Fondé en 2015, le petit studio indépendant Sloclap a plutôt bien réussi son entrée en la matière avec Absolver en 2017, qui a réussi à séduire plus de 3 millions de joueurs à travers le monde. Aussi, en février, à l'annonce de sa nouvelle production, Sifu, un jeu d'action-aventure misant sur des combats de kung-fu, de nombreux sourcils se sont levés. Annoncé pour une sortie dans l'année, il a toutefois, comme beaucoup d'autres titres, été repoussé à 2022 au cours de l'E3 2021, où il a fait l'objet d'une promotion alléchante. La date exacte a ensuite été fixée lors de la Gamescom au 22 février 2022 sur PC (Epic Games Store), PS4 et PS5. Mais une fois n'est pas coutume, il a finalement été promis pour un peu plus tôt, à savoir le 8 février. Comme Absolver avant lui, Sifu n'est pas prévu sur les consoles Xbox, mais rappelons-nous qu'en fin de compte, son prédécesseur a été porté dessus début 2019, soit tout de même 1 an et demi après les autres supports. En attendant, une démo nous a été proposée afin de nous initier aux combats au corps-à corps intense qu'il propose. Alors voyons ce que cela donne.
- Genre : action-aventure roguelike de baston
- Date de sortie : 8 février 2022
- Plateforme : PC (Epic Games Store), PS5, PS4
- Développeur : Sloclap
- Éditeur : Sloclap
- Prix : 39,99€ sur PC, 49,99€ sur Playstation
Les chats se relèvent bien 7 fois
Sifu vous plonge dans la peau d’un jeune apprenti de kung-fu qui, après avoir vu sa famille décimée, décide de traquer ses assassins pour se venger. Depuis, il ne cesse de s’entraîner pour améliorer son art et atteindre ainsi son but. Ceux à qui il doit faire face sont en effet des maîtres en la matière. La question est donc de savoir s’il sera à la hauteur, y compris pour se débarrasser des nombreux seconds couteaux qui se dresseront sur son chemin et qu’il devra affronter seul. Heureusement, il dispose d’un mystérieux pendentif magique qui lui permet de se relever après chaque défaite, dépassant ainsi les limites de la mort. Mais ce pouvoir n’est pas gratuit, ni infini, car à chaque fois, il prend quelques années en plus et finira par mourir définitivement lorsqu’il sera trop âgé.
Vous avez une journée devant vous pour retrouver les meurtriers de votre famille. Et votre quête de vengeance vous amènera à visiter différents quartiers de la ville chinoise fictive où se terrent les gangs, des rues malfamées des banlieues sordides aux bureaux rutilants du quartier des affaires. Le build qui nous a été proposé nous a envoyé au sein d’un club à la poursuite d’un certain Sean. Sur une musique d’ambiance nocturne, il nous a fallu apprendre à nous frayer un chemin parmi tous les habitués des lieux qui ne rechignent jamais à se lancer dans une bonne baston. Dans le déroulé de l’histoire, ce passage se situe dans la première moitié du second chapitre. Et autant vous le dire tout de suite, ce ne fut pas une mince affaire. Si le titre ne cesse de vous répéter que seul l’entraînement vous permettra d’atteindre votre but et que vous devrez apprendre de vos erreurs, croyez-le.
Mourir peut attendre
C’est à partir d’une des différentes cachettes que nous aurons à notre disposition que nous avons pu commencer, alors âgé de 20 ans. Là, se trouve un accès à l’entraînement, l’arbre de compétences correspondant aux aptitudes acquises via le médaillon, un tableau d’affichage où chaque cible est épinglée et un bureau pour lancer les missions (celle du club, donc). Notons que lorsque vous mourrez pour de bon, vous devez tout recommencer depuis le début, perdant ainsi tous les apprentissages du run précédent, mais les différentes étapes de votre progression restent conservées et s’affichent sur le tableau. De même, les objets que cela rapporte demeurent en votre possession, ce qui permet par la suite de débloquer des portes jusqu’alors verrouillées (code, carte d’accès) et d’accéder à de nouveaux lieux à explorer, voire de disposer de raccourcis. En attendant, le chemin que vous devez suivre vous est donc imposé, vous n’avez pas vraiment le choix.
Toute la structure du jeu repose donc sur le fait de pouvoir poursuivre au-delà de la mort, et sur le fait que chaque résurrection vous fait vieillir d’un nombre d’années augmentant à chaque fois d’une unité. Si la première mort vous coûte un an, la seconde en coûte deux et ainsi de suite. Vous avancez donc de plus en plus vite dans les années qui accroissent les dégâts que vous infligez, mais réduisent votre santé. Avant de vous remettre sur pied, vous pouvez aussi débloquer de nouvelles compétences en dépensant l’XP que vous avez engrangé. Toutefois, à chaque dizaine d’année franchie, l’une des cinq pièces de votre pendentif se brise et rend alors inaccessibles les 5 compétences qui lui sont liées et qui n’ont pas été activées. Une fois passé les 70 ans, vous ne disposez alors plus de pièces et la prochaine mort signera donc le game over. Des trophées se trouvent également disséminés dans les lieux et permettent d’obtenir des bonus, chacun n’étant accessible qu’en dessous d’un certain âge ou au-dessus d’un certain score ou d’une certaine quantité d’xp disponible.
