Largement remarqué lors de l'E3 2019, Espire 1 - VR Operative est un jeu d'action et d'infiltration édité par Tripwire Interactive (Killing Floor, Red Orchestra) et développé par les Australiens de Digital Lode, basé à Melbourne et avec le soutien du gouvernement de l'état de Victoria à travers son autorité statutaire Film Victoria. Après plusieurs reports successifs, notamment, afin d'améliorer les performances et la stabilité du jeu, il est disponible depuis peu sur les principaux casques VR. Si celui-ci était particulièrement attendu, c'est certainement parce qu'il a régulièrement fait allusion à des titres non négligeables comme Metal Gear Solid, Splinter Cell ou encore GoldenEye 007. Il est donc temps de remplir notre rôle d'agent Espire et de nous connecter au robot de combat que nous contrôlerons à distance pour voir si l'élève parvient à égaler ses modèles.
- Genre : Infiltration-combat
- Date de sortie : 22 novembre 2019
- Plateforme : Oculus Rift, Oculus Quest, HTC Vive, Valve Index, WMR, PSVR
- Développeur : Digital Lode
- Éditeur : Tripwire Interactive
- Prix : 29,99€
- Testé sur : Oculus Rift
Dis-moi tout Marionnettiste
C'est le 17 décembre 2029, à 2 heures du matin, dans le territoire du Nord que des assaillants ont pénétré dans la base secrète de l'IFA (Intelligence Force of Australia) abritant les travaux de recherche et développement relatifs au projet Espire. Ayant pris le contrôle des protocoles de sécurité de la base, les assaillants se sont enfermés à l'intérieur et les agents de l'IFA ne peuvent donc pas pénétrer à l'intérieur pour rétablir la situation. Il ne reste donc qu'une seule solution : faire appel aux unités Espire qui se trouvent à l'intérieur.
Le projet Espire a peut-être été mis au placard par les gros bonnets, mais il est temps de le réactiver et de montrer sa viabilité. Celui-ci repose sur la mise au point d'unité Espire, des drones humanoïdes de combat dont l'objectif est de limiter les pertes humaines dans les zones de conflit dangereuses en les envoyant sur place et en les contrôlant à distance par téléprésence. Il est vrai que la connexion neuronale avec l'opérateur humain, bien qu'elle ait moins de 10 ms de latence, est parfois défaillante, car il est difficile de retranscrire tous les mouvements humains. C'est pourquoi Mary a été conçue, une IA servant d'interface entre le drone bardé de caméras renvoyant les informations nécessaires et le marionnettiste auquel Mary fournit les fils pour contrôler sa marionnette.
Malheureusement, une seule des 26 unités Espire de la base, une unité Alpha, est opérationnelle, et c'est à nous, agent 12, de nous connecter dessus non seulement afin de reprendre la situation en main en ouvrant les portes qui permettront aux agents de l'IFA de pénétrer sur les lieux, mais aussi pour découvrir qui se cache derrière cette opération et quel est son objectif. Après avoir récupéré un pistolet pneumatique tranquillisant, nous pouvons discrètement nous frayer un chemin parmi les multiples gardes armés qui surveillent la base et nous emparer de leurs armes au cas où l'on se ferait repérer, tout en évitant les tourelles automatiques et les caméras de surveillance. Il s'agit aussi de réactiver les autres unités Espire si jamais on venait à perdre celle que nous contrôlons, mais aussi de pouvoir prendre le contrôle d'unités plus performantes, comme l'unité Bêta dont les gadgets nous serons bien utiles.
Open Console
Deux éléments ont particulièrement été mis en avant lors de la présentation du titre : la commande vocale et le Control Theatre. La commande vocale permet d'utiliser sa voix pour donner des ordres comme "Open Console" pour ouvrir la console Espire permettant de se connecter à un modèle particulier et de visionner ceux hors ligne, mais aussi de s'exprimer sur le terrain pour distraire les ennemis ou pour leur demander de lever les mains lorsqu'on les surprend par derrière avec un "Freeze". Une idée plutôt sympathique qui permet alors de se saisir de leur arme puis de les assommer discrètement avant qu'ils ne donnent l'alerte, en cachant ensuite le corps pour éviter d'éveiller les soupçons des autres gardes.
