Initié en mars 2019 avec une campagne Kickstarter très ambitieuse (20 000 €) qui n'aura, du coup, connu qu'un succès mitigé, Journey for Elysium, sans doute parce qu'il traite de la mort, a été lancé à l'occasion d'Halloween sur Steam, à destination, pour l'instant, des casques de réalité virtuelle HTC Vive et Oculus Rift. Un portage sur Windows Mixed Reality et PSVR pourrait également voir le jour par la suite. Ce jeu d'aventure narratif à base de puzzles, développé par le studio belge indépendant Mantis Games et édité par Cronos Interactive, nous propulse en pleine mythologie grecque, romaine et étrusque de l'Antiquité puisqu'il s'agit, après notre mort, de remonter le Styx afin d'atteindre l'Élysée et jouir ainsi d'un repos bien mérité auprès des siens une fois notre rédemption obtenue. Le tout jeune studio créé en 2018 à Gand vise avec ce titre à renouer avec les jeux d'action-aventure des années 90. Vainqueur de l'Indie Game Award à la Gameforce 2019, finaliste au titre du meilleur jeu VR à la Gamescom 2019, nominé comme meilleur jeu VR aux Belgian Game Awards 2019, et sélection officielle Indie au Tokyo Game Show 2019, le titre a su se faire remarquer. À nous désormais de juger le résultat final.
- Genre : puzzle-aventure narrative
- Date de sortie : 31 octobre 2019
- Plateforme : HTC Vive, Oculus Rift
- Développeur : Mantis
- Éditeur : Cronos Interactive
- Prix : 16,79€
- Testé sur : Oculus Rift
Un voyage fantastyx
Même si toute notre aventure se déroulera au royaume des morts, dans le monde sous-terrain ou Underworld, c'est bel et bien dans le monde réel que le jeu débute, quelques minutes avant notre mort. Une espèce d'orbe bleue flotte devant nos yeux et une voix nous appelle : "viens à moi, rejoins-moi". En la suivant, nous arrivons au bord d'une falaise avant que celle-ci ne s'écroule et que nous allions nous écraser tout en bas. Nous nous réveillons alors dans le Void où toutes les couleurs ont disparu à l'exception d'un orbe de couleur orangée qui se présente à nous comme Vanth, l'émissaire envoyé par Hadès pour nous guider et nous aider à nous familiariser avec notre nouvelle forme, maintenant que nous avons trépassé.
L'objectif est désormais de rejoindre l'Élysée afin d'obtenir la rédemption et retrouver notre famille dans un repos éternel. Mais pour commencer, il faut déjà sortir de la grotte où nous nous trouvons et reconstruire notre mémoire en faisant une offrande à un orbe de souvenir sous forme de pièces de monnaie à récolter. Celle-ci nous remémore ainsi nos parents pour commencer puis par la suite notre naissance avant que notre père parte pour ne jamais revenir au grand désespoir de notre mère. Il faudra alors monter dans une barque et naviguer le long du Styx, le fleuve que les morts traversent avant d'accéder aux Enfers, jusqu'à atteindre la porte permettant de quitter le Void après avoir donné la clé que nous avons obtenue aux âmes qui n'ont pu la franchir et dont les mains surgissent du fond des eaux sombres du fleuve. C'est là que débute notre voyage.
Alors que des mains et des visages flottent sous la surface, nous remontons ainsi petit à petit le Styx en recouvrant au passage nos souvenirs que Vanth nous commente. En tant que bâtard, le village nous a rejeté et accusé de tous les maux, seule Agape, la fille du forgeron, aura été de notre côté. Sous le regard des habitants de la nécropole, nous poursuivrons ainsi notre aventure à travers l'île de Prométhée puis le Temple d’Apollon, jusqu'à rejoindre les Champs Élyséens, tout en retraçant les étapes marquantes de notre vie avec ses joies, mais aussi ses drames. Mais nos souvenirs pourraient bien nous cacher une tout autre vérité que Vanth, en tant qu'alliée précieuse, nous permettra de découvrir.
