Le concept de Destruction AllStars devrait parler à tous fanas de jeux de combat multi, et on retrouve rapidement des éléments de titres à succès dans ce domaine. Mélangez un peu de Rocket League pour les voitures et leur conduite très arcade dans un stade, de Super Smash Bros pour la baston bon enfant débridée, et d'Overwatch pour le modèle économique et les héros. Sony a décidé de frapper fort en incluant le jeu dans le PS+ de février pour son lancement, ce qui lui assure une base de joueurs assez robuste au départ ainsi qu'un sacré coup de pub. Il faut dire qu'il a l'air séduisant avec son gameplay arcade nerveux, sa direction artistique accrocheuse et colorée, et une ambiance surchauffée qui donne l'impression de participer à un match de catch à grand spectacle. Mais il n'est pas dit que cela se maintienne, puisque l'exclusivité PS5 combinée à la pénurie de consoles ainsi que le prix d'entrée très élevé (70 à 80 euros) pour ceux qui auront manqué l'opportunité de l'obtenir via le PS+ risque d’assécher rapidement l'afflux de nouveaux joueurs.
- Genre : Combat motorisé, multijoueur en ligne
- Date de sortie : 2 février 2021
- Plateforme : PS5
- Développeur : Lucid Games
- Éditeur : Sony
- Prix : 79,99 € disponible sur Amazon
- Testé sur : PS5
Grand Theft AllStars
Le concept exotique de Destruction AllStars force le passage par un tutoriel assez longuet afin d'aborder les principaux éléments du gameplay. Dans le cas présent, vous n'êtes pas vissé à votre véhicule : chaque héros commence comme un piéton qui doit courir jusqu'à une plateforme flottante et s'emparer d'un des trois types de véhicules de base. C'est ce qui fait l'originalité du titre. D'un côté, la conduite résolument arcade invite à accélérer et à percuter ses adversaires pour détruire leur véhicule, puis à tenter de faucher le pilote s'il s'est éjecté à temps pour éviter le KO. Et de l'autre, vous pouvez aussi vous éjecter n'importe quand de votre véhicule, que ce soit pour survivre à sa destruction, comme mentionné précédemment, mais aussi pour aborder les combats d'une manière plus stratégique. Même en tant que piéton, vous disposez de pouvoirs spéciaux, et un saut avec le bon timing permet de s'accrocher au véhicule d'un concurrent afin de tenter de le lui voler avec un QTE, ou de le faire exploser directement. Alors que de son côté, il doit faire de son mieux pour vous faire lâcher prise.
Les choses ne s'arrêtent pas là : de nombreuses plateformes remplies de bonus ne sont accessibles qu'à pied. En enchaînant les sauts et les wallruns, il est possible de récolter des objets spéciaux très utiles. La raison étant que faire un tour à pied au bon moment peut être une tactique rentable, puisque cela va charger à toute allure les jauges spéciales de votre héros. Au nombre de 16, ces derniers disposent chacun d'un look bien défini et d'un style propre, mais c'est surtout leurs pouvoirs spéciaux qui peuvent avoir un lourd impact sur un match : invincibilité, invisibilité, capacité d'endommager les véhicules même à pied, dissémination de bonus pour les alliés, écran de fumée, il y en a pour tous les goûts. Certains brilleront plus que d'autres en fonction du mode de jeu du moment, il n'est donc pas toujours avisé de s'en tenir à un même personnage.
Le second pouvoir invoque le véhicule légendaire exclusif à chaque héros, et qui reflète sa philosophie. Ultimo Barricado va invoquer un camion ultra résistant qui peut invoquer un bouclier indestructible à l'avant alors que Lupita va appeler une voiture rapide qui laisse des traînées de feu dévastatrice dans son sillage. Il y en a pour tous les goûts et toutes les situations, il y en a des simples et directes, et d'autres qui s'adressent plutôt à des joueurs experts qui sauront exactement comment les exploiter avec une équipe coordonnée. Comme le gameplay et les commandes possèdent deux facettes, le tutoriel traîne un peu en longueur et maîtriser ne serait-ce que les bases demande quelques parties.
Destruction AllAlone
Le seul élément qui conforte en apparence le fait que Destruction AllStars est bien un jeu payé normalement à plein tarif — et pas un free-to-play multijoueur — tient dans la disponibilité de tous les héros dès le départ. Et cela s'arrête là. En faisant un tour dans la page des skins et cosmétiques des personnages, on peut découvrir qu'une partie se débloque en progressant et en jouant, mais que la majorité de ces éléments demande de passer par la boutique à argent réel. Cela peut passer pour ceux qui ont obtenu le jeu via le PS+, mais cela risque de faire grincer des dents les autres dans les mois qui viennent. Il faut néanmoins reconnaître que la réalisation du jeu est vraiment de qualité, la direction artistique est réussie, c'est coloré et lisible, avec des musiques et des personnages qui collent vraiment au concept du titre. Au début de chaque match, l'arène est aux couleurs de votre héros, qui ne manque pas de se donner en spectacle pour s'attirer les faveurs du public avant de foncer jusque dans son véhicule pendant que les commentateurs s'en donnent aussi à cœur joie (y compris en VF). Leurs remarques vous aident d'ailleurs à prendre conscience de votre situation dans pas mal de cas, sans avoir à consulter vos jauges ou le tableau des scores dans certains modes.