Le Control Theatre, en revanche, ne s'est pas avéré aussi efficace que ce qui était promis. Il avait été présenté comme un moyen infaillible de lutter contre la cinétose lors des déplacements libres, chacun pouvant le régler en fonction de sa sensibilité. Reposant sur le principe du tunelling déjà exploité dans d'autres jeux VR, le principe est de réduire le champ de vision lors des déplacements rapides. Mais au lieu de rendre les contours noirs comme à l'accoutumée, le Control Theatre met en place une grille à travers laquelle on peut apercevoir le décor. L'idée est louable, mais le résultat n'est pas vraiment convaincant et l'on a alors plutôt tendance à perdre ses repères. Or, il se trouve que celui-ci ne pouvait pas être désactivé sur PSVR, ce qui a entraîné le mécontentement des joueurs, d'autant plus que de nombreux bugs ont également été constatés (performances, menus, armes qui n'apparaissent pas, ...). Mais un patch a rapidement été déployé et le Control Theatre peut désormais être désactivé.
Pour notre part, nous n'avons pas eu à déplorer de bugs, en tous cas pas après le patch, si ce n'est des problèmes de collision : corps qui disparaissent à moitié dans le sol, armes qui dépassent à travers les murs, ... Pour le reste, les graphismes sont corrects, mais face aux dernières productions VR, ils paraissent tout de même bien vides et simplistes. Il est vrai qu'il y a des environnements variés et que certains rendent assez bien, mais l'ensemble reste globalement plutôt fade. De même, les animations des ennemis ne sont pas non plus toujours convaincantes, ceux-ci ayant bien du mal à être crédibles, et une fois assommés ou morts, c'est encore pire lorsqu'ils se transforment en poupée de chiffon. À noter que l'on ne voit aussi que l'intérieur du casque de notre unité Espire et ses mains où apparaissent d'ailleurs les contrôleurs, ce qui n'est pas forcément très immersif. De plus, les sous-titres sont un peu bas et le contraste ne permet pas toujours de les lire facilement. Le titre est en effet entièrement en anglais, mais bénéficie de sous-titres et de menus en français, même si certaines traductions ont été omises ici ou là.
Si l'histoire s'avère rapidement anecdotique, le titre vaut surtout pour sa dimension infiltration qui nous demande de jouer la carte de la discrétion en se faufilant par les hauteurs, suite à quelques séances d'escalade, ou encore par les conduits d'aération. L'idéal est bien entendu ici de jouer en room scale lorsque cela est possible, mais la rotation peut aussi permettre de rester face aux capteurs, et il est même possible de jouer assis. En précisant cela au départ, la hauteur de la vue s'adapte à cette position et un bouton permet de s'accroupir au lieu de le faire réellement comme lorsque l'on est debout. Une option que l'on ne peut que saluer puisque l'on n'a pas toujours l'envie ou la possibilité de jouer debout. Le pistolet pneumatique et le fusil à pompe doivent être réarmés avant de pouvoir être réutilisés et les armes doivent être rechargées à la main lorsque l'on se retrouve à court de munitions, ce qui favorise l’immersion, en tous cas lorsque l'on ne rencontre pas de soucis pour trouver les chargeurs à la taille. Et en regardant dans le viseur, une petite cible apparaît sur l'ennemi visé, ce qui est là aussi bien vu.
