En l’an 2001, les cinéphiles français attendaient un film d’envergure qui marquerait l’histoire du cinéma hexagonal. Vercingétorix : La Légende du Druide Roi, réalisé par Jacques Dorfmann, avait tout pour devenir le "Gladiator" made in France. Un héros légendaire, des batailles épiques, et une histoire ancrée dans l’héritage national : tout semblait aligné pour offrir au public une fresque historique mémorable.
L’idée était séduisante. En surfant sur la vague du succès colossal de Gladiator de Ridley Scott, sorti un an plus tôt, le film voulait rendre hommage à Vercingétorix, le chef gaulois qui s’est dressé contre Jules César lors de la conquête romaine. C’était l’occasion de prouver que la France pouvait rivaliser avec Hollywood dans la création de grandes fresques épiques. Avec un budget conséquent pour l’époque et un acteur phare comme Christophe Lambert dans le rôle-titre, le projet semblait promis à la grandeur.
Mais très vite, le rêve s’est transformé en cauchemar. La critique a assassiné le film, dénonçant un scénario confus, une mise en scène bancale et des effets visuels indignes des ambitions affichées. Si Gladiator avait enflammé le public avec son souffle épique et ses scènes de bataille d’une intensité folle, Vercingétorix a laissé une impression de maladresse presque tragique.
Une bataille perdue d’avance
Le premier problème majeur réside dans la narration. Alors que l’histoire de Vercingétorix regorge de moments d’héroïsme et de tragédie, le film de Dorfmann a échoué à capturer cette essence. Les dialogues, souvent jugés pompeux et mal écrits, ont vidé les personnages de leur substance. Plutôt que de donner vie à un héros complexe, le film a livré une version caricaturale d’un chef gaulois, renforcée par des scènes parfois risibles.
Visuellement, Vercingétorix n’a pas non plus tenu la comparaison face aux standards imposés par Gladiator. Les scènes de bataille, censées être le point fort du film, manquaient cruellement d’ampleur et de réalisme. Les costumes et les décors, bien qu’historiquement corrects par moments, ne suffisent pas à masquer les failles techniques et le manque de moyens évidents dans certaines séquences clés.
Malgré un Christophe Lambert investi dans son rôle (initialement prévu pour Guillaume Depardieu avant un accident de moto), son interprétation n’a pas convaincu. Déjà marqué par des choix de carrière en dents de scie, l’acteur n’a pas réussi à porter le film sur ses épaules. Pire encore, certains spectateurs ont reproché au film de ne jamais vraiment savoir où se situer : entre fresque historique ambitieuse et film d’action caricatural.
Un rappel que le cinéma français, ce n'est toujours pas Hollywood
Avec le recul, Vercingétorix est perçu comme un exemple classique d’un projet trop ambitieux pour ses moyens, mal porté par une industrie cinématographique française qui peinait alors à produire des blockbusters de qualité. Là où Gladiator avait ébloui grâce à une vision claire et à une maîtrise technique irréprochable, Vercingétorix s’est enlisé dans ses maladresses.
Ce film reste aujourd’hui une curiosité pour les amateurs de cinéma français, une tentative malheureuse de rivaliser avec Hollywood. Mais il soulève aussi une question essentielle : pourquoi la France, si riche en histoires épiques, peine-t-elle à les adapter en films mémorables ? Peut-être qu’un jour, un réalisateur redonnera vie à Vercingétorix et offrira enfin au chef gaulois l’épopée cinématographique qu’il mérite. En attendant, Vercingétorix : La Légende du Druide Roi demeure comme un triste rappel que toutes les batailles, même au cinéma, ne peuvent pas être gagnées.