Au-delà de ses performances, les années qui passent ont également un impact sur le visuel de votre personnage qui voit ses cheveux et sa barbe pousser et blanchir. La direction artistique est d’ailleurs à saluer, avec son style cartoon dessiné à la main. Les graphismes affichent une image avec du grain et une palette de couleur douce quelque peu saturée qui fait son effet. Un mode photo est également prévu pour la sortie du jeu. Côté animation, nous ne sommes pas en reste avec des mouvements très fluides et des affrontements dynamiques à la chorégraphie soignée. À l’image des films de kung-fu, l’objectif est clairement ici de mettre en avant l’intensité des combats, le tout baigné d’une bande-son efficace, en tout cas dans cette ambiance de boîte de nuit. Le titre est également accompagné de quelques dialogues, avec parfois le choix entre plusieurs options. Techniquement, il tourne très bien, même si les adversaires peuvent parfois se coincer en refusant de franchir le seuil d’une porte. On déplore aussi des murs pouvant venir masquer le combat, ainsi que quelques détails manquant de réalisme, comme des sacs de frappe incapables de bouger, mais cela reste anecdotique.
Une vie entière est parfois insuffisante
Si chaque run vous fait repartir de zéro, il semblerait toutefois que certaines compétences restent définitivement acquises après avoir été activées 3 fois. Mais la version du jeu que nous avons eu entre les mains date du mois d’octobre et de nombreux éléments ont déjà évolué depuis, comme le gain d’xp, le coût des compétences, … Il ne faut donc pas trop se focaliser sur ces aspects-là, l’objectif étant principalement de voir le système de combat. Et Sloclap semble s’être fait une spécialité des pugilats d'arts martiaux. Vous affronterez indifféremment des individus des deux sexes, souvent en grand nombre, en dehors des boss ou mini boss. Nous avons eu affaire ici notamment à une combattante fort agile et rapide spécialisée dans les coups de pieds et les renversements, à deux mastodontes protégeant une porte et à un disciple de Sean fort efficace croisé au sein d’une cour intérieure. Sachant que vous n’êtes pas forcément très résistant, vous verrez votre barre de santé descendre parfois très rapidement. Il y a donc un vrai challenge à surmonter en s’entraînant pour acquérir les bonnes techniques de combat. Et si nous ne sommes pas allé très loin au départ, chaque nouvel essai nous a permis de nous enfoncer toujours plus profondément jusqu’à atteindre le bout de la démo sans avoir pris trop de rides. Le vrai défi reste de parvenir à faire cela en conservant nos si précieux 20 ans. Quant à le faire sur l’ensemble du jeu…
Sifu se présente donc comme un rogue-like technique où vous devez apprendre de vos erreurs. Le titre n’est par conséquent pas vraiment destiné à un public casual. Vos compétences sont ici mises à l’épreuve, puisque de prime abord, les chances ne sont pas de votre côté. Vous devez notamment savoir vous positionner correctement sur le terrain pour éviter de vous faire encercler et submerger, et à bien observer le schéma de combat de vos adversaires, y compris le timing, pour vous y adapter. Il faut aussi être en mesure de se défendre en parant ou en esquivant les coups pour mieux contre-attaquer. Utiliser le terrain pour s’échapper ou se protéger comme pour gérer les mouvements de vos ennemis, en sautant par exemple par-dessus les canapés, les comptoirs ou les barrières, est un plus. De la même manière, des objets du décor peuvent être utilisés, à l’image des bouteilles, des poufs ou encore des tabourets, pour les projeter sur vos rivaux et les étourdir ou les mettre à terre, voire simplement pour vous extirper d’une mauvaise situation. Si vous parvenez à mettre un membre du gang au sol, vous pouvez ensuite vous en prendre à lui à coups de poings avant qu’il ne se relève, s’il le peut.
Des combos sont aussi à votre disposition, que ce soit pour les mouvements de base ou pour les compétences acquises, mieux vaut donc les assimiler pour mieux les exploiter. Et après avoir suffisamment étourdi un ennemi, vous avez la possibilité de déclencher un coup final joliment chorégraphié qui l’achèvera. Des armes sont également dissimulées (batte de baseball, machette, bâton, tuyau de canalisation, …), les trouver et vous en emparer vous donne un avantage certain mais temporaire puisqu’elles disposent d’une certaine durabilité et finissent par se briser. Il se peut aussi que vos adversaires parviennent à vous les faire lâcher. Enfin, à chaque coup porté, vous remplissez une jauge de focus qui, une fois pleine, vous permet de repérer les points faibles de vos opposants et de les exploiter afin de leur infliger des dégâts, mais aussi et surtout les déstabiliser. Les affrontements sont donc bien entendu le point d’orgue de Sifu et ils se révèlent assez techniques. Précisons qu’aucun mode de difficulté n’est au programme, du moins au lancement du jeu. Soclap mise clairement sur le challenge qu’il propose et n’envisage pas pour l’instant, à l’image de nombreux autres jeux, de faciliter sa prise en main pour plus d’accessibilité. Le but est de pousser les joueurs à apprendre par eux-mêmes et à sans cesse s’améliorer en s’adaptant aux difficultés rencontrées. Le défi ultime sera d’atteindre le générique de fin sans jamais mourir. En serez-vous capable ?
Ce petit aperçu que nous avons pu avoir de Sifu nous conforte dans l'idée que le concept qu'il propose est attrayant. Se relever après chaque défaite vous rend plus puissant, mais plus faible physiquement, jusqu'à atteindre vos limites et déclencher le game over qui vous oblige à tout recommencer de zéro, ou presque. Des compétences s'acquièrent avec les années, mais certaines doivent l'être avant un certain âge et poussent donc à agir vite et à mourir finalement le moins possible. Avec sa direction artistique séduisante, Sifu nous offre des combats fluides et dynamiques parfaitement chorégraphiés avec un vrai challenge à la clé nécessitant de maîtriser sa technique par l'apprentissage. Un défi intéressant qu'il nous tarde de juger sur la longueur comme de voir si nous serons capables de le relever avec dignité. Le rendez-vous est fixé en février prochain.
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