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"Il y en a plein, ils se chient dessus. On est leur cauchemar". On excuse volontiers le langage peu châtié de Kameto, notamment parce que le boss de la Karmine Corp avance un point très important. Selon lui, les patrons des structures LEC ne sont pas particulièrement sereins et ont peur de voir débarquer KC dans l'élite européenne. Sur le papier, cela peut sembler un peu contre-intuitif. La Karmine Corp possède une énorme fanbase et partout où elle passe, elle arrive à mettre le feu. On pourrait donc se dire que la grande ligue européenne aurait tout intérêt à voir KC débarquer, histoire de redynamiser la scène et d'écrire de nouveaux arcs narratifs... Mais dans la réalité, c'est sûrement beaucoup plus compliqué que ça. En utilisant du conditionnel, pourquoi la Karmine Corp ferait peur et inquiéterait les autres structures ?
Bien différencier les intérêts de la ligue et les intérêts des équipes
Dans un premier temps, il faut souligner que les intérêts de la ligue (LEC) et les intérêts des équipes (G2, Vitality, SK Gaming...) ne sont pas les mêmes. Evidemment, tout ce beau monde est partenaire et pour obtenir une place, les différentes structures européennes ont payé un droit d'entrée conséquent (système de franchise). Mais chaque organisation reste indépendante et cherche à défendre son propre bout de viande. Par conséquent, même si dans une théorie du ruissellement, toutes les équipes du LEC gagneraient collectivement à voir débarquer des nouveaux acteurs prêts à investir pour ramener du public et des investisseurs, il pourrait aussi y avoir des pertes au niveau individuel en cas d'expansion de l'élite européenne :
- Avec plus de concurrents, en cas d'expansion, il serait encore plus compliqué de se qualifier pour les playoffs ou pour les Worlds. Le titre sera lui aussi potentiellement plus difficile d'accès.
- Les gains liés à l'audience et les nouveaux partenaires seront sûrement réels si des équipes comme KOI et KC débarquent. Mais les gains seront-ils proportionnels au nombre d'équipe ajouté ? Difficile de prévoir si les bénéfices seront marginaux ou exponentiels. D'autant plus que les nouveaux arrivants, s'ils sont plus hype, n'auront sûrement pas intérêt à tout partager de manière équitable.
- On rappelle également que les structures ont acheté leur place. Team BDS a même racheté sa place à un ancien membre (Schalke 04) pour plus de 26 millions d'euros. En cas d'expansion, si on fait une basique loi de l'offre et de la demande, en passant de 10 à 12 tickets, ces derniers pourraient voir leur valeur potentielle et réelle baisser.
Tout cela reste donc très théorique. Mais on peut supposer que les "petites équipes", qui ont déjà du mal à jouer les premiers rôles et qui n'ont pas la puissance marketing nécessaire pour capter des gros sponsors, sont les équipes qui ont le plus peur de l'arrivée de la Karmine Corp. Nous n'avons pas de nom à fournir avec précision, mais on imagine que des équipes comme SK Gaming, Astralis ou encore EXCEL pourraient être moyennement emballées. Enfin, le cas de Team Vitality est encore plus parlant. Les abeilles et la Karmine Corp chassent sur le même terrain : la France. Les deux structures sont déjà en concurrence et alors que KC est chaque jour plus populaire, on peut légitimement penser que Vitality ne fera aucun cadeau à son rival. En revanche, sur le papier des grosses structures comme G2 et Fnatic, bien implantées et bien identifiées, seraient sûrement les plus propices à accueillir la Karmine les bras ouverts.
Le rachat, la seule vraie option de la Karmine Corp ?
Kameto semble bien informé et même s'il ne l'a pas nommé, on devine tous que la personne qu'il cite comme source c'est Ibai, le boss de KOI. La structure espagnole partage pas mal de points communs avec la Karmine Corp et se trouve dans la même situation : bloquée par le système de franchise. Evidemment, on n'est pas obligé de les croire sur parole et les plus critiques diront qu'en évoquant cette peur, on prépare le terrain pour expliquer un potentiel échec, en rejetant la faute sur le système et les autres. Mais que cela soit vrai ou non, le résultat et le même et le projet d'expansion du LEC semble toujours peu probable pour l'année prochaine. Les structures du LEC qui sont réfractaires semblent encore trop nombreuses et on ne sait même pas si Riot Games est prête à assumer l'expansion dès l'année prochaine. Il faudrait en effet refondre le système et arranger le calendrier.
Dans ce contexte, le rachat semble donc la solution la plus probable pour rejoindre l'élite européenne afin de jouer les Worlds. Le souci, c'est qu'il faut trouver quelqu'un prêt à vendre. Esportmaniacos a récemment avancé que la nouvelle cible se nommait SK Gaming. Considérée par certains comme une équipe "panneau publicitaire", des discussions auraient été entamées. Mais pour le moment, on n'en sait toujours pas plus. Rien ne dit que cette structure historique décide de vendre. De plus, si on parle de rachat et non d'expansion à 12 équipes, KOI et KC ne seraient plus "partenaires" mais concurrents, ce qui change pas mal de choses.