Photo : LoL Esports
MAD Lions n'avait plus connu de finale européenne depuis belle lurette. La dernière fois que la structure s'était retrouvée dans cette position, c'était en 2016. Elle s'appelait encore Splyce et aucun joueur de l'effectif actuel n'était de l'aventure... La majorité n'avait d'ailleurs pas encore pleinement commencé de carrière professionnelle sur League of Legends. Mais pendant plus de deux heures, les lions ressemblaient plus à des chatons. Dépassés par les évènements et coupables de nombreuses erreurs, MAD Lions voyait Rogue réciter calmement sa partition et poser une première main sur la coupe. Mais, c'est à ce moment là que les lions décidèrent de rugirent de toutes leurs forces. Il faut se méfier de la bête blessée et les joueurs retrouvèrent l'œil du tigre et leur instinct de prédateur. Fights après fights il revinrent dans la partie en se montrant enfin saignants et explosifs. Au terme d'un reverse sweep d'anthologie qui restera dans les mémoires, les lions sont allés chercher leur victoire avec le cœur mais aussi et surtout avec les tripes.
Il y a 6 mois, MAD Lions était la risée du monde après une élimination historique lors du Play-In des derniers Worlds. Aujourd'hui, ils ont atteint la rédemption en étant sacrés rois d'Europe. Quelle a été la recette de ce rebond spectaculaire ?
Deux recrutements qui changent tout
En Europe, plusieurs recrutements ont fait couler beaucoup d'encre lors du dernier mercato. Martin "Rekkles" Larsson chez G2 Esports, Yasin "Nisqy" Dinçer chez Fnatic ou encore Oskar "Vander" Bogdan chez Misfits Gaming ont monopolisé l'attention. De leurs côtés, les observateurs ne s'enthousiasmaient pas particulièrement du mercato de MAD Lions. Sur le papier, il paraissait moins sexy d'aller chercher un import turc et un rookie issue de la ligue nationale espagnole... Mais quelques mois plus tard, les sceptiques doivent se mordre les doigts et c'est bien MAD Lions qui a touché le jackpot. Ses deux nouvelles recrues ont changé le visage de l'équipe et elles ont joué un rôle très important dans le premier sacre européen de la structure.
- Javier "Elyoya" Prades Batalla : désigné rookie du split, le jungler espagnol n'avait jusqu'à ce jour pas de grosse référence au plus haut niveau. Mais son manque d'expérience ne s'est pas du tout vu. Alors que la méta laisse énormément de place aux junglers pour s'exprimer et dicter le rythme de la partie, le rookie a joué comme un vieux briscard. Toujours là au bon endroit et au bon moment, il n'a jamais déçu et a fait très peu d'erreurs. Ses débuts étaient un poil timides puisqu'il se focalisait beaucoup sur le farming — mais il a pris peu à peu confiance pour s'affirmer comme un des éléments forts de son équipe. Cette solidité a fait beaucoup de bien à MAD Lions qui avait souffert l'année dernière du style coinflip de Zhiqiang "Shad0w" Zhao, l'ancien jungler.
- İrfan Berk "Armut" Tükek : c'était difficile à imaginer il y a quelques années, mais un des rois d'Europe est bien un import turc ! Mais Armut n'a rien d'un joueur mineur ou de seconde zone et il a fait mieux que tenir le choc pour son premier split dans une ligue majeure. Le toplaner n'est pas irréprochable et même en finale il commet régulièrement des erreurs de positionnement en jouant trop agressif. Mais Armut prend de la place et Armut fait peur. Avec son profil de toplaner carry, il absorbe souvent énormément de pression et ne laisse pas l'équipe adverse indifférente. L'ignorer, c'est prendre le risque de le voir snowball et 1v9. Mais là où Armut a impressionné, c'est qu'il ne lâche jamais. Même quand il est au fond et qu'il se fait camp, il trouve le moyen d'exister et de trouver des énormes engages. En finale, il n'a pas toujours brillé, mais il a trouvé des ultimates parfaits avec Gnar (Game 5) et Wukong (Game 3 et 4). Ce mental et cette capacité à clutch avaient sûrement fait défaut à Andrei "Orome" Popa l'année dernière. L'ancien toplaner de l'équipe avait tendance à s'écrouler sous la pression là où le Turc la boit cul-sec.
Une équipe avec de l'expérience qui arrive à maturité
Au-delà des individualités, le collectif de MAD Lions est également arrivé à maturité cette année. Les lions peuvent remercier Marek "Humanoid" Brázda, la pierre angulaire de l'équipe qui joue pour la structure depuis novembre 2018. C'est lui le patron de l'équipe et quand il a piqué du nez en début de BO, toute son équipe est tombée avec lui. Mais quand le midlaner tchèque a sonné la révolte, il a revêtu son costume de super héros pour porter son équipe. On parlait beaucoup de Emil "Larssen" Larsson, mais c'est peut-être Humanoid le prochain futur grand midlaner européen. Le duo Carzzy-Kaiser était aussi déjà présent l'année dernière. Ils étaient là dans le débâcle aux Worlds et ils ont appris de leurs erreurs. Ils n'ont pas réussi une très grande finale et se sont fait régulièrement dominer en phase de lane. Mais savoir gagner sans très bien jouer, c'est aussi ça la marque de l'expérience.
Enfin, Armut a beau être une sorte de rookie en LEC, il n'est pas non plus né de la dernière pluie. En arrivant chez MAD Lions, il a aussi amené sa culture de la gagne après avoir remporté deux titres de TCL (ligue turque).