Six. Voici le nombre de joueurs internationaux ayant mis en pause leur carrière de professionnel de CS:GO, depuis le début de l’année. Le contexte lié à ce rythme d’une coupure forcée - pour cause de burn-out - par mois ? Il est simple. Puisqu’il s’agit des conditions d’exercice de la discipline, très difficiles (dont un calendrier aussi chargé qu’un soda l’est en matière de sucre), poussant au développement de symptômes d’épuisement et de stress.
Sur ce laps de temps, certains n’ont pas tardé à dégainer leur meilleur arrêt maladie, à l’instar de Lukas « Gla1ve » Rossander, artisan des nombreux sacres de la meilleure équipe de tous les temps sur CS:GO, aka Astralis. Doublement touchée par ce phénomène en l’espace d’une dizaine de jours, la structure danoise a dû s’exprimer publiquement. Et c’est Kasper Hvidt, directeur sportif de son effectif depuis 2017, qui a dû s’y coller.
Le gourou de la méthode RFRSH - révolution sportive, sanitaire et philosophique imposée dans le l’identité du club nordique, dont certains traits ont rayonnés jusqu’à toucher l’ensemble de la scène -, qui a fortement contribué à la domination de la formation triple championne de Majors en titre, n’y est pas allé par quatre chemins. Au travers de son texte intitulé « Nous avons besoin d’un changement », ce dernier sonne l’alarme : « Il n’y a qu’une chose que nous regrettons dans la décision d’augmenter la taille de l’effectif d’Astralis : nous aurions dû le faire il y a des années. Le message de protection de la santé mentale et physique de nos joueurs est essentiel pour le futur de notre milieu (…) La pression qui repose sur les épaules d’un joueur professionnel de CS : GO aujourd’hui est inhumaine. Nous avons fait beaucoup pour éviter la fatigue et les burnouts, en mettant la priorité sur certains tournois afin de permettre aux joueurs de se reposer et d’avoir une vie privée. Nous avons travaillé sur le plan mental, physique, le sommeil et d’autres domaines. Sans cela, nous n’aurions pas vu Astralis en tête de tous les classements aussi longtemps qu’on l’a fait. Tout le mérite doit être accordé aux joueurs aussi, car en plus d’être incroyablement compétents, ils se sont adaptés et ont adopté toutes les nouvelles pratiques et habitudes ».
L’ancien gardien de Handball de la sélection danoise - n’épargnant pas le milieu compétitif des jeux vidéo et ses problématiques - d’approfondir : « Ce n’est pas une industrie saine lorsque les équipes et les joueurs sont punis pour avoir pris des pauses et avoir été remplacés, quelle qu’en soit la raison. Ce n’est pas sain pour l’écosystème, que des joueurs soient appelés en tant que remplaçants (de dernière minute, N.D.L.R) pour subir encore plus de pression dans un nouvel environnement avec de nouveaux coéquipiers et une façon différente de jouer. Il n’est pas sain de voir des membres éminents de la scène qualifier des joueurs en burn-out de menteurs. Cela met encore plus de pression sur les joueurs, car les fans adhèrent aux conspirations et font des joueurs ou des équipes les méchants. Ce n’est pas juste, c’est destructeur, et nous devons tous contribuer à changer cette culture ».
Kasper a-t-il raison dans ce qu’il déclare ? Son neo-slogan We Need a Change pourra-t-il toucher l’ensemble des acteurs de l’industrie e-sportive ? Il se pourrait bien que oui. Il se pourrait surtout que cela devienne une obligation, histoire de préserver l’intégrité des premiers acteurs de l’e-sport, à savoir les joueurs. Le phénomène n’est pas propre à la scène de Counter-Strike, et touche d’autres e-sports, comme League of Legends, qui vient tout juste d’apprendre le départ en retraite d’une de ses stars, Uzi, pour cause de… burn-out.