Une vision qui espire rapidement
Les gadgets dont sont équipés les unités Espire sont bien utiles pour se frayer un chemin discrètement. Il y a tout d'abord les aimants électroniques qui se trouvent dans leurs mains et qui leur permettent d'escalader les parois métalliques. Il est même possible de se projeter ainsi d'un point à un autre. Des caméras se trouvent également sur le sommet de leurs mains. Celles-ci peuvent être lancées pour observer le terrain et planifier son angle d'attaque. Elles peuvent aussi émettre un son pour attirer ou distraire les forces adverses. De plus, le modèle Bêta dispose de la vision Espire que l'on active en se touchant la tempe et qui permet, pendant un temps limité, de voir par rayons X toute menace ennemie se trouvant dans le secteur (rayons lasers, caméras, tourelles, gardes). Il faut toutefois ensuite attendre qu'elle se recharge avant de pouvoir l'utiliser à nouveau, ce qui évite d'en abuser. Enfin, l'instinct Espire ralentit le temps quelques instants permettant ainsi, par exemple, d'aligner plusieurs headshots d'affilée.
L'outil de réparation est également un élément primordial que l'on doit récupérer rapidement. Il permet en effet de réparer les dégâts subis, mais aussi de désarmer les mines et les tourelles, ainsi que de déverrouiller les autres unités Espire qui font ici office de vies supplémentaires en cas de perte de l'unité en notre possession. Enfin, l'outil de réparation peut être lancé au sol pour nous indiquer la direction à suivre. Ceci est un bon moyen de se repérer, d'autant plus qu'il n'y a pas vraiment d'exploration au programme, les portes inaccessibles étant closes par un système de cartes magnétiques avec différents niveaux d'accréditation qui nous obtiendrons uniquement en temps voulu. Seul l'angle d'approche reste à notre discrétion.
Et c'est justement de discrétion dont il faut faire preuve pour éviter l'affrontement en se méfiant des rayons lasers pouvant révéler notre présence, ainsi que des gardes, bien sûr, et des tourelles, mais aussi des caméras de surveillance. Détruire celles-ci n'est pas non plus une solution, car l'alerte sera alors donnée et des recherches seront enclenchées. Dès lors, en cas de contact, on entre dans un autre jeu à base de gunfights ou éventuellement de corps-à-corps. L'inconvénient est ici que le blindage de notre unité Espire conjugué à la possibilité de réparer les dégâts en temps réel nous rend quasiment invincible. De plus, comme nous disposons de la vision et de l'instinct Espire, notre aptitude au combat est impressionnante. Et une fois que l'on a vu un ennemi, son icône reste visible continuellement, même derrière les murs, ils ont alors bien du mal à nous surprendre, ce qui n'est déjà pas chose aisée, compte tenu de leur IA fort limitée les poussant à rester passifs, ou au contraire à prendre des risques inconsidérés, ou encore à rester bêtement coincés derrière une porte fermée. Et même lorsqu'ils y arrivent malgré tout, l'instinct Espire s'enclenche automatiquement, nous permettant ainsi de surmonter cet imprévu de manière aisée. Enfin, ils nous perdent également facilement de vue et cessent toute recherche très rapidement.
Comme vous l'aurez compris, la difficulté des combats est un point qui reste à travailler et qui, de fait, incite à plutôt foncer dans le tas que de se compliquer la vie à vouloir être discret alors que cela est censé être le cœur du jeu. Il reste le fait qu'à la fin de chaque mission, un score dépendant de la durée et du coût de celle-ci (utilisation de l'outil de réparation, unités Espire détruites, munitions consommées, caméras détruites, ...) est établi et comparé aux résultats des autres joueurs dans un classement mondial. Même si celui-ci n'est pas toujours accessible, cela peut suffire à pousser à jouer la carte de l'infiltration. Pour prolonger la durée de vie du jeu, 25 défis virtuels sont également accessibles (combat, discrétion, escalade et autres objectifs tels qu'escorter ou sauver des otages), eux aussi avec classement mondial, ce qui peut inciter à chercher à améliorer son résultat en rejouant plusieurs fois chaque défi ou mission. Des codes de triche (22 au total) sont enfin débloqués en réussissant chacun des 5 badges de chaque mission, une autre bonne excuse de rejouer sous un autre angle même si, dans ce cas-là, la progression ne sera pas sauvegardée, bien entendu, tout comme le score obtenu ne sera pas pris en compte dans le classement.
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