Les jeux vidéo démarrent souvent d'une idée ou d'un désir particulier. Dans le cas de Moon Breaker, cela provient du fondateur du studio, Charlie « Flayra » Cleveland. En tant que grand fan de jeux de type tabletop (comme les figurines Warhammer), il désirait retrouver une expérience vidéoludique similaire à sa vision particulière de cette activité. À défaut d'avoir trouvé le jeu qui répondait à ses attentes, il a décidé de le développer avec son studio.
Ce n'est pas un jeu Games Workshop
En développement depuis environ cinq ans, Moonbreaker essaye d'être aussi fidèle que possible à l'expérience de jeu sur table avec des figurines, excepté celui du prix prohibitif des figurines en plastique. Le concept de base est plutôt simple, deux capitaines s'affrontent sur un champ de bataille, et avec les unités d'énergie gagnées chaque tour, ils peuvent appeler en renfort les unités uniques présentes dans leur main. Cet équipage est composé de 10 figurines aux pouvoirs et aux statistiques variées, et elles peuvent tenir des rôles très différents, comme celui d'attaquant à distance, de tank, de soigneur ou autres. On pourrait grossièrement comparer tout cela à un TCG Multijoueur, avec des figurines à la place des cartes.
Le gameplay est au tour par tour et plutôt classique. Les unités invoquées ne peuvent pas agir durant le tour de leur déploiement, mais par la suite, elles ont droit à un mouvement libre et à une action par tour. Bien positionner ses unités et faire usage des éléments du décor pour se mettre à couvert est absolument vital. Pour remporter la victoire, il faut éliminer le capitaine adverse, mais ce n'est pas une mince affaire, puisqu'il a beaucoup de vie, de puissants pouvoirs et des renforts réguliers. Il faut avoir préparé une bonne équipe afin de pouvoir mettre en œuvre une tactique efficace. Utiliser son capitaine est aussi à double tranchant, puisqu'il peut faire pencher la balance en votre faveur, mais cela le met aussi en danger. Ajoutez à cela deux pouvoirs qui se chargent à chaque tour, qu'il faut utiliser au bon endroit, au bon moment, et d'autres paramètres, comme les chances de toucher et les éléments occultant qui camouflent la présence d'une unité, et cela devrait donner assez de profondeur aux affrontements pour les rendre intéressants. Mais ce n'est pas réellement ce qui distingue Moonbreaker.
Hobby virtuel
Moonbreaker s'efforce de reproduire l'expérience des jeux sur table, nous avons ici un retour aux sources, ce qui veut dire que vos unités sont littéralement des figurines. Elles sont dépourvues d’articulations. Elles sont donc déplacées avec leur socle sur le plateau de combat à chaque tour. Elles ont aussi cette esthétique très particulière, propre aux figurines en plastique du genre, jusqu'au jeu de peinture. On a effectivement l'impression de regarder une figurine réelle, peinte à la main par un professionnel. Il en va de même pour les décors qui disposent de cette même esthétique très particulière, avec des effets produits par la peinture, et un peu de mousse pour faire bonne mesure. Et ce n'est pas sans raison, puisque toutes les unités et les éléments du jeu ont été peints avec les outils mis à disposition en jeu, plutôt qu'avec des logiciels professionnels comme Photoshop. Ces outils servent à émuler ce qui est probablement le plus important pour beaucoup de possesseurs de figurines : le fait de les peindre soi-même durant de longues heures, avec les moyens du bord, la peinture sur les doigts en moins.
En effet, Moonbreaker s'adresse avant tout à ces passionnés. Et même si toutes les figurines sont disponibles sous une forme déjà peinte avec brio, il est légitime de vouloir les personnaliser. Il n'y a pas de calques, ni d'outils trop complexes, mais plusieurs options d'assistance vont aider les joueurs les moins adroits (ou patients) à obtenir un résultat satisfaisant. Le jeu met ainsi à disposition des joueurs des boutons pour annuler ou rétablir un changement (comme on aurait aimé l'avoir dans le monde réel), des masques pour ne pas peindre en dehors d'un objet ou d'une section délimitée, des tonnes de couleurs, une palette pour effectuer ses mélanges, et même des peintures métalliques, voire fluorescentes. Il y a aussi des décalcomanies, pour les finitions. Il est ensuite possible d'enregistrer plusieurs variantes d'une même figurine, ou de rétablir la version d'origine.
Le temps que la peinture sèche
Vendu à un prix premium plutôt comme un free-to-play, Moonbreaker va donner accès à l'intégralité du contenu non cosmétique, sans avoir à débourser quoi que ce soit ensuite pour jouer. Au départ, il devrait proposer 3 capitaines et 50 figurines d'unités partagées entre 3 factions qu'il est possible de mélanger librement afin de se composer le crew de ses rêves. Par la suite, de nouvelles figurines vont être introduites, avec un système de saisons et un battle pass cosmétique. Il en va de même pour la boutique en jeu, qui propose des skins, des jeux de peinture, des décals et autres éléments visuels, comme des bannières. Tout devrait être acquis avec des points en jouant, mais il faut s'attendre à ce que les fans de skins puissent accélérer les choses en payant.
Moonbreaker semble surtout favoriser l'aspect multijoueur compétitif pour le moment, comme le montrent ses modes de jeu. Les affrontements sont toujours en 1 vs. 1, en match privé contre un ami (ou l'IA) ou en match classé, afin d'obtenir des points. Il existe un mode rogue-like nommé Cargo mode, et qui semble faire office de mini-campagne solo pour chaque capitaine. Il impose un crew précis de 5 unités, et il faut enchaîner plusieurs batailles scénarisées. Les unités perdues le sont de façon permanente (dans cette partie de la campagne), et de nouvelles figurines sont obtenues entre chaque bataille. Un drama audio sur l'histoire et le passé de chaque capitaine devrait aussi accompagner les saisons, et il est possible de les écouter en peignant, pour ceux qui s'intéressent à l'univers, ainsi qu'à l'univers du jeu.
Il reste à découvrir si le gameplay est suffisamment accrocheur, et si son concept très particulier saura séduire un public assez large, afin d'assurer sa pérennité. Si tout se passe bien, l'early access de Moonbreaker devrait ouvrir ses portes sur Steam le 29 septembre prochain.