The Dark Pictures Anthology que l'on avait découvert à la Gamescom 2018 avec l'annonce de Man of Medan nous revient pour un deuxième épisode intitulé Little Hope. Supermassive Games (Until Dawn, The Inpatient) envisage en effet de nous proposer huit jeux d'horreur narratifs à embranchements, chacun reprenant un thème classique du genre. Ainsi, après le bateau hanté dans le Pacifique Sud, place à la ville abandonnée et à la chasse aux sorcières, toujours avec le Conservateur interprété par Pip Torrens aux commandes pour commenter notre aventure et éventuellement nous aiguiller. Et comme dans Man of Medan, nous incarnerons tour à tour cinq personnages jouables que nous pourrons chercher à sauver des esprits tourmentés qui hantent cette ville.
- Genre : Survival Horror
- Date de sortie : 30 octobre 2020
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Développeur : Supermassive Games
- Éditeur : Bandai Namco
- Prix : 29,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PS4
Bienvenue chez les clones
De nos jours, au fin fond de la Nouvelle-Angleterre, un chauffeur de bus prend la route à la sortie d'un restaurant, mais se voit dévier vers Little Hope suite à un accident survenu sur le pont. Il doit amener ses passagers à destination et ne semble pas très rassuré à l'idée de prendre cette direction, mais s'exécute bon gré mal gré. En chemin, il rencontre une petite fille plantée en plein milieu de la route et renverse le bus en cherchant à l'éviter.
En 1972, dans le Massachussets (Nouvelle-Angleterre), James Clarke se dispute avec sa femme Anne. Il a bu et semble avoir des ennuis au travail alors qu'Anne se préoccupe davantage de leur fille Megan dont le comportement pose soucis. Leurs trois autres enfants, Anthony, Dennis et Tanya sont également à la maison. Après avoir allumé le gaz, Anthony sort à l'extérieur pour voir d'où proviennent les cris. Sa sœur Tanya a été enfermée sur le balcon par Megan et lui demande de l'aider. Rejetée par tous au cours de la soirée et fâchée, cette dernière se trouve dans la cuisine et sa poupée chute sur le feu, entraînant l'incendie de la maison dont personne ne ressortira vivant. Coincé dehors, Anthony ne peut qu'assister impuissant au désastre et, après avoir été surpris avec la boîte d'allumettes dans les mains par un voisin, il se jette à son tour dans les flammes.
On retrouve alors le bus accidenté avec John, un professeur d'université, accompagné de 4 étudiants : Andrew, Taylor, Daniel et Angela, une étudiante d'un âge plus avancé. Curieusement, tous ressemblent fortement à la famille disséminée dans l'incendie. Quant au chauffeur du bus, il a disparu et personne ne sait où il est passé. Les cinq protagonistes prennent alors la direction de Little Hope, une ville abandonnée par tous depuis la fermeture de l'usine qui faisait vivre la ville. Alors que la brume s'avère impénétrable, ramenant systématiquement ceux qui veulent aller contre la direction qu'elle veut leur imposer à leur position de départ, le groupe va se séparer en deux équipes pour essayer de trouver une issue.
Hantée par son passé et la chasse aux sorcières qu'elle a connu, la ville est complètement désertique, à l'exception de Vince, un vieil homme que rencontre le groupe au bar le Blackcat. En revanche, le chauffeur, lui, reste introuvable. Par la suite, après avoir été emportés en 1692, en pleine Inquisition, par une vision fantomatique, Andrew et Angela font la connaissance de Mary. Il se trouve que celle-ci ressemble comme deux gouttes d'eau à Megan Clarke et que cette "rencontre" est loin d'être la dernière, bien d'autres esprits tourmentés issus du passé les attendent. Et si Mary a des ennuis, il se peut qu'elle soit aussi la cause de beaucoup de malheurs.
Chauffeur, si t'es champion...
