On apprécie un bon jeu, mais admirer un désastre en cours depuis les gradins est aussi agréable à sa façon. Pour notre sélection des pires jeux de l'année, on ne s'est évidemment pas contentés de prendre les pires notes sur Metacritic, cela serait à la fois trop facile et assez ennuyeux. À la place, on a préféré prendre des jeux à la réception critique, certes décevante, mais qui ont aussi été boudés par le public, ou qui ont "fail" d'une manière particulièrement spectaculaire dans d'autres domaines.
Postal 4: No regerts le bien nommé
De toute l'histoire du jeu vidéo, la série des "Postal" a toujours été la plus controversée, puisqu'elle propose d'incarner un fou furieux lâché dans la nature, alors qu'il tue ceux qu'il croise et détruit tout ce qu'il rencontre, arbitrairement. C'est un peu comme si on prenait un Saints Row ou un GTA, et qu'on supprimait le semblant de scénario, pour ne garder que la tuerie. Si c'était le seul problème, la série pourrait encore sortir son épingle du jeu, avec un gameplay digne de ce nom et avec humour, malheureusement, ce sont aussi deux de ses défauts récurrents, et le 4e opus n'y fait pas exception. Le gameplay est toujours simpliste, et il est desservi par un aspect technique complètement à la ramasse. Au final, le jeu essaye juste d'attirer les joueurs avec son image sulfureuse, en oubliant tout le reste.
Diablo Immortal, ou plutôt Diablo Immoral
Les jeux mobiles sont développés très rapidement de nos jours, mais Diablo Immortal est l'exception à cette règle, puisqu'il a mis 4 ans à arriver après son annonce désastreuse à la BlizzCon 2018, qui avait déjà marqué les annales à elle seule avec son fameux "Do you guys not have phones ?". L'annonce d'une version PC un mois avant la sortie officielle est un des rares points positifs dans son parcours, même si elle était à peine fonctionnelle à la sortie, avec des bugs en nombre et des fonctionnalités essentielles manquant à l'appel. Le jeu a le mérite de proposer une expérience de jeu assez agréable sur smartphone, le temps d'atteindre le niveau 60 et de boucler l'histoire principale, ce qui demande une petite vingtaine d'heures de jeu, ensuite, l'enfer ouvre vraiment ses portes.
Le contenu s'avère terriblement pauvre et répétitif, avec des time gates à foison, et surtout un aspect P2W extrême. Il faut dépenser des milliers d'euros pour être compétitif dans le système de factions et dans les champs de bataille, et il n'y a quasiment aucune limite aux montants qui peuvent être investis pour optimiser son personnage. Il faut compter plus de 100 000 euros rien que pour les gemmes légendaires, et c'est très loin de couvrir tous les achats possibles. L'ironie dans tout cela est que les joueurs les plus investis, qui sont parvenus à rentrer dans la faction des Immortels qui règne sur le serveur, se sont vite rendu compte que cette facette du jeu a été imaginée et codée avec le postérieur. Elle est avérée incroyablement pénible, ennuyeuse et peu rentable, avec une distribution injuste des rares récompenses intéressantes. Un autre détail ironique est que le jeu a été conçu pour la Chine avant tout, puisque les joueurs chinois semblent plus enclins à accepter ce type de monétisation abusive. Mais la sortie de Diablo Immortal en Chine a été victime d'un retard de plus d'un mois, et à présent, la monétisation a été désactivée dans ce même pays, suite à la rupture de l'accord entre Blizzard et Netease, qui gère la distribution là-bas. Bien entendu, ces pratiques n'ont pas manqué de poursuivre la dégradation de l'image de Blizzard auprès de nombreux joueurs, ce qui risque d'affecter l'avenir de leur prochain "véritable" titre de la licence, Diablo 4, qui arrive en avril 2023.
Babylon's Fall, alias Babylon's Fail
Platinum Games n'est plus au sommet de sa forme dernièrement, même si Bayonetta 3 a sauvé les meubles. Leur titre précédent, Babylon's Fall, sorti plus tôt dans l'année, devait initialement être une sorte de Souls-like. Après plusieurs années de silence, il a refait surface sous la forme d'un MMO-Hack and slash, qui a vraiment peiné à convaincre. La direction artistique qui tente d'imiter le rendu visuel d'une peinture est généralement décrite comme "laide" et "confuse", alors que de son côté, le gameplay est générique dans le meilleur des cas. Avoir un jeu décevant est une chose, mais étrangement, sa monétisation est elle aussi excessive.
On ignore si c'est une décision de Platinum Games ou de Square Enix, l'éditeur, mais le résultat est là. La version de base du jeu coûtait 70 euros, auxquels il fallait ajouter 40 euros pour la version deluxe. L'addition s’alourdissait ensuite avec un season pass et les habituels packs de monnaie premium allant jusqu'à 100 euros, comme si c'était un jeu F2P. L'absence de hype, combinée à un mauvais jeu et à cette monétisation absurde, n'a pas tardé à donner un résultat prévisible : le nombre de joueurs est tombé extrêmement bas. Steamdb, qui peut extraire ce genre de données, a souvent compté entre 1 et 6 joueurs simultanément sur Babylon's Fall, les semaines qui ont suivi son lancement. À présent, la fermeture des serveurs du jeu a été annoncée, et elle va intervenir moins d'un an après son lancement officiel. Les (heureusement) rares joueurs qui ont mis à la main à la poche doivent se sentir volés.
Saints Row on Death Row
Par rapport aux deux jeux précédents, l'échec de Saints Row est bien plus conventionnel. La série originelle a marqué les esprits pour sa violence et son humour mordant, ainsi que ses situations absurdes. Les fans ont aussi appris à s'attacher à ses personnages. Le reboot repart vraiment de zéro, avec de nouveaux personnages, dans un nouveau contexte. Une partie de ces éléments a été reprise, mais à un niveau bien moindre. L'open world est aussi peu inspiré, avec des activités plus pénibles qu'amusantes. Le résultat final ? Un jeu bien inférieur à GTA 5, avec des graphismes équivalents, alors qu'il est sorti en 2022. On lui a trouvé quelques bons passages, mais les fans ont été visiblement bien moins cléments.
eFootball 2022, puis 2023
Cela fait quelques années que Konami essaye de concurrencer la licence FIFA d'Electronic Arts, avec son propre titre F2P, censé prendre le relais de PES. On pourrait même se dire que le moment est venu pour le prochain titre de changer de nom, puisque les relations entre EA et la FIFA se sont sérieusement dégradées cette année. Malheureusement pour les fans de foot virtuel, il semble que Konami ne soit pas à la hauteur, et chaque version d'eFootball donne naissance à de nouveaux memes ainsi qu'à des polémiques. Le nombre de bugs et de problèmes d'équilibrage est hallucinant, avec des bizarreries à tous les niveaux, jusqu'au comportement même du ballon.
Il faut reconnaître que c'est gênant. Le moteur graphique a aussi donné lieu à un nombre d'animations et de scènes aussi ridicules qu'hilarantes. Les joueurs se traversent les uns les autres, leurs membres se déforment, tout comme leur visage. L'arbitre préfère s'enfoncer le visage dans le gazon plutôt que de voir ça plus longtemps. Bien entendu, tout cela remonte à la fin d'année dernière, mais la mise à jour de cet été, qui a renommé le jeu en eFootball 2023 en passant, n'a pas réglé grand-chose. Le contenu est pauvre, les graphismes ont toujours une décennie de retard, le gameplay est loin de satisfaire les fans, et les microtransactions sont omniprésentes. Il n'est donc pas étonnant de voir eFootball au fond du Hall of shame.