- Je vais peek long A pour voir.
- *Boom* (4v5)
- Yes, ba y a un Operator en A.
Valorant est déjà impitoyable en temps normal, mais l'expérience de jeu est rarement plus rude que lorsqu'on se retrouve dans la lunette d'un Operator ennemi. L'arme tue d'une balle à travers une armure lourde, affiche moins d'une seconde de délai entre deux tirs et fournit la lunette qui va bien pour être dévastateur à n'importe quelle distance. Alors forcément, le reste de l'armurerie a l'air gentil à côté.
L'OP peut faire des ravages même entre les mains du premier Silver venu, alors vous imaginez bien que du côté des pros, ce n'est pas forcément la joie.
Pourtant, l'AWP, son homologue sur CS, ne déchaîne pas autant les passions. L'Operator tire un peu plus vite, emmène moins de balles et possède un crosshair qui facilite les quickscope. Mais passé ces menus détails, c'est pratiquement la même arme. Comment, dès lors, l'Operator peut-il avoir un impact aussi disproportionné ?
Gotta go fast
On ne va pas vous faire le coup de vous faire lire 20 minutes pour ne donner la réponse qu'à la fin, alors la raison c'est que les méthodes qui existent sur CS:GO pour contrer l'AWP sont soit indisponibles, soit nettement moins efficaces sur Valorant.
La première de ces méthodes, c'est le déplacement. Aussi évident que ça puisse paraître toucher une cible rapide c'est difficile, et les personnages de CS:GO sont très rapides. Quand un player model se met en mouvement sur CS:GO, son accélération est de l'ordre de 10x celle d'Usain Bolt dans la première seconde d'une course. C'est à un point tel que le Jigglepeek, qui consiste à montrer un bout d'épaule avant de disparaître pour faire tirer le sniper adverse dans le vide, est une technique aussi viable que répandue.
Sur Valorant, l'accélération est plus faible, la vitesse maximale est plus faible, même la vitesse d'accroupissement est plus faible. Un player model de Valorant est un player model de CS:GO sous Xanax. Ça a l'avantage de limiter le peeker's advantage, mais ça facilite aussi la vie des snipers.
Utiles utilitaires
Très bien : vous avez Jigglepeek, confirmé la présence d'un awper, et vous avez manqué la fenêtre pour le tuer pendant son animation de recharge. Il tient de nouveau la ligne et vous ne voulez pas rotate, que faites-vous ? C'est le moment soit de peek à plusieurs, soit d'utiliser de l'utilitaire, et aussi contre intuitif que ce soit, il y en a beaucoup plus dans CS et son setting réaliste que dans Valorant et ses agents à pouvoirs.
Votre compo Valorant emportera probablement un ou deux agents à smokes et un ou deux agents à flashs, pour une moyenne de 4 ou 5 smokes et flash pour toute l'équipe. Un full buy sur CS:GO, c'est 5 smokes et 10 flashs. C'est plus d'utilitaires, et surtout, c'est de l'utilitaire mieux réparti, n'importe quel joueur repérant une ligne tenue par un AWP pouvant utiliser ses propres grenades pour essayer d'avancer. La coopération ne régnant pas en solo queue, les chances pour qu'un joueur de Valorant tente de push un Operator sans avoir les outils pour le faire sont bien plus élevées que sur CS, et pour les snipers c'est un véritable cadeau.
L’efficacité des utilitaires n'est également pas la même. Une flash en pleine tronche sur CS, c'est pas marrant : 2 secondes d'aveuglement complet et un total de 5 secondes avant que les effets ne disparaissent totalement. Elles peuvent être chargées pour péter à la fraction de seconde où elles entrent dans votre champ de vision et lancées en cloche à 1 mètre comme à longue distance par-dessus les toits. En comparaison, Omen et Phoenix n'aveuglent qu'une seconde tandis que Breach ne peut rien faire sans une surface dédiée. Les flashs de CS sont donc plus versatiles, plus efficaces et deux fois plus nombreuses à chaque round que les flashs de Valorant.
Pour ne rien arranger, la nature unique des agents de Valorant leur permet parfois d'éviter les utilitaires qu'on leur envoie. Cette smoke placée B Haven pour aveugler le défenseur qui se tient à la porte ne servira à rien contre la Jett ou le Omen qui a utilisé ses capacités pour monter sur la box au milieu du point.
Alors que faire ?
Difficile à dire, car il est simple de trouver un contre-argument à toutes les propositions.
- Augmenter le prix de l'Operator : solution faible, l'arme est vue un peu moins souvent mais elle est toujours aussi frustrante lorsqu'elle est vue.
- Enlever l'Operator du jeu : peu souhaitable pour Riot qui se prive de l'arme la plus emblématique du jeu qu'il tente d'émuler.
- Limiter le nombre d'Operator à un par équipe : la communauté n'aime pas être limitée dans sa façon de jouer, demandez aux joueurs d'Overwatch s'ils étaient ravis de voir arriver la 2-2-2.
- Réduire la taille du chargeur pour forcer un rechargement complet tous les un ou deux tirs : tentant, mais ça prive les joueurs de leur "Hero moment" où cinq tirs d'OP bien sentis déciment une équipe entière, les highlights réels vont en pâtir.
- Attendre d'avoir davantage d'agents capables de contrer l'Operator : probablement la meilleure solution du lot. Elle comporte cependant 2 inconvénients : le temps nécessaire pour la mettre en place et la promesse d'un power creep qui rendra les agents actuels obsolètes.
La domination de l'Operator est une conséquence imprévue des modifications que Valorant a apportées à la formule CS:GO. Par chance pour Riot, l'arme est spectaculaire à regarder en compétitif et ne devient véritablement ingérable qu'entre des mains expertes. Les devs ne risquent donc pas la révolte dans l'immédiat et vont pouvoir mettre les prochains mois à profit pour trouver comment rendre l'OP... moins OP (on se marre bien quand même).
Le personnage "blague" des premiers jours de Valorant est devenu l'un des éléments définissant la méta. Jett doit-elle son succès à un Up ? Ou la communauté a-t-elle simplement réalisé quelque chose ?