À l'image de Man of Medan qui voyait un équipage entièrement décimé dès le départ, Little Hope part donc lui aussi d'un événement dramatique ayant causé de nombreuses morts par le passé pour revenir ensuite au présent. Cette fois-ci, en revanche, vient également se greffer une troisième époque prenant place loin dans le passé. Et mêler ces trois histoires est indubitablement un des points forts du titre. De même, nous partons avec un groupe de 5 personnages que l'on cherchera (ou pas) à sauver, chacun étant susceptible de périr d'un instant à l'autre.
Les images se veulent toujours ici très réalistes et le résultat est plutôt convainquant, même si sur PS4 cela ressort inévitablement un peu en-dessous de ce que l'on avait pu observer sur PC avec Man of Medan. Toute l'histoire, ou presque, se déroulant dans le noir, accentuant le sentiment d'angoisse et d’oppression, la palette des couleurs est très sombre et seul le rouge des flammes ressort vraiment. Les jeux de lumière sont toutefois parfaitement réussis même si on déplore une visibilité parfois assez réduite du fait notamment d'un contrôle ardu du faisceau de la lampe torche, sans parler de la faible luminosité dégagée par les portables de certains personnages. Quoi qu'il en soit le titre nous gratifie de certains plans vraiment plaisants et les créatures sont clairement réussies. Pour ce qui est des animations, en revanche, même si elles ont été améliorées, on retrouve encore quelques soucis de raideur ou de PNJ pouvant bloquer le passage. Quant à l'accélération de la vitesse de marche, nous ne l'avons tout simplement pas ressentie.
L'ambiance du jeu repose également beaucoup sur la bande son, incontournablement stressante et marquant avec efficacité les moments forts du jeu comme les jump scares qui fonctionnent souvent très bien. Entièrement doublé en français, le titre jouit par contre de doublages assez inégaux. Si certains, comme Andrew ou bien entendu le Conservateur doublé par Benoît Allemane, le doubleur de Morgan Freeman, sont de qualité, d'autres, tout particulièrement Angela, laissent un peu à désirer. De plus, un certain nombre de lignes de dialogue manquaient et on alternait ainsi entre le français et l'anglais, mais cela devrait être réglé, nous a-t-on promis, par un patch day one, tout comme les quelques problèmes de synchronisation labiale.
Rappelons que les dialogues des personnages s'adaptent en fonction de vos choix et de vos actes, y compris ceux du Conservateur, et que les enchaînements doivent se faire en conséquence. Il a donc été cherché à fluidifier ceux-ci, mais nous regrettons encore des longueurs avec des réactions à retardement. À l'inverse, nous avons aussi été confrontés à des transitions brutales ou à des dialogues coupés. Quelques réglages restent donc nécessaires à ce niveau sans pour autant que cela nuise considérablement à l'expérience. Les propos du Conservateur restent en tout toujours aussi énigmatiques, pour ne pas dire incompréhensibles. En refaisant le jeu une nouvelle fois, on se rend toutefois compte qu'ils ne sont pas dénués de sens et distillent en fait intelligemment des indices sans pour autant ne rien vraiment révéler au premier abord, une prouesse que l'on se doit de saluer.
Juste une petite fille...
Si l'on retrouve les mêmes ficelles scénaristiques que pour Man of Medan, avec la nécessité de percer un mystère avant que les forces obscures auxquelles nous sommes confrontés ne viennent entraîner nos âmes en enfer, nous reprocherons à Little Hope cette attitude des personnages qui paraissent presque plus s'intéresser au sort de ceux issus du passé qu'à leur propre sort. Alors qu'être entraînés ainsi à travers le temps devrait plutôt les effrayer, ils cherchent curieusement avant tout à sauver ceux qui s'y trouvent. Même si démêler cette histoire leur semble le seul moyen de s'en sortir, leur rapport aux événements est assez curieux et entache leur crédibilité.
