Cela fait près de trois ans maintenant que les langues s'étaient déliées au sein de Ubisoft, dénonçant des faits de harcèlements perpétrés par plusieurs salariés. D'abord sous la forme de déclarations sur les réseaux sociaux, les accusations ont ensuite été relayées par Libération dans le cadre d'une enquête journalistique. En 2021, plusieurs plaintes sont déposées par les victimes, et une enquête est ouverte.
Celle-ci a donc conduit, les 3 et 4 octobre derniers, aux arrestations de cinq anciens employés de l'entreprise.
D'anciens cadres de l'entreprise arrêtés
Parmi les cinq personnes placées en garde à vue se trouvent Serge Hascoët et Tommy François. Le premier a a été le numéro 2 de Ubisoft France, avant d'être poussé vers la sortie, en 2020. Le second a terminé sa carrière chez Ubisoft en tant que vice-président du service éditorial.
Selon plusieurs témoignages recueillis par Libération, de nombreux harcèlements moraux et sexuels sont le fait de Tommy François, qui aurait agi sous la protection de Serge Hascoët, qui était à cette époque très haut placé dans l'entreprise.
"Des violences sexuelles systémiques"
Cette récente vague d'arrestations survient donc après l'établissement de l'existence d'une culture toxique au sein de l'entreprise pendant des années. L'avocate des plaignants, Maude Beckers évoque pour ce dossier "des violences sexuelles systémiques [...] L’entreprise semblait s’être transformée en grand terrain de jeu pour les créatifs, où était toléré ce qu’ils appellent une “ambiance potache”, où l’on joue à chat-bite, où l’on se permet des gestes sexuels sur le lieu de travail, où en soirée des femmes se trouvent plaquées par terre ou contre les murs."
A l'heure où nous écrivons ces lignes, aucun des hommes arrêtés ne travaille encore chez Ubisoft.