Photo : LoL Esports
En LEC comme dans les autres ligues, seule une poignée de joueurs accapare la lumière des projecteurs. Mais pour faire une ligue, il faut des gagnants et des perdants. Dans l'ombre, on retrouve des joueurs tout autant professionnels qui sont cependant cantonnés à des seconds rôles. Nukes fait partie de cette deuxième catégorie. Anciennement connu sous le nom de SirNukesAlot, ce Support estonien a goûté plusieurs fois à l'élite européenne (Giants et Schalke 04). Mais il n'a jamais réussi à s'imposer au plus haut niveau, passant la majorité de sa longue carrière (plus de 6 ans) sur la scène européenne secondaire (ligue allemande, LFL...)
À 23 ans, il a décidé de prendre sa retraite et de dire stop. Si la communauté ne retiendra sûrement pas grand chose de sa carrière qui est pourtant loin d'être ridicule (champion de la ligue allemande, multiple participations aux EUM...), elle devrait cependant s'inspirer de son message d'adieu. Sur les réseaux, le néo-retraité est revenu rapidement sur sa carrière mettant notamment en avant la face plus sombre de la vie des joueurs professionnels.
L'absence de résultats : la difficulté de perdurer sans réussir
Lors de sa carrière, Nukes a connu plus souvent le fond du classement que jouer les premiers rôles. Lors de son premier passage dans l'élite européenne (Giants Gaming), il a terminé à la 9e place avec 5 petites victoires pour 15 défaites. Lors de son second passage avec Schalke 04, il n'a joué que 3 petites parties avec 3 défaites à la clef. En LFL (GamersOrigin), il n'a pas fait beaucoup mieux avec une 7e place lors du Spring Split 2021. Mais malgré ces échecs relatifs, il explique qu'il a beaucoup appris. Même si mentalement ce fut compliqué, avec l'impression d'être bloqué et de ne pas avancer.
Par moment, il s'est senti vide et la motivation lui a manqué. Sur la fin de sa carrière, il a compris que la vie de joueur pro n'était pas de tout repos et que c'est un marathon sur la durée. Il a également appris à privilégier le cadre de vie et son bien-être. C'est pour cette raison qu'il a fini sa carrière en jouant dans la ligue italienne avec AXL. Selon lui, même si c'était la ligue avec le moins de niveau dans laquelle il a joué, ce fut l'une des formations où il a trouvé la meilleure cohésion d'équipe. L'équilibre entre performance et bien-être n'est donc pas toujours facile à trouver et on peut parfois avoir des surprises, bonnes comme mauvaises.
L'addiction au gaming : un sujet sensible dans l'esport
Nukes a également révélé que pendant presque tout sa carrière, il s'est senti comme addict au gaming. Pendant 16 ans de sa vie, il explique avoir jouer entre 8 et 14h par jour. C'est un sujet qui reste sensible et un peu tabou dans l'esport. Un tel rythme de vie est difficilement défendable et on peut se demander si les différentes structures par lesquelles il est passé ont fait le nécessaire pour l'accompagner et le guider...
Dans tous les cas, il a réussi à sortir de cette addiction sur la fin de sa carrière. Il a commencé à lire des livres et on peut penser qu'en mettant un terme à sa vie de joueur pro, il fait un pas de plus loin de cette maladie. Il est l'heure pour lui de rencontrer des nouvelles personnes et de découvrir ce qu'est la vie, quand on ne joue pas aux jeux vidéo 24 heures sur 24.
La petite mort du joueur pro : comment gérer l'après
Nukes ne sait pas encore de quoi sera fait son avenir. Mais à 23, il a décidé de reprendre des études et d'aller à l'université pour faire des maths. Alors que les études sont difficilement compatibles avec la vie de joueur professionnel, cela pose aussi la question de l'après. Les reconversions dans le monde du gaming sont possibles et Nukes ne compte pas totalement abandonner le jeu vidéo. Mais la reconversion est au moins aussi compliquée que percer au plus haut niveau.