L'annonce des nominés aux Game Awards 2023 a lancé un débat sur un point crucial dans l'industrie vidéoludique actuelle : qu'est-ce qui fait qu'un jeu est indépendant ou ne l'est pas, et plus important, Baldur's Gate 3 mériterait-il de rafler le prix du meilleur indie en plus de tous les autres trophées ?
Qu'est-ce qu'un jeu indépendant ?
Selon la définition originelle, et celle de Wikipédia, un jeu vidéo indépendant désigne habituellement un jeu créé par des personnes ou des équipes de développement de taille modeste, ne bénéficiant pas du soutien financier d'un gros éditeur de jeux vidéo. Un jeu indépendant est donc par nature diamétralement opposé à un jeu AAA.
Pourtant, au fil du temps, cette définition a changé. De plus en plus de grosses sociétés d'édition financent en effet des petites équipes de développeurs au sein de programme tel qu'EA Originals, qui a récemment donné naissance à l'excellent It Takes Two.
A priori, le consensus des développeurs autour du sujet est le suivant : à partir du moment où l'éditeur qui finance totalement ou en partie le jeu laisse une liberté créative totale aux équipes de développement, le jeu pourrait être considéré comme faisant partie de la catégorie indépendante.
En ce qui concerne Baldur's Gate 3, et selon les différentes définitions du genre, le RPG de Larian Studios est un jeu indépendant à 100%. Si la taille des studios de Larian en font une société triple A — puisqu'ils ont en leur sein plus de 450 employés — leurs jeux sont entièrement créés, financés et publié "maison". Il convient toutefois de noter que le géant chinois Tencent possède 30% de Larian Studios.
Alors, Baldur's Gate 3 a-t-il sa place au sein de la catégorie indépendante des Game Awards ? Certainement. Mais cela signifie que la nomination du jeu qui fait polémique dans cette même catégorie, Dave the Diver, est également totalement justifiée.
Le cas Dave the Diver
Il faut le reconnaître qu'on fait rarement plus "indie" que Dave the Diver en termes d'esthétique et de direction artistique et technique. Pourtant, et c'est là que le bât blesse, le jeu a été entièrement financé par Nexon, une grosse société sud-coréenne de développement et d'édition de jeux vidéo.
Pour revenir au consensus dont nous parlons au-dessus, Dave the Diver semble avoir bénéficié d'une liberté créative totale, c'est en tout cas ce qu'on ressent lorsqu'on y joue : le concept est original, et on peut clairement voir qu'il a été conçu avec beaucoup d'amour, de la part d'une petite équipe de développeurs passionnés.
Bref, le mot indépendant est aujourd'hui devenu un terme très vague qui englobe les jeux "faits maison", qu'ils soient triple A ou non, et les "petits jeux" qui bénéficient d'une aide financière d'un éditeur tier mais qui gardent une identité artistique propre aux développeurs. Peut-être serait-il temps, tout comme l'a fait l'industrie de la musique, de créer une catégorie "alternative" qui met en avant l'aspect moins grand public de ces titres.