Imaginez si vous vous retrouviez au centre de l'un des épisodes de Black Mirror ? C'est ce qu'a fait vivre Netflix à plusieurs de ses abonnés. Un coup de communication génial, mais aussi effrayant, qui s'inscrit dans la thématique de la série, qui a à cœur de dénoncer certains aspects de notre société.
Quand la réalité dépasse la fiction
Depuis le 15 juin dernier, la saison 6 de Black Mirror est disponible sur Netflix. Cette série, d'origine anglaise, est produite depuis la saison 3 par la plateforme de streaming. Chaque épisode est indépendant, et vous permet d'explorer un travers de notre société. L'omniprésence de la technologie, et son usage, est l'un des thèmes récurrents. Dans ce genre, on peut penser à l'épisode 1 de la saison 3, Chute libre, qui imagine un monde dans lequel les humains se notent entre eux, et dont la fameuse note donne accès à des avantages, ou des inconvénients si vous êtes mal noté. Une critique ouverte sur l'omniprésence des évaluations sur tout et n'importe quoi, mais qui sont devenues banales pour beaucoup.
Ce thème est encore au centre du premier épisode de la saison 6. Intitulé Joan est horrible, il suit l'histoire d'une femme ordinaire qui découvre qu'un service de streaming mondial (Streamberry) a adapté son quotidien, ainsi que ses secrets, en un drame télévisé interprété par la star Salma Hayek. La moindre de ses actions — actions qui sont déformées pour la rendre antipathique — est retranscrite dans une série presque en temps réel. Sa journée se retrouve souvent le soir même sur la plateforme. Forcément, sa vie devient un enfer, tout le monde la juge, elle perd son travail, ses amis, son compagnon, et elle tente par tous les moyens de comprendre comment cela a pu lui arriver.
Nous ne vous dévoilerons pas l'épisode en entier, mais le plot twist expliquant sa situation est relativement simple : elle a accepté que sa vie soit utilisée par la plateforme de streaming lorsqu'elle a accepté les conditions d’utilisation. Après avoir téléchargé une photo de soi, l’utilisateur devait accepter des conditions générales prévoyant entre autres, l’utilisation libre et illimitée de son image y compris pour des campagnes publicitaires.
Netflix fait vivre à ses abonnés la même situation
Pour promouvoir la série, mais aussi pour montrer à quel point les gens acceptent tout sans même se donner la peine de lire, Netflix a transposé l'épisode, mais dans la réalité. Elle a lancé une campagne de publicité reprenant l'affiche de l'épisode, mais avec des vrais utilisateurs cette-fois et sans les prévenir. Des anonymes ont alors découvert leur visage sur des affiches, avec leur prénom.
L'un d'entre eux a été contacté par Tech&Co de BFM TV. Il a admis ne pas avoir fait attention, comme beaucoup, lorsqu'il avait accepté les conditions d'utilisation de Netflix. Il n'a pas trop mal pris la chose, expliquant que "c’était assez excitant quand il l’a découvert" sur le compte Twitter de Black Mirror. Il souligne aussi que cette situation ne pourrait ne pas plaire à beaucoup, qui "pourraient être rebutées par l’idée".
Pour conclure, il admet que Netflix a frappé un grand coup avec cette campagne marketing "qui fait un excellent travail en vendant la série et l’épisode, et en montrant que cela peut arriver à n’importe qui". Gageons qu'il fera plus attention lorsqu'il acceptera des conditions générales d'utilisation à l'avenir.