Si équilibrer un jeu comme League of Legends n'est pas simple, gérer tout un système compétitif dans le monde l'est encore moins. Riot Games a trébuché à de nombreuses reprises avec la communauté en raison des décisions difficiles que l'éditeur a dû prendre concernant les matchs ou l'attitude des équipes/joueurs. Les incidents liés au ping de ce MSI ne sont pas les pires moments que le LoL compétitif a du traverser, quand on regarde certains scandales passés.
Svenskeren et son pseudo
En 2014, SK Gaming valide son billet pour les mondiaux. Sur son compte d'entraînement, leur jungler Svenskeren décide de se nommer Taipei Ching Chong. Le but de cette manœuvre était de se moquer des langues asiatiques, ce que la communauté locale a très mal vécu (à juste titre). Riot Games a réagi en bannissant le joueurs pour les trois premiers matchs, ce qui coûtera la compétition à SK forcé de jouer avec un remplaçant. La sanction peut sembler légère aujourd'hui, mais plusieurs facteurs l'expliquent. Même si 2014 n'est pas très loin, la communauté était moins sensible au racisme anti-asiatique, ce qui peut expliquer en partie une sanction si clémente. Mais pour nous, il s'agissait juste d'un événement qui a pris Riot Games au dépourvu. Bannir un joueur juste avant le début de la compétition, c'est tuer une partie de l'intérêt de celle-ci en affaiblissant grandement une équipe, et l'éditeur a dû trouver un compromis entre une punition juste, mais qui ne se répercute pas trop sur la compétition dont les autres acteurs et organisateurs étaient innocents. Un comportement similaire aujourd'hui entraînerait une sanction bien plus lourde.
Azubu Frost is watching you !
Le second scandale remonte à la saison 2. Pendant les phases de groupes du mondial, plusieurs équipes sont accusées de regarder les écrans géants derrière elles, afin d'obtenir des informations qu'elles ne sont pas censées posséder, comme la position des joueurs adverses. Plusieurs formations sont averties, et la culpabilité de l'une d'entre elles, Azubu Frost, sera avérée. L'équipe recevra une amende (légère aujourd'hui mais pas si anecdotique à l'époque) pour ce comportement. Néanmoins, il est difficile de totalement blâmer les joueurs. Les écrans étaient visibles facilement pour eux, et les championnats du monde de la Saison 2 ont été marqués pas des problèmes techniques entraînant de très très longues pauses (plusieurs heures). Il est compréhensible que certains joueurs aient cédé à la tentation au vu des enjeux et des circonstances. Riot Games fait maintenant en sorte que les joueurs ne puissent pas voir les écrans géants, afin d'éviter ce genre d'incidents.
Pause à ma main...
Ce scandale a eu lieu en LVP et n'a pas fait beaucoup de bruit en France. Lors d'un match contre S2V, les joueurs de l'équipe Giants Gaming ont profité d'une pause liée au lag, pour se dégourdir les jambes et quitter la scène, alors que leurs adversaires restaient assis. Les Giants ont fini par gagner le match, qui était décisif pour leur qualification. Même si il n'a jamais été démontré que l'équipe ait profité de ces moments pour faire quelque chose d'interdit par Riot Games, comme se communiquer des informations, les fans espagnols ont jugé que leur attitude était au mieux un manque de respect, et n'ont pas du tout apprécié l'incident.
Linak, le joueur qui a payé pour les autres
Le jungler de l'équipe aAa finaliste des Worlds en Saison 1 n'était pas un saint, bien au contraire. Il avait le tilt facile, et n'hésitait à rundown des parties de SoloQ si les choses ne se passaient pas comme il le souhaitait dans la game, au point d'avoir une réputation de personne extrêmement toxique. Même si il était très loin d'être le seul pro dans ce cas à l'époque (on parle vraiment d'une partie non négligeable du pool de pros occidentaux de l'époque), Linak avait la réputation d'être le pire d'entre eux. À l'approche de la Saison 3 et de la création des LCS, Riot Games annonce vouloir durcir son Code de l'Invocateur, que les joueurs professionnels devront dorénavant avoir une attitude irréprochable pendant et en dehors des compétitions.