Il existe plusieurs modes de jeu strictement solo, mais sans surprise, c'est plutôt léger. Il y a l'habituel mode Entraînement, et le mode Arcade qui permet d'affronter l'IA sur les différents modes de jeu. En augmentant la difficulté, elle s'avère relativement compétente, mais ce n'est absolument pas comparable à des joueurs humains. Cela permet néanmoins de se familiariser davantage avec les différents héros ainsi qu'avec les mécanismes de jeu avant de se lancer dans le grand bain qu'est le mode multijoueur. On retiendra surtout le mode Challenge, qui permet d'incarner un héros particulier dans un très court arc narratif face à son rival dans le milieu de la course, avec des objectifs spéciaux qui exploitent ses particularités. C'est plutôt intéressant et on peut voir la chose comme un tutoriel avancé pour le héros correspondant qui permet de débloquer quelques éléments cosmétiques. Malheureusement, seul le premier Challenge est gratuit, il faut débourser de l'argent réel pour les suivants. Et il n'y en a que trois au total pour le moment, les autres devraient arriver "prochainement". Sony a la main lourde sur la monétisation, alors que le contenu manque à l'appel.
El Barricado
Sans surprise, le multijoueur est le cœur de l'expérience de Destruction AllStars. Participer à des matchs en ligne est le seul moyen de gagner des niveaux et de débloquer la monnaie requise en jeu pour une partie des cosmétiques. C'est aussi bien plus fun. Pour ce que nous en avons vu pour le moment, tout fonctionne parfaitement, que ce soit le matchmaking, la latence ou la stabilité, et les matchs s'enchaînent rapidement, quasiment sans temps mort. D'un point de vue purement fonctionnel, notre seule critique porte sur le chat vocal impossible à désactiver de façon permanente. Il faut à chaque fois passer par les menus de la Home de la PS5. Visiblement, les développeurs ont voulu privilégier la coopération dans les modes de jeu en équipe de type 8 contre 8. Mais cela n'a, en pratique, aucun intérêt, à moins de former son propre groupe.
Quatre modes de jeu sont disponibles en multijoueur : ce sont des variantes de ce qu'on peut voir habituellement, mais ils ne sont pas dénués d'un côté frais grâce à des mécanismes de jeu originaux. Mayhem est l'habituel Deathmatch, c'est du chacun pour soi. L'objectif est d'endommager ou de détruire autant d'adversaires que possible, tout en évitant de se faire écrabouiller en passant. Gridfall est une variante originale du très populaire mode Battle Royale qu'on peut voir un peu partout ailleurs. Tous les véhicules et les joueurs sont sur une même plateforme géante dont la taille va en diminuant, des sections de plus en plus nombreuses s'effondrent et la moindre chute est mortelle. L'objectif est bien entendu d'être le dernier survivant, il faut donc trouver le bon équilibre entre la survie et l'agression. L'avantage de ces deux premiers modes de jeu est qu'ils sont complètement solo, vous ne dépendez donc pas des performances de coéquipiers inconnus.
Il en va autrement pour les deux modes suivants qui opposent deux équipes de huit joueurs à chaque fois. Le Mode Carnado est une grosse mêlée autour d'une gigantesque tornade au centre de l'arène. L'objectif est d'endommager les autres véhicules et d'écraser les pilotes adverses afin de cumuler des points, mais pour qu'ils comptent, il faut les encaisser. Et pour cela, la seule méthode est de foncer dans la tornade, ce qui détruira au passage votre véhicule, vous n'allez donc pas souhaiter passer à l'intérieur trop souvent. Et il va sans dire que si vous avez fait le plein de points afin d'optimiser votre rendement, vous allez devenir une cible attractive pour toute l'équipe adverse qui fera de son mieux pour vous démolir.
Le tout dernier mode de jeu, nommé Stockpile, met en avant le bon usage du Parkour en dehors de son véhicule. Il y a trois points sur la carte dont il faut s'emparer pour faire grimper votre score, mais seul un personnage à pied peut ramasser les écrous qui servent à capturer le point, et il faut aussi l'escalader pour les dépenser, ce qui peut donner lieu a des affrontements inhabituels. Il est un peu dommage que certains des modes présents en solo ne soient pas disponibles en multijoueur, comme une véritable course à checkpoint ou le transport de passagers. Ceux présents sont néanmoins assez différents les uns des autres pour offrir des expériences variées.
Voir la suite