Sur League of Legends comme au football ou au basketball, la compétition ne s'arrête pas vraiment au sortir de l'arène — bien au contraire. En interview, en stream ou sur les réseaux sociaux, il n'est pas rare qu'un joueur professionnel ou une organisation s'adonnent au trashtalk ou au banter. Loin de constituer une réalité, ces petits écarts de conduite scénarisés conduisent souvent à des déferlements de punchlines plus violentes les unes que les autres. Et, on ne va pas se mentir, ça fait partie du spectacle.
En Europe, on est habitués à voir G2 Esports dominer les réseaux sociaux à coup de provocation bien placée, mais le secret de leur communication repose sur leur domination du LEC. Au lendemain des défaites, il devient beaucoup plus dur d'assumer les tirades arrogantes de la veille — bien que le patron des Samourais, Carlos "ocelote" Rodríguez Santiago, soit devenu un maître en la matière.
Force est pourtant de constater que les champions du monde sortant, FunPlus Phoenix, sont chinois ; tout comme Invictus Gaming, les vainqueurs de l'édition 2018. Du haut de ce trône bâti sur ces deux titres consécutifs, il est bien normal que la LPL s'arroge le droit de banter et de trashtalk — d'autant plus que les joueurs chinois jouent à domicile.
On vous épargnera la traduction de la totalité des commentaires, pour se concentrer sur les plus brûlants — ceux qui méritent le détour. Ca commence fort, avec Hung "Karsa" Hao-Hsuan, le jungler Taiwanais de Top Esports, qui pointe le doigt vers la caméra :"Doublelift, le seul game qu'il te reste, c'est ton trash talk game. Attends, aujourd'hui tu portes même le déchet que tu avais jeté." Et le célèbre "Everyone else is trash" (Tous les autres sont des déchets) du célèbre ADC américain d'apparaître à l'écran, tandis que le focus de la caméra se fait sur le hoodie du joueur et sur le logo de Team SoloMid.
Vient ensuite Zuo "LvMao" Ming-Hao, support de JD Gaming qui, comme une piqûre de rappel douloureuse, promet que la finale des Worlds 2020 se conclura à nouveau par un 3-0. Mais honnêtement, celle là, on l'attendait. Cela dit, le fait de revoir les instants où tout s'est effondré suffit à nourrir une rage de vaincre qui, on l'espère, parviendra d'Europe à Shanghai. "On est 3, vous êtes 0", scande LvMao — et on doit reconnaître que la moutarde commence à monter au nez.
Les quelques pics ciblant les NA semblent facile à encaisser, d'autant qu'on tombe assez facilement d'accord avec. Comme le dit le jungler de Suning, Lê "SofM" Quang Duyde : "Le seul espoir de l'Amérique du Nord n'est même pas là, je ne sais vraiment pas ce que vous attendez." Par contre, lorsque le support de LGD Gaming Ling "Mark" Xu s'attaque à G2 Esports, on se retient de fracasser notre clavier en hurlant. D'autant que nous remontrer le 1v1 de l'année dernière opposant Perkz à Doinb revient presque à une déclaration de guerre. "G2, si vous vous battez pour être l'équipe la plus joyeuse, LGD vous égalera," affirme Mark en se déhanchant, semblant vouloir alors gagner la bataille du ridicule. On lui laissera cet honneur.
Mais la brûlure la plus profonde vient sans doute de Yu "JackeyLove" Wen-Bo, actuel ADC de Top Esports, et ancien champion du monde avec Invictus Gaming en 2018. Il faisait alors partie de la formation qui avait mis fin aux espoirs de Fnatic en finale — et rien que pour ça, la moindre de ses sorties devient presque personnelle.
"Allez Perkz, si tu avais utilisé tout ton génie de Twitter sur League, tu ne te serais pas fait autant malmené en finale [des Worlds 2019]."
Ca y'est, la souris a volé par la fenêtre.
La LPL "envoie ses compliments" aux équipes occidentales les plus célèbres, et on attend désormais une réponse des intéressés — le popcorn à la main et les yeux rivés sur notre feed Twitter. Reste à savoir si Perkz ou Doublelift sortiront de leur ermitage fait de soloqueue pour venir s'intéresser aux pics des joueurs chinois... S'agissant de G2 Esports, on imagine mal l'équipe de communication rester muette face à une telle bravade — surtout quand on connaît leur talent à banter.