Linak modifie son comportement, et parvient à se qualifier avec aAa pour les LCS. Quelques semaines avant le début de la compétition, une sanction de Riot Games tombe : Linak est banni de toute compétition officielle, pour une durée d'un an. Seulement cette sanction se base sur des faits antérieurs au changement de politique de Riot Games, et pénalisera durement la structure française, qui a du trouver un nouveau jungler au pied levé. Riot Games avait besoin d'un exemple pour leur nouvelle politique, et Linak a payé pour son comportement passé. Si la sanction n'est pas forcément injuste sur le fond, la forme a laissé un goût amer dans la bouche des fans français, pour la seule structure de l'Hexagone a s'être qualifiée directement pour les LCS.
Corée Logic Gaming
Alors que la fin du Summer Split des LCS NA de 2014 approche, les CLG déjà qualifiés pour les playoffs, décident d'envoyer leur équipe professionnelle en Corée du Sud pour bootcamp, et de jouer les derniers matchs sans enjeux avec des remplaçants. Si cela n'était pas interdit par le règlement, cette attitude n'a pas plu à Riot Games, qui a refusé de fournir des comptes aux joueurs pour qu'ils puissent s'entraîner en Corée du Sud (il faut un numéro de sécurité sociale pour créer un compte sur le serveur coréen). Ces derniers ont donc été forcés de partager des comptes avec d'autres joueurs, et Riot Games les a sanctionné pour cela d'une amende de 1250$ pour les quatre joueurs concernés, et d'un bannissement symbolique de l'OGN pendant 2 ans (vu qu'aucun des joueurs n'allait jouer dans le championnat coréen, et que les compétitions internationales sont organisée par Riot Games, cette sanction n'a pas de réel intérêt).
Dans cette histoire on sent bien que Riot Games a voulu faire payer indirectement CLG pour avoir voulu jouer aux plus malins, en leur montrant que ce petit jeu peut se pratiquer à deux. La sanction n'est pas très bien passée du point de vue de la communauté américaine, qui estime que CLG ne devrait pas être sanctionné même indirectement, pour avoir exploité intelligemment un point mal écrit du règlement. Surtout que le karma s'est chargé de les rattraper, car l'équipe n'a gagné aucun match en playoffs.
RNG, MSI, une histoire qui se répète
Revenons rapidement sur le scandale du MSI de l'année dernière, qui impliquait déjà RNG. Grâce à leur première place en phase de groupe, les Damwon devaient jouer les MAD Lions en premier, afin d'avoir un jour de préparation supplémentaire pour la finale. Seulement Riot Games a changé l'ordre des matchs au dernier moment, évoquant des problèmes logistiques liés à la COVID-19 (les chinois devaient faire un test spécifique 48h avant leur vol éventuel pour la finale, et aucun autre vol n'a pu être trouvé, ce qui a forcé Riot Games à avancer leur match). Cela a profondément déplu à la communauté, car cette journée de préparation supplémentaire peut être un atout décisif. Cette décision a d'ailleurs été condamnée par la branche coréenne de l'éditeur, qui estime que Damwon a perdu un avantage qu'ils avaient obtenu de façon légitime.
Scandale en ligue 2 vietnamienne
Le dernier scandale est tout récent, et a eu lieu cette saison dans la VCS B, la seconde division vietnamienne. L'équipe Genius Esports termine troisième de son groupe, ce qui l'empêche d'atteindre les playoffs. La GARENA, l'organisateur du tournoi, bannit alors l'équipe DNS Gaming, seconde du groupe, permettant aux Genius de continuer la compétition. Les premières déclarations et de précédents cas, ont jeté le doute dans la communauté, qui a d'abord accusé la GARENA de favoriser une équipe. Après publication de preuves plus probantes, il semble bien que la GARENA ait pris une décision logique et légitime, selon le règlement en vigueur.