Sur la Faille de l'invocateur, de nombreux champions s'apparentent à des divinités. Pour autant, c'est bien Riot Games qui a les pleins pouvoirs sur League of Legends et possède un quasi-droit de vie ou de mort sur la sphère compétitive. Le tribunal se montre sans pitié pour les pros qui se détournent du droit chemin et les sanctionne pour triche, toxicité ou encore racisme. Mais en regardant les différents joueurs professionnels punis ces dernières années et surtout la lourdeur des peines infligées, on peut se demander si les sanctions de Riot Games ne sont pas un chouia déséquilibrées. Plusieurs cas précis et relativement récents interrogent quand on les compare.
Même si chaque ligue possède sa propre autorité compétente, Riot Games chapote tout ça et se doit de garder une certaine cohérence. Le contexte culturel par exemple ne peut pas tout expliquer.
Les cas de triche : la sanction référence
Riot Games mène la vie dure, très dure aux tricheurs. On pense notamment à des figures bien connues de l'univers League of Legends comme le Coréen Jeong "Apdo" Sang-gil anciennement connu sous le nom de Dopa ou le Danois de Team Liquid Nicolaj "Jensen" Jensen qui s'appelait par le passé Incarnati0n. La triche est sûrement le plus grand fléau que peut craindre une discipline esport et les sanctions prises à l'encontre des tricheurs nous serviront de référence par la suite.
- Dopa fut épinglé pour elo-boosting, une pratique qui peut s'apparenter à de la triche puisqu'il tronquait le système d'elo de Riot Games en boostant des comptes contre de l'argent. En 2013 il écope alors d'un ban symbolique de 1000 ans sur son compte mais reçoit surtout une interdiction de jouer en compétition pour deux ans... On ne le vit plus jamais en compétition.
- Incarnati0n fut quant à lui puni pour DDoS (des cyber-attaques permettant de faire planter ses adversaires) mais aussi pour comportements toxiques et négatifs en partie. Il fut banni de LoL et de ses compétitions pour une durée indéterminée qui dura au final 3 ans. Après avoir montré sa bonne foi, Riot Games décida de lui accorder une seconde chance et il est devenu multiple champion des LCS en plus d'avoir un salaire XXL.
Aujourd'hui, les tricheurs reçoivent des sanctions plus ou moins comparables. Le 21 avril, les trois joueurs chinois de LPL Zhou "Bo" Yang-Bo, Wang "Teeen" Yao-Ji et Xiang "bless" Yi-Tong ont écopé de peines plutôt légères allant de 4 à 12 mois de suspension pour trucage de match. Mais cette relative clémence s'explique par leur coopération dans l'enquête et le fait qu'ils n'étaient pas les investigateurs mais plutôt les exécutants d'un énorme système de triche concernant plus de 40 joueurs chinois. Toujours en Chine, Wang "WeiYan" Xiang (Rogue Warriors) a pris 2 ans en 2020 et Xiang "Condi" Ren-Jie (LGD Gaming) a pris 18 mois en 2019. Des sanctions qui semblent cohérentes si l'on se base sur les deux cas historiques de triche cités précédemment.
Le racisme, un problème sous-estimé par Riot Games ?
Les tricheurs sont plutôt servis niveau sanction lorsqu'ils se font rattraper par la patrouille. En revanche, les joueurs coupables de racisme s'en tirent un peu trop bien à notre goût. Alors que Riot Games nous vend une image inclusive et qu'elle a offert un don d'1 million de dollars contre le racisme l'année dernière, elle manque un peu de cohérence dans son tribunal. Pourtant la communauté LoL, qui ne manque pas de toxicité, gagnerait à être purgée de ce fléau. Les sanctions pour racisme se comptent généralement en jour ou en matchs.
- Kim "OnFleek" Jang-gyeom : 9 matchs de suspension pour avoir écrit dans un report de game lors d'une session de streaming "Un bon Chinois est un Chinois mort".
- Sebastian "Malice" Edholm : le Suédois et premier joueur européen à jouer dans une ligue professionnelle en Corée du Sud a pris 3 matchs de suspension, 20 heures de travaux d'intérêt général et une amende de 1500 euros pour avoir été particulièrement toxique en soloQ. Il a notamment traité les autres joueurs de singe avec une connotation qui a été jugée raciste.
- Felipe “YoDa” Noronha : 3 matchs de suspension et 2000 dollars d'amende pour avoir tweeter un message discriminant.
- Dennis “Svenskeren” Johnsen : 3 matchs de suspension et 2500 euros d'amende pour avoir utilisé un nom d'invocateur raciste sur un serveur taiwanais. Pour votre culture personnelle le Danois avait décidé d'appeler son compte 'TaipeiChingChong'.
Dans ces affaires on retrouve différents niveaux de gravité et chacun se fera son opinion sur la tolérance qu'on peut accorder à l'humour. On ne doit cependant pas rigoler avec le racisme et ces joueurs n'ont même pas raté une seul segment compétitif entier, ce qui semble un peu light comparé aux sanctions réservées aux tricheurs.
CvMax, déjà de retour après des abus physiques et verbaux ?
Kim "cvMax" Dae-ho a fait beaucoup parler de lui, en bien mais aussi en moins bien. Un peu comme Dr Jekyll et Mr Hyde le coach tout-puissant avait deux facettes chez Team Griffin. D'un côté, c'était une sorte de guide, de figure paternelle capable de transcender ses troupes. Et de l'autre c'était un coach abusif qui n'hésitait pas à utiliser la manière forte voir brutale pour imposer sa loi en interne. Personne ne peut lui retirer ses résultats impressionnants, lui qui a amené des joueurs quasi-inconnus de la divison 2 coréenne aux Worlds. Mais ses méthodes ne peuvent pas échapper aux critiques. Après avoir secoué un joueur par derrière, lui avoir jeté son calepin de coach ou moqué sa vie privée et personnelle, cvMax a été reconnu coupable d'abus physiques et verbaux après une longue, très longue enquête qui a divisé la communauté.
L'affaire a fait grands bruits, sous fond de scandale et de règlement de compte. Mais au final, la sanction a fait flop. Le coach n'a écopé que d'une sanction de 5 petits mois... Ce qui semble un peu léger pour les faits qui lui ont été reprochés. Même si la Corée serait adepte d'une éducation et d'une formation à la dure, on n'est pas certain de vouloir voir ça dans l'esport au 21e siècle. Le coach, toujours rattaché à DRX, devrait retrouver sa place comme si de rien n'était dans quelques jours puisque sa punition s'arrête en mai. Par rapport aux 2 ans pour elo-boosting ou aux 3 ans pour DDoS, ça nous semble étonnamment clément.
Zeros, la blague sur le coronavirus qui ne passe pas du tout ?
Cette sanction est tout fraîche et ne peut pas être plus d'actualité. Le joueur vietnamien Phạm "Zeros" Minh Lộc n'a encore que 20 ans mais a peut-être déjà bradé la fin de sa carrière compétitive. Actuellement, il est banni pour une durée indéterminée de toutes les compétitions Riot Games, y compris les autres jeux comme Valorant ou Teamfight Tacticts. Il n'a pourtant pas tué de bébé phoque ou mis de l'ananas sur sa pizza... Il a cependant osé faire une blague sur le coronavirus. Bon on l'avoue, elle n'était pas particulièrement marrante et c'est un sujet un peu sensible en ce moment qui anime comme jamais les repas de famille un peu partout dans le monde. Mais un ban de longue durée pour une blague sur un stream personnel alors que le joueur était en vacances, ça paraît quand même démesuré. On avait peut-être envie de se défouler chez Riot Games ?
En France, l'humour noir est monnaie courante et cela explique peut-être pourquoi la blague parait moins choquante. Mais le plus ironique dans cette histoire, c'est que sa prédiction de voir les Vietnamiens privés de MSI s'est révélée correcte.
Combos absurdes, synergies en carton-pâte, il existe des milliers d'interactions entre les différents champions de League of Legends. Certains, plus funs que véritablement efficaces, ont tout de même le mérite de détruire la phase de lane, faisant vivre à vos adversaires un vrai cauchemar...
