser pour vous acheter des améliorations d'armes, grâce à des pièces rares trouvées dans des coffres bien cachés.
La cuisine est également très importante, puisqu'elle a les mêmes effets et la même valeur que dans Zelda Breath of the Wild : les ennemis frappent fort dans Eastward, il va donc régulièrement falloir se mitonner des petits plats en préparation de donjon, pour des bonus d'attaque, de défense et des cœurs jaunes provisoires. Et il va falloir veiller à cuisiner des plats les plus efficaces possibles, pour palier à un inventaire assez limité (mais améliorable). Quelques mini-jeux viendront également ponctuer l'aventure, histoire de varier les plaisirs et rythmer les longs allers-retours entre les différents étages de Barrage-Ville. Rien de bien méchant là non plus et si le gameplay prend finalement très peu de risques, il est exécuté avec suffisamment de sérieux pour soutenir efficacement l'univers et ce qu'il a à nous raconter. On notera quand même quelques idées de boss bien cools. qui forcent à exploiter toutes les capacités de Sam et John. Enfin, parce qu'on aime bien chipoter, nous avons noté quelques soucis de collision et de perspective dans certaines situations, on pense notamment aux corbeaux dont on ne sait jamais vraiment s'ils sont perchés ou aux pieds des personnages.
Contrées décalées
Eastward est le plus beau jeu en 2D auquel nous ayons joué depuis bien longtemps. En vérité, le studio Pixpil utilise un subterfuge pour obtenir ce rendu hyper-riche en détails et gérant parfaitement les éclairages : chaque plan du jeu est posé sur un plateau en 3D, les différentes couches de décor étant ensuite ajoutées façon mille-feuilles. Bon, nous ne sommes pas technicien ou développeur, on ne pourra donc pas détaillé le procédé utilisé, toutefois on peut confirmer sans crainte que ça en jette à l'écran. Chaque tableau fourmille de détails et d'animations, les différentes villes et villages en particulier, sont absolument saisissants. Les décors sont tous habillés par une piste qui leur correspond très bien, même si on est loin d'être fan du thème de Barrage-ville de jour. Et tant qu'on est sur la bande-son, mais son jingle de Game Over est fou, tout comme le thème qui accompagne l'intro du jeu, il y a quelques compositions qui restent bien en tête même une fois la partie quittée. Le travail de Joel Correlitz est à saluer et même si quelques pistes ne sont pas à notre goût, force est de reconnaitre que la majorité des compo chiptunes de la bande-son sont très bonnes... comme le reste du jeu finalement.