Pour la première fois de son histoire, le Six Invitational de Rainbow Six Siege ne se déroulera pas à Montréal, le berceau du jeu produit par Ubisoft. Non, pour voir le successeur de Continuum, Penta, G2 Esports et SpaceStation Gaming, ce sera du côté de Paris, la capitale française, qu’il faudra se tourner cette fois-ci. La faute à un virus trucmuche qui n’en finit pas de nous tourmenter. Jusqu’à quand ? Impossible de le savoir. Mais ce qui est sûr, par contre, c’est qu’une compétition en LAN, de nos jours, ça ne se refuse pas. Encore moins quand il s’agit du plus gros rendez-vous mondial d’une discipline. À Paname, ce sont ainsi 18 formations venues des quatre coins du planisphère qui, du 11 au 23 mai prochains, courront après le fameux Marteau du Six, le trophée en fer forgé tant convoité. Et assister à ça, même sans public sur place, ça n’a pas de prix.
L’équipe qui peut frapper fort
Imaginez BDS en grand vainqueur du Six Invitational. Non, on rigole ! Mais imaginez quand même… Voir les Français de la structure suisse remporter le Six, voici un fait qui pourrait faire plaisir à des milliers de personnes. Surtout après l’année 2020 dont Bryan « Elemzje » Tebessi et ses camarades nous ont gratifiés. Une quatrième position au Six Invitational précédent, un Six Major européen remporté haut la main en août dernier, et une présence régulière au plus haut niveau de sa région : l’équipe francophone donne le smile et nourrit de gros espoirs pour tout un peuple.
Si une Pro League et un Major (en ligne, et entre continentaux) ont déjà transité dans le passé par l’hexagone, le Six Invitational, lui, se fait désirer. Et la Team BDS, avec ses allures de Punisher, a les moyens de rendre ce désir réalité. Il faudra pour cela bien se positionner à l’issue de la phase de groupe, histoire d’amorcer les playoffs avec confiance, et s’en aller pourquoi pas soulever le tomar — en respectant les gestes barrière bien sûr — en direct de Paris. Le tout récompensé par une Anne Hidalgo qui ferait afficher le drapeau rose-blanc-bleu de BDS sur la Tour Eiffel, avant de demander à Ubisoft d’organiser le prochain Six au Palais omnisports de Paris-Bercy. Quoi ?! On n’a pas le droit de rêver ?
Le joueur à suivre
La légende dit que son pseudo aurait donné naissance à l’expression préférée des 15-18 ans : « j’ai pas lu ». Peu importe, finalement, puisque s’il y a bien une chose à retenir de Luccas Vinicius Molina (20 ans), a.k.a Paluh, c’est sa capacité à produire du kill. Dans cet exercice, le brésilien de la Team Liquid excelle. Et s’il s’est déjà taillé une belle réputation ces dernières années, sa constance actuelle en Amérique du Sud s’avère être annonciatrice d’un grand Six Invitational de sa part. Dire qu’il sera accompagné, en plus, de Nesk… De quoi trembler de peur. Sauf quand on s’appelle Shaiiko ou BriD, bien sûr.
L’autre joueur à suivre
« Cha-la-lalala-lala go T-S-M ! » On ne pouvait pas occulter celui qui pourrait bien surprendre le monde entier et décrocher une médaille de MVP si son équipe va jusqu’au bout, ou s’en approche. Présent sur la scène américaine depuis de nombreux cycles annuels, Braden Davenport, surnommé Chala, est devenu l’un des esportifs les plus en vue du moment depuis son intégration dans les rangs de la Team SoloMid. Élément moteur, et ultra constant au fil des événements nord-américains — sur un rôle de support qui plus est —, l’ancien joueur de SSG est comme qui dirait au centre d’une dynamique individuelle exceptionnelle.
Le chiffre
3 millions. Ou la somme, en dollars, qui devrait être mise en jeu sur cette compétition. La dotation du Six Invitational — désormais calquée sur le même principe que The International et l’ajout au cashprize d’un certain pourcentage des profits réalisés sur la vente de BattlePass — ne cesse de croître d’année en année. 200 000 pièces en 2017, 500 000 en 2018, 2 millions en 2019, puis 3 millions en 2020 et de nouveau en 2021 : ça ne rigole plus. Ubillets verts à gogo.
La stat qui tue
30% des cyberathlètes qui seront présents au Six Invitational seront brésiliens. Le mérite (ou la faute, selon les points de vue divergents) à la rétribution des points du Ranking qualificatif du Six Invitational tout au long de 2020. Covid-19 oblige, les compétitions en mondiovision avaient en effet été stoppées, et les points redispatchés de manière uniforme dans chaque région. Le Brésil étant actuellement plus fort que tous ses pays voisins, la contrée de Bolsonaro a alors acquis toutes les places disponibles de son continent. Si, avec tout ce contingent, on ne retrouve pas une formation brésilienne dans le dernier carré, c’est à ne plus rien comprendre.
Le petit poucet
Molto bene. Mkers sera la première structure italienne de l’histoire à atterrir sur un Six Invitational. Lors des qualifications ouvertes à tous en Europe, la squadra s’est débarrassée des plus gros noms de la scène. Tempra Esports, Natus Vincere, Team Secret, Chaos, Rogue : bien que des suspicions de triche émanant autour de l’équipe italienne aient été levées, toutes ces équipes d’European League sont passées sous l’échafaud de Gemini et ses compatriotes. Il ne leur reste plus qu’à prouver, en LAN, et sous le contrôle des arbitres, qu’ils ne sont tout simplement pas la relève de Pinocchio.
Le scénario complètement What The Phoque
23 mars 2021, aux alentours de 23h30. L’enceinte qui accueille le Six Invitational, le Palais Brongniart version bulle sanitaire, est bien silencieuse. Toutes les équipes éliminées auparavant sont déjà chez elles, ou dans l’avion du retour. Seuls le personnel d’Ubisoft et les équipes techniques de la production assistent sur le terrain à un moment plus qu’historique : alors que le score de la dernière carte affiche 22 à 23 — merci la prolongation illimitée — et que les streams s’affollent, la formation de Parabellum Esports inscrit le round qui la propulse sur le toit du monde : Parabellum, qui découvrait à peine le circuit professionnel via la première division canadienne il y a peu, est sacré champion du Six Invitational.
Sur les réseaux, la Twittosphère R6:S est en ébullition. Troy « Canadian » Jaroslawski, venu quelques jours plus tôt réaliser son jubilé avec SSG exulte : « Wooooooooh ! Comme quoi, si ce n’est pas le monde qui vient au Canada pour le Six, c’est le Canada qui vient au Six pour conquérir le Monde. Take that baby » lâche le néo-retraité. Même Justin Trudeau y va de son gazouillis : « Merci Parabellum ! Un avion d’Air Canada est actuellement affrété pour votre retour. Nous sommes aux petits oiseaux. GG les champions ! » Privés de North American League en début de saison — ne pouvant pas se rendre à Las Vegas pour prendre part à la compétition en LAN —, les joueurs canadiens qui ont dû recommencer leur parcours en Challenger League réalisent l’un des plus beaux pieds de nez à la transition un tantinet hasardeuse du circuit professionnel de la discipline.
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