Un monde en noir et blanc
Ce qui marque dans Journey for Elysium, c'est avant touts son style artistique tout en noir et blanc ou presque. Inspiré par les peintures de Gustave Doré, celui-ci a pour but de retranscrire l’atmosphère particulièrement lugubre du monde souterrain. Les seules exceptions à cette empreinte visuelle sont les orbes représentant les dieux et permettant de raviver les souvenirs ainsi que les souvenirs eux-mêmes et les éléments importants avec lesquels le joueur peut interagir afin de mieux les faire ressortir et guider plus facilement le joueur. Et le résultat est plutôt bluffant.
Uniquement disponible en anglais, sous-titres compris, le jeu nous immerge avec réussite dans le monde sous-terrain. Les voix comme l'ambiance sonore sont de bonne facture et l'on suit avec intérêt l'histoire de cet enfant marginalisé au sein même de son village et à la vie marquée par des événements dramatiques. Comme souvent, deux modes de déplacement sont proposés : un mode immersif où l'on se déplace librement et un mode confort recourant à la téléportation pour éviter tout mal des transports. Toutefois, bien qu'ayant entièrement parcouru le titre en mode immersif, nous n'avons ressenti aucun motion sickness. Donc, à moins d'être particulièrement sensible, nous vous conseillons ce dernier, bien plus réaliste.
Outre les trajets à pied, notons aussi le déplacement en barque où l'on doit ramer, particulièrement réussi et convaincant, tout comme les phases d'escalade. Pour ces dernières, par contre, mieux vaut disposer du room scale en désactivant l'indication des capteurs. Être obligé de toujours faire face à ceux-ci s'avère en effet fort handicapant, surtout lorsqu'il faut escalader une tour circulaire elle-même en rotation et que la moindre perte de prise débouche sur une chute obligeant à tout recommencer. En dehors de cela, le jeu est globalement au point sur le plan technique même si nous devons bien déplorer quelques effets de clipping et quelques sauts d'images désagréables avant de se repositionner correctement, ainsi que deux plantages obligeant à tout recommencer à partir du dernier point de sauvegarde automatique.
La vérité est ailleurs
Journey for Elysium est une aventure narrative qui demande malgré tout notre intervention. Si certains souvenirs nous reviennent automatiquement le long de notre parcours, d'autres doivent en effet être ravivés via des orbes. De plus, étant incomplets, ils demandent aussi de rajouter un élément qu'il nous faut tout d'abord trouver. Et pour aller d'un point A à un point B ou pour ouvrir les portes, il faut parfois trouver comment s'y prendre en résolvant des puzzles.
Les puzzles sont en effet un élément central du jeu. Et si certains demandent un peu de réflexion, sans pour autant être très difficiles, beaucoup sont très simples et évidents. Il faut parfois trouver un élément manquant pour activer un mécanisme ou encore utiliser l'un des deux outils mis à notre disposition pour débloquer certains passages : un arc et une lyre qui nous demande de composer certaines notes dans un ordre précis. Nous pouvons rajouter à cela les séances d'aviron très convaincantes et surtout les phases d'escalade.
Le système d'escalade utilisé ici est, il est vrai, particulièrement efficace, que ce soit pour monter sur des échelles, s'agripper à des parois ou se hisser le long de chaînes, l'immersion est toujours au rendez-vous. Comme dit précédemment, ceux ne disposant pas du room scale verront toutefois leur plaisir quelque peu gâché, d'autant plus que la rotation du personnage ne fonctionne pas à tous les coups. On apprécie quoi qu'il en soit l'expérience qui se clôture par une scène finale spectaculaire, particulièrement délicate en escalade où il faut faire preuve de précision et de persévérance. Celle-ci arrive cependant bien trop vite puisque le générique de fin défilera au bout de 2 à 3 heures seulement.
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