Le projet Colossus de Cloud9 prend encore un peu plus de poids. Très puissante dans l’industrie des compétitions de jeux vidéo, la structure de Jacques Etienne s’était promis de mettre sur patte une équipe ultra- compétitive, capable de redorer le blason du club sur la scène CS:GO. Une chose est sûre : elle semble vadrouiller sur la bonne voie.
La tâche s’annonce ardue, pour une entité dont le dernier sacre important remonte au Major de Boston en 2018, et qui n’a depuis pas réellement convaincu au plus haut niveau. Et c’est donc pour cette raison que les moyens ont été placés avec l’ambition de monter une équipe prête pour s’imposer en Europe.
Cloud9 a en effet annoncé en septembre dernier la création d’un nouveau roster aux allures de rassemblement plutôt sexy : ALEX (ex-Vitality), woxic (ex-mousesports), mezzi (ex-GamerLegion) et floppy (déjà chez Cloud9) ont ainsi été recrutés dans un premier temps, et l’attente autour d’un cinquième nom commençait à se faire lourdement ressentir.
C’est finalement es3tag qui a été annoncé aujourd’hui, en provenance d’Astralis. En fin de contrat chez Heroic l’été dernier, il avait rejoint une formation triple championne de Major en titre... et en crise. Crise due à l’épuisement professionnel de deux de ses stars : dev1ce et Xyp9x.
Sous le feu des critiques, et des observateurs, Astralis a ainsi eu quelques mois pour roder son peu répandu système d’équipe à six joueurs actifs, réalisant un turn-over en matière de participation aux compétitions. D’un tournoi à l’autre, voire d’une rencontre à l’autre, les joueurs se sont donc succédé sur la feuille de match. Ce qui a plutôt réussi à l’écurie danoise, puisqu’elle s’en allait remporter l’ESL Pro League — son dernier sacre majeur remontant à mai, avec l’ESL Road to Rio — il y a quelques semaines.
Bien que le flou continue d’être total autour des conditions de vie et de travail chez les joueurs d’Astralis (pour la structure, le problème vient de l’industrie elle-même et non de ses méthodes d’entraînement et sa gestion financière), le retour de Xyp9x s’apprête à se faire après 5 mois d’absence.
Astralis tournera donc désormais toujours avec six joueurs (les cinq cadres qui ont forgé sa légende, et Bubzkji en backup), alors que son directeur sportif, Kasper Hvidt, a maintenu public son désire de posséder un jour 10 joueurs de Counter-Strike au sein du club. Le hic ? Sûrement le fait d’avoir beaucoup médiatisé la politique de recrutement de joueurs supplémentaires au roster pour éviter les burnouts. Et que plusieurs mois plus tard, cela ait tourné au fiasco, avec le départ d’une des trois recrues, le niveau de jeu moyen d’une autre, quand la troisième fait davantage penser à une excellente opération commerciale — un joueur signé libre, puis revendu pour un gros pactole — digne des meilleurs techniciens de Football Manager.
Il faudra donc être patient, bien recruter, et/ou être capable d’éviter de nouveaux burnouts du côté d’Astralis, pour pallier le départ d’es3tag, dont le transfert serait « l’un des plus gros transferts jamais enregistrés » selon Anders Hørsholt, le CEO du groupe Astralis.
Côté Cloud9, le General Manager HenryG ne s’est pas fait prier pour annoncer la valeur totale du transfert : 2,1 millions d’euros selon ses dires. Une clarté plutôt innovante sur la scène Counter-Strike, où ce genre de chiffre est d’habitude flouté, et qui pose des questions quant à une uniformisation de la pratique pour les autres clubs à l’avenir.
En attendant, la première sortie de ce roster Colossus se fera dans le cadre du Betway Nine to Five 5, un tournoi de seconde zone qui aura toutefois la qualité d’accueillir quelques équipes du top 30 d’HLTV. Cloud9 n’a pas caché son ambition de passer également son roster à 6 quand un beau profil sera recrutable, et jouera bientôt sa seconde saison au sein de la ligue franchisée Flashpoint (9 novembre - 6 décembre) et son million de dotation.