Editeur : Sony
Développeur : Naughty Dog
Date de Sortie : 2 novembre 2011
Genre : Action - Aventure
Plateforme de test : PlayStation 3
Existe sur : -
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ».
Uncharted est ce que Naughty Dog en a fait : une empreinte singulière dans le sillage des third person shooters modernes. C'est aussi une licence qui promettait d'être un emblème pour Sony, un paradigme qui devait casser les incertitudes concernant la présupposée puissance de la PS3. En 2007 lorsque le studio entrait dans le bal de cette nouvelle génération de consoles, il envoyait sur le marché le premier épisode d'une trilogie qui deviendrait son palladium de puissance, une fresque rayonnante aux accents d'exotisme et d'action conjugués.
Uncharted c'est d'abord un personnage : le sympathique Nathan Drake que l'on découvrait poliment à travers Drake's Fortune, le premier épisode de la série. Nate - pour les intimes - est ce descendant de Sir Francis Drake que l'on pensait sans héritier, un corsaire parti sillonner les flots, mandaté par la couronne royale anglaise pour chasser un trésor antique par delà les océans au XVIIe siècle.
Le Saint Graal avant la mise en quarantaine
Nathan est aussi ce trentenaire, à la mine joviale, l'allure débonnaire et à la maladresse qui lui colle à la peau comme le bronzage après un séjour aux Seychelles. Sur ce premier opus, il s'en allait embrasser un destin que d'aucuns ne lui auraient prédit. Au large des îles du Pacifique, il découvrait le cercueil de son ancêtre au fond d'un lagon grâce aux données qu'il avait pu glaner pendant des années sur son histoire.
Après 400 ans d'oubli, le sarcophage remonté à la surface pouvait enfin livrer ses secrets et offrir à Nate une rose des vents pour ses aventures futures : dans la caisse il trouvait le carnet de Sir Francis, un mystérieux manuel sur lequel toutes les pistes de sa quête avaient été consignées durant de longs mois.
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Uncharted : Drake's Fortune
À travers ce dispositif narratif, c'est tout un pan de l'écriture hollywoodienne, militante d'une cause récréative, qui trouve un point d'ancrage dans le monde du jeu vidéo. Comment ne pas penser à Indiana Jones de Steven Spielberg et son script qui brave toute lassitude grâce aux aventures palpitantes qu'il proposait aux spectateurs dans les années 80 ou encore à l'équipée sauvage d'À la Poursuite du Diamant vert de Zemeckis et son couple à l'écran qui use des ficelles comiques même dans les plus invraisemblables situations ? Et plus particulièrement dans ce cas, comment ne pas penser à cette mécanique de transmission inter-générationnelle que l'on retrouve dans Indiana Jones et La Dernière Croisade où Harrisson Ford était tendrement appelé Junior par son père joué par un Sean Connery presque autiste et plus sarcastique que jamais ? Le lien qui unit ces aventuriers, archéologues dans l'âme, est ce carnet sur lequel sont notés scrupuleusement recherches, croquis, énigmes, fables et légendes... Un fil d’Ariane qui est aussi le témoin de la progression d'une histoire, tout en étant un marqueur contextuel pour les ressorts d'un scénario aux envolées rocambolesques.
Et nous voilà partis sur les sentiers des forêts amazoniennes sur fond de ciel azuréen, bravant les obstacles, à la recherche de cités sans âge perdues sous les couvertures de lianes sauvages, le canon à la ceinture. C'est l'occasion de faire connaissance avec nos compagnons de route, et parfois de déroute, entre deux cutscenes. Que serait une telle aventure sans personnages secondaires pour valoriser notre héros ? À nos côtés, dès le début de la trilogie, on pourra compter sur l'aide du moustachu Victor Sullivan, amateur de cigares cubains, et jamais avare en trivialités de tout genre. Sully – pour les intimes – est cette figure rassurante, presque patriarcale, toujours prêt à se mettre dans l'embarras pour nous sauver et jamais économe en énergie à dépenser dès qu'il faut chercher un trésor malgré les rhumatismes qui pèsent sur les hanches. Et puis il y a Elena Fisher, reporter de son état, une jeune femme blonde mandatée par la chaîne câblée sur laquelle elle présente sa propre série de documentaires pour couvrir la découverte de la sépulture de Sir Francis, et qui se retrouvera très vite embarquée, malgré elle, dans un tourbillon d’événements qui la dépassent.
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Uncharted : Drake's Fortune
Entre le fantastique, l'aventure et la comédie, notre petite équipe de choc défiera l'adversité sur le chemin d'El Dorado, la mystérieuse cité d'or, un voyage mythique qui promettait une suite intéressante à plus d'un titre aux joueurs. Et c'est ce qui arrivera, en 2009, après 2 ans de développement, Naughty Dog enfonçait le clou avec un nouvel épisode.
