Avec Penumbra: Overture, Frictional Games avait initié des productions qui s'inspirent directement des jeux d'aventure à l'ancienne, des jeux comme Myst ou encore les productions Microids, dans lesquels le joueur devait trouver par lui-même les solutions aux énigmes, où il s'agissait avant tout de comprendre son environnement, de piocher les bons objets et les combiner entre eux afin de progresser.
Non seulement Amnesia : The Dark Descent est devenu un classique du jeu d'aventure horrifique, mais il a également permis au studio d'être mis sur le devant de la scène, rien que ça. Frictional Games revient avec une suite de leur plus célèbre production, mais Amnesia Rebirth est-il aussi marquant après les tours de force que sont Amnesia : The Dark Descent et SOMA ?
- Genre : Aventure, énigmes
- Date de sortie : 20 octobre 2020
- Plateforme : PC, PS4
- Développeur : Frictional Games
- Éditeur : Frictional Games
- Prix : 24,99€
- Testé sur : PC
La couleur tombée du ciel
Frictional Games continue d'entretenir l'esprit des jeux d'aventure d'antan avec leurs productions, dans lesquelles le joueur est plongé dans des univers horrifiques forts, principalement inspirés des récits de H.P. Lovecraft comme des œuvres de H.R. Giger, à la narration prononcée (souvent par le biais d'une voix-off et de divers éléments en jeu comme des notes à lire ou des journaux audio à écouter). Les combats étant inexistants, le joueur devra généralement ruser face aux monstres qu'il rencontrera en se cachant dans le décor ou bien en les emprisonnant, offrant ainsi des productions différentes des jeux d'action horrifique comme la saga Resident Evil ou Evil Within.
Dans Amnesia: Rebirth le joueur incarne Anastasie “Tasi” Trianon, une archéologue française qui intègre une expédition en partance pour l'Algérie, en l'an 1937. L'avion que notre héroïne et ses compagnons ont embarqué s'échoue dans le désert, livrant ainsi notre héroïne à elle-même dans un environnement peu propice à la survie.
Bien évidemment, les jeux Frictional Games sont avant tout des jeux d'horreur, et l'ambiance effrayante s'installe très vite. Notre héroïne est assaillie par des hallucinations où des visages et architectures d'un autre monde et le scénario du jeu se dévoilent, avec une première partie qui place le joueur dans un ancien fort de guerre où quelques lugubres goules ont élu domicile pour finalement s'orienter assez vite vers une histoire où une ancienne civilisation est sur le déclin et est à la recherche d'une nouvelle forme de vie qui leur permettra de relancer leur population.
Dans la continuité de leurs précédentes productions, la narration du jeu est très complète, car elle passe par tous les moyens possibles pour développer son histoire, densifier son propos et offrir du contexte à certaines situations de jeu. La narration principale du jeu est principalement développée à travers des voix-off au sein du jeu, comme peut en témoigner le médecin de l'expédition qui nous contacte grâce à une radio, les personnages que l'on rencontre durant notre périple (qui se font malheureusement que par le biais de cinématiques in-game, ou encore à l'aide de flashbacks qui se font avec des artworks d'où l'on entend les personnages s'exprimer).
Le reste de la narration passe principalement par différents objets parsemés dans le décor, comme différents documents administratifs, notes et autres tablettes extraterrestres. Bien que classique, la narration passe par tous les moyens offerts par le jeu vidéo pour s'épanouir.
Plongée dans l'Abîme
Durant les premières minutes, le joueur se familiarisera avec les commandes et l'interface du jeu. Production Frictional Games oblige, le jeu se déroule à la première personne et le joueur pourra interagir avec son environnement, en déplaçant directement les objets à l'aide de la souris, ce qui crée une véritable connexion avec le personnage et l'environnement.
La progression au sein du jeu se fait essentiellement à travers des niveaux linéaires dans lesquels des énigmes viendront stopper le joueur. À titre d'exemple, dans la première partie du jeu, à savoir le fort, le joueur devra répondre à un appel d'un poste radio. Le joueur devra trouver un moyen d'accéder à la salle où se trouve le poste, car tous les accès sont condamnés. Il faudra alors faire s'écrouler le sol d'une ancienne salle à l'aide d'un canon d'artillerie privé de ses roues. Les énigmes sont avant tout une question d'association d'objets entre eux et de l'utilisation du moteur physique pour déplacer certains éléments du décor.
L'interface étant minimaliste, ce qui améliore d'autant plus l'immersion, en rendant la plongée dans l'horreur du joueur encore plus forte, car ce dernier devra alors comprendre et apprivoiser son environnement afin de s'en sortir, alors que rôdent de vilaines bestioles tout autour.
On sent que le studio a débloqué les moyens financiers depuis leur partenariat avec Sony pour le développement de SOMA, mais le moteur graphique commence sérieusement à prendre un coup de vieux, et Amnesia: Rebirth témoigne de cette nécessité de renouveler son moteur graphique. Nos mouvements sont assez rigides, de même pour les animations des personnages que l'on rencontre, et les différentes énigmes proposées sont au final assez similaires à ce qui se faisait dans les précédentes productions du studio.
Fort heureusement, la direction artistique contrebalance le moteur graphique et physique en proposant au joueur une aventure variée avec un rythme de jeu qui sait parfaitement alterner les moments d'exploration, d'énigme, de narration, de course-poursuites et d'infiltration sans que l'ennui ne vienne pointer le bout de son nez.
Difficile pour Amnesia : Rebirth de marquer autant les esprits après Amnesia : The Dark Descent et SOMA, mais le jeu reste une nouvelle preuve que Frictional Games est toujours un studio talentueux lorsqu'il s'agit de conter une bonne histoire horrifique, où l'intelligence du joueur est sollicitée lors des énigmes, en faisant fi de combats bourrins pour un jeu de cache-cache avec les monstres, le tout dans une ambiance réellement terrifiante. Un jeu qui démontre une maturité de la part de Frictional Games, car il s'agit avant tout d'un jeu qui conjugue le meilleur de leurs précédentes productions.
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