Nous incarnons donc, ici comme précédemment, chaque protagoniste tour à tour, en tout cas tant qu'ils sont en vie, et qu'ils peuvent influer sur leurs rapports entre eux par les dialogues que l'on choisit de retenir comme par les actions que l'on décide d'entreprendre. Aider l'un d'entre eux plutôt qu'un autre aura bien évidemment des conséquences par la suite. Plusieurs axes narratifs, toujours représentés par la boussole, sont prévus ainsi que plusieurs fins, tout particulièrement en fonction des relations que vous aurez eu avec Vince. Concernant la fin, celle-ci s'avère plutôt inattendue et peut paraître soudaine en fonction de la voie que vous aurez suivi. Ce n'est par exemple qu'après avoir terminé le jeu une seconde fois, dans des conditions bien particulières, que nous avons vraiment saisi tous ses tenants et ses aboutissants, sans cela, nous serions restés assez perplexes sur la conclusion de l'histoire.
Et même si vous avez dès la première fois une vision claire des événements, refaire le jeu une deuxième fois au moins permet d'explorer les différentes ramifications de celui-ci et d'assister à de nouvelles scènes, faute d'avoir réussi certains événements ou d'avoir pris certaines décisions, ou encore faute de disposer au bon moment des personnages nécessaires encore en vie. Ce serait dommage de ne pas le faire, d'autant que cela ne vous prendra que plus ou moins 5 heures en fonction de votre détermination à tout fouiller ou non. Dès le prologue, par exemple, certains choix auront un impact majeur sur la suite de l'histoire, en particulier le sort réservé à Tanya. Certaines actions vous seront également impossibles si vous n'avez pas au préalable découvert une arme, actions qui pourront elles-mêmes avoir des conséquences importantes sur la suite du jeu, et même sur sa conclusion.
Nous nous reverrons
Pour ce qui est du gameplay à proprement parlé, on notera l'idée de la brume pour guider nos pas, un classique toujours efficace. Pour le reste, en dehors des choix de dialogue, le jeu nous propose régulièrement des QTE. Ceux-ci étaient assez frustrants dans Man of Medan du fait qu'ils nous surprenaient souvent à l'improviste et débouchaient de fait la plupart du temps sur un échec. À la demande de la communauté, ceux-ci ont donc été revus et un avertissement prévient désormais de leur arrivée. Ceci s'avère une très bonne initiative même s'il faudra maintenant régler les durées d'affichage pour que cela ne devienne pas non plus trop facile. Il en est de même pour les confrontations qui peuvent se faire en alternant entre deux personnages avec un effet de ralenti fort réussi lors des changements. Il peut s'agir aussi à ce moment-là de viser un point précis pour frapper. Enfin, nous retrouvons à nouveau les moments où l'on doit rester discret en suivant notre rythme cardiaque avec une alternance entre deux boutons pour corser l'affaire.
L'exploration est aussi un élément important dans Little Hope puisque c'est ainsi que l'on découvrira certains objets clés comme les armes, mais aussi les secrets de la ville et des photos à collectionner. Chacune de ces dernières nous révèle un futur possible en fonction des choix que nous opéreront. Les éléments d'interaction sont signalés par une petite lumière, mais il n'est pas si simple de tous les trouver pour autant, certains sont bien cachés. Le titre offre également des bonus sous forme de reportages autour du jeu ainsi qu'une interview de Will Poulter (Le Monde de Narnia, Le Labyrinthe, Black Mirror: Bandersnatch), la guest star du jeu. Chacun reste toutefois en VO non sous-titrée et accéder au reportage en deux parties sur la création des monstres nécessite de dénicher tous les secrets cuivre et argent, ce qui, encore une fois, ne sera pas chose aisée.
Nous terminerons en rappelant que comme à l'accoutumée dans l'anthologie, conformément aux propos tenus par Pete Samuels, le producteur exécutif, le jeu a été pensé pour le multijoueur dès le départ. Il est donc toujours possible de jouer à deux en ligne avec le mode Histoire Partagée ou de 2 à 5 joueurs en mode Soirée TV en prenant tour à tour la manette en main pour incarner un ou plusieurs personnages. En revanche, et nous le regrettons, même si ici le titre ne s'y prêtait pas comme pour Man of Medan, il n'y a pas de Curator's Cut permettant de voir l'histoire d'un autre œil. Il ne reste plus maintenant qu'à attendre le troisième opus qui devrait nous emmener dans le désert d'Arabie si l'on en croit les propos tenus par le Conservateur avant de nous quitter.
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