Among Thieves nous propulsait dans un jeu encore plus abouti. Cette fois-ci l'aventure mènerait Nate sur les pas de Marco Polo et d'un mystère entourant un de ses voyages : au XIIIe siècle, le marchand vénitien quittait la Chine avec 600 passagers et quatorze navires chargés du trésor de Kubilaï Khan. Quand il arrivait en Perse un an et demi plus tard, il ne lui restait plus qu'un seul navire et 18 passagers. Marco Polo retranscrira son voyage sans jamais mentionner ce qui est arrivé à ces navires, fait et épisode anecdotique pour le moins troublant que les historiens appelleront « La flotte perdue » par la suite. Il n'en faudra, bien évidemment, pas plus pour le casse-cou de service qui plongera sur l'occasion afin d'en percer le secret.
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Uncharted 2 : Among Thieves
C'est autour d'une relique : une vieille lampe à pétrole ayant appartenu à Marco Polo que s'organisera un jeu de piste qui conduira le joueur aux quatre coins du monde, bravant paysages grandioses depuis le toit du monde et adversité raisonnée dans des chorégraphies martiales ponctuées par le fer des balles. L'occasion aussi de faire un bout de chemin à dos de tanks ou de trains pour le sport, en compagnie d'une ancienne connaissance aux courbes callipyges et au regard translucide. En plus des acteurs déjà présents au casting de l'épisode précédent : Elena Fisher et Victor Sullivan, Drake partagera l'affiche avec Chloé Frazer, baroudeuse à la beauté païenne et au tempérament bien trempé.
Le féminin de Nathan Drake est « la femme de Nathan Drake »
Un épisode mythique qui consacrait enfin Uncharted comme une série à part dans le catalogue de la Playstation 3, le jeu se révélant une référence technique hors norme sur la console de Sony, tout en étant reconnu pour son sens remarquable de la mise en scène et de la narration, percutants et dynamiques. Naughty Dog ne lésinera pas sur les ellipses pour donner une nouvelle densité à l'histoire qu'il veut raconter sur cet épisode. Le rythme ne sera pas l'observateur muet d'une fonction illustrative et passive de l'histoire, mais au contraire, il deviendra ce cabestan tirant vers l'éclat le plus improbable des situations, une constance qui alternera moult scènes mémorables à l'humeur sobre et efficace, à d'autres au lyrisme foudroyant quand le jeu s'emballera dans ses grands mouvements voués à l'action pure. La critique sera unanime, le découpage rend hommage au cliché cinématographique, Uncharted 2 se joue des codes avec gourmandise, et on en prend plein les mirettes.
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Les saisons se suivent et se ressemblent. Deux années plus tard voilà le troisième épisode des aventures de Nathan Drake et de sa petite bande. Toujours emprunt d'orientalisme comme d'une bannière vivifiante, le jeu nous renvoie à la quête mythique de notre aïeul Sir Francis Drake. Une quête qui nous traînera cette fois-ci sur la route de l'Arabie dans le désert aride au camaïeu ocre déchiré par son ciel bleu de Rub al-Khali, sur les traces de la mythique Cité des Mille Pilliers : la cité d'Iram. Une ville millénaire fondée par les descendants de Noé et rayée de la carte à son entrée dans le monde moderne. Notre aventure sera éclairée à la flamme du parcours de Lawrence d'Arabie intrigué par la légendaire cité au début du siècle passé, avant que celui-ci ne fût impliqué dans la grande révolte arabe. Drake suivra l’archéologue anglais à distance, comme on suivrait un astre sur l'autoroute du temps, ce qui est en haut est aussi en bas.
Le modus operandi de Drake's Deception reste sensiblement le même que celui des anciens opus, très vite on reprend ses habitudes. Le joueur contrôle le sympathique bourlingueur dans des décors qu'il peut visiter en fonction de leur nature, arpentant façades de bâtiments, murailles et autres surfaces à escalader dans le plus vertical des cas. Autrement, il préférera la manière classique, plus terre-à-terre, parcourant les niveaux au pas de course, le doigt sur la détente. Uncharted n'a pas la vocation d'être un jeu de plateforme, mais il sait jouer d'une certaine transparence pour user de cette matrice comme un Assassin's Creed saurait le faire.
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Nate se cramponne toujours au décor avec agilité et aisance, comme il peut l'utiliser comme couverture lors de ses gunfights. Le nombre d'animations permettant une telle interaction est saisissant de fluidité, la motion capture a toujours autant de charme, et c'est avec une grande facilité que l'on évolue dans ces environnements au gré de notre bon vouloir, esquivant les balles en se projetant d'une couverture à l'autre dans des roulades inespérées, passant les obstacles comme à une séance de parkour, tenant la chandelle accrochée à un lustre géant, sautant dans le vide telle la plus brûlée des têtes, enjambant lors de sauts extrêmes pergolas et ruelles quand les combats prennent place sur les toits de villes ou de villages, courant comme un dératé lors de séquences de chasse à l'homme nerveuses tout droit sortie d'un Casino Royal. Si le mouvement est la prière de l'homme libre, dans Uncharted les vœux s'exaucent dans des accélérations qui célèbrent la course vers l'avant comme des miracles ordinaires et c'est un régal. Un sens du rythme impitoyable qui n'exclut cependant aucunement les nuances.
