Nicolas "Nicolo" Laurent, CEO français de Riot Games, est actuellement accusé de harcèlement sexuel ainsi que de discrimination sexuelle par son ancienne assistante, Sharon O'Donnell. Faisant suite à son départ de l'entreprise en juillet dernier, celle-ci a porté plainte auprès de la Cour supérieure de Los Angeles, afin de dénoncer un "licenciement abusif".
L'affaire, d'abord rapportée par Dailyesports il y a quelques semaines, a donné lieu à une enquête "menée par un cabinet d'avocats extérieur à Riot Games" qui vient tout juste de rendre ses conclusions. Et, d'après le comité spécial ayant supervisé ladite enquête, il n'y a "aucune preuve que Laurent [aurait] harcelé, discriminé ou exercé des représailles contre la plaignante."
Hier, Catherine A. Conway, l'avocate en charge de la défense de Riot Games et de Nicolas Laurent, a fait parvenir à la Cour supérieure de Los Angeles une déclaration, contenant la réponse de la défense, ainsi que deux témoignages anonymisés venant démentir les allégations de Sharon O'Donnell. Le document — d'ailleurs rendu public sur Twitter par Greg "Ghostcrawler " Street, actuel Producteur Exécutif du nouveau MMO de Riot, et ancien Lead Designer sur LoL — réfute la totalité des accusations de l'ancienne assistante de Nicolo.
Le récit de Sharon O'Donell
"Peu après l'embauche de la plaintive, le défendeur Laurent a commencé à l'harceler sur la base de son sexe ou de son genre. Ce harcèlement s'est poursuivi jusqu'à la fin de son emploi." précise l'extrait d'action en justice de l'accusation, contenant le témoignage de Sharon O'Donell, "[Il] l'entourait de son bras et lui proposait de voyager avec lui, lui demandait de venir travailler chez lui lorsque sa famille n'était pas là, en lui demandant si elle pourrait "se charger de lui" lorsqu'ils serait seuls dans sa maison,"
L'ancienne Rioteuse prétend ainsi que son ancien patron lui aurait fait des avances à plusieurs reprises, notamment en lui proposant une fois de "venir chez lui pendant que sa femme n'est pas là." [Ndlr : il aurait ainsi utilisé le mot "cum", qui signifie jouir, plutôt que le mot "come", qui signifie venir.] A mesure qu'elle refusait ses avances, il aurait ainsi développé un comportement de plus en plus agressif vis-à-vis d'elle, lui "criant dessus" tout en lui demandant de "surveiller son ton" et "d'être plus féminine."
En réalité, cette affaire est un peu plus complexe qu'elle ne semble, car elle s'articule autour de trois axes.
Bien sûr, les accusations d'harcèlement sexuel sont au cœur du sujet, mais la déclaration de Sharon O'Donnell implique aussi la question de la discrimination sexuelle ainsi que des conditions de travail auxquelles elle aurait été assujettie durant sont temps chez Riot. Selon sa déclaration, Sharon n'aurait ainsi jamais été payée pour les heures supplémentaires qu'elle réalisait le soir et les weekends, ce qui va à l'encontre du code du travail de Californie. Par ailleurs, l'ancienne assistante déclare que Nicolas Laurent aurait recommandé à ses employées "d'avoir des enfants" pour lutter contre le stress du Coronavirus.
La réponse de Nicolas Laurent et Riot Games
Dans sa défense, Conway réfute point par point les allégations émises par Sharon O'Donnell, tout en invoquant un grand nombre d'exemples visant à prouver son "exagération, et sa volonté d'altérer la vérité". Sa défense s'articule notamment autour de deux témoignages venant attaquer la crédibilité de l'ancienne Assistante Exécutive.
En effet, elle aurait cherché à persuader les deux témoins de se joindre à son action en justice dès l'été 2020, avant même d'entamer la procédure. Face à son refus, le premier témoin raconte qu'il se serait fait harceler par des journalistes et affirme qu'il "sait que Sharon a donné son numéro à la presse." Au cours de deux autres appels, Sharon lui aurait aussi dit que "si il remplissait l'action en justice, il était garanti de gagner et d'avoir de l'argent." et qu'il "pouvait obtenir $500,000".
Le second témoin raconte qu'il a "commencé à recevoir des appels étranges et menaçants à la fin du mois de février 2021." En premier lieu, il aurait reçu un appel d'une voix féminine — d'après lui différente de celle d'O'Donnell, dont l'accent Irlandais est prononcé — qui affirmait être l'assistante de l'avocat de Sharon, mais qui refusait de révéler son nom ou celui de l'avocat en question. La même femme aurait ainsi rappelé à plusieurs reprises, notamment pour se répandre en insultes, avant que le second témoin ne reçoive cette fois-ci un appel de menace provenant d'un homme. "Je pense que Shari leur a donné mon numéro et leur a dit de m'appeler pour m'intimider.", déclare le second témoin.
Par ailleurs, la déclaration mentionne le fait que Sharon O'Donnell n'aurait pas été honnête avec ses employeurs, et ce dès son recrutement. L'ancienne Assistante Exécutive aurait ainsi falsifié son CV — et tout particulièrement ses huit années d'expériences auprès de Larry Ellison, le fondateur d'Oracle. A la demande de ses références, elle serait allée "jusqu'à a créer de fausses identités pour deux de ses amis, [afin de] les lister en tant que Property Manager et Chief of Staff de M. Ellison."
Reste désormais à savoir quel verdict sera rendu par la justice. L'audience préliminaire est prévue pour le 27 avril prochain.