Ca s'appelle le SoloQChallenge, et le principe est d'une simplicité étonnante : une quarantaine de streamers espagnols tentent, depuis trois jours et jusqu'au milieu du mois à venir, d'obtenir le plus haut rang possible sur le ladder européen de League of Legends.
Jusqu'ici, cet événement en ligne n'a rien d'inhabituel sinon que les participants ont reçu un tout nouveau compte possédant un rang Argent — l'objectif étant bien évidemment de grimper le classement depuis les tréfonds jusqu'au sommet.
Vous l'aurez compris, le principe même de ce défi, c'est de smurfer.
Nul besoin de vous préciser que le smurfing est un des fléaux qui cancérise le ladder. Et le problème, dans tout ça, c'est que Riot Games Espagne soutient, directement ou non, l'événement. Ca aurait pu passer sous silence s'ils s'étaient cantonnés à s'affronter pour l'honneur — mais en réalité il y a de grosses sommes d'argent en jeu. 12,000€ pour le premier prix, puis 2,000€ pour le second, et plus encore — les 42 streamers qui participent au SoloQChallenge ne le font pas pour des clopinettes.
Pire encore, l'événement est accompagnée d'un système de "Pick'Em" semblable à celui qu'organise habituellement Riot Games. En d'autres termes, les spectateurs des différents streamers seront en mesure d'obtenir des skins de différentes raretés en fonction de leur capacité à deviner le classement du SoloQChallenge.
Du coup, smurf ou pas smurf ?
Face à tous ces éléments, il paraît difficile de nier le soutien que Riot Games Espagne semble apporter à l'événement... et donc au smurfing. Certes, l'algorithme permettant d'identifier les smurfs pour les faire jouer entre eux fonctionne à merveille et, effectivement, le SoloQChallenge ne dure qu'un seul mois. Mais est-ce suffisant pour justifier l'événement ?
En premier lieu, des joueurs Diamants ne vont pas simplement smurfer sur les joueurs habituels des divisions inférieures, ils vont aussi smurfer les smurfs moins fort qu'eux. Si bien que, malgré la fil réservée, leur escalade du ladder est une promenade de santé. Un coup d'oeil rapide aux OP.GG des streamers participants nous permet de constater que la plupart d'entre eux maintiennent un winrate supérieur à 70% — voire même plus. À ce niveau là, il ne fait aucun doute que leurs adversaires ont certainement vécu une expérience de jeu grandiose...
Mais, au final, ce n'est pas le pire car le vrai scandale ce sont les récompenses pouvant être obtenues via le système de PickEm. Si on aurait pu comprendre que Riot Games Espagne puisse fermer les yeux sur l'événement, ou même fournir les comptes Argent, on demeure absolument incapable de saisir pourquoi ils semblent indirectement encourager la pratique du smurfing.