La rumeur courait depuis les premiers jours de l'année. L'ancien joueur des Fnatic, Broxah, annoncé chez Team Liquid en remplacement du vétéran Xmithie, est actuellement privé de visa pour concourir dans les LCS de League of Legends à Los Angeles, Californie.
L'information, confirmée par ESPN ce jeudi, indique par ailleurs que le jungler de l'équipe académie, Shernfire, est en ce moment retenu en Australie pour des problèmes du même ordre. Dès l'ouverture du Spring Split 2020, qui se tiendra le 25 janvier prochain, le nouveau "Positional Coach" Pobelter, midlaner de l'équipe en 2018, assurera l'intérim au poste de jungler.
L'imbroglio autour de la régularisation de Broxah auprès de l'administration américaine est le dernier épisode d'une longue série de ratés en matière de transferts. L'année passée, le toplaner des MAD LIONS, Pavle "Yoppa" Kostic, avait laissé le champ libre à l'équipe Misfits Premier en European Masters, interdit de demi-finale à Londres à cause d'un problème de statut. En janvier 2016, Echo Fox avait dû déclarer forfait dès l'ouverture du Spring Split — une première dans l'histoire des LCS —, incapable d'aligner une équipe au complet après le mercato en raison de l'absence de visas conformes pour ses recrues.
Le cauchemar des grandes équipes occidentales
Depuis juillet 2013, League of Legends est défini comme un « sport professionnel » par le bureau de l'immigration américaine. Ce qui implique la possibilité pour les structures professionnelles des LCS d'exercer la demande de visas P-1A, dédiés aux athlètes, ou de visas P-1S pour leur staff. À la différence que ce dernier doit faire l'objet d'une demande de renouvellement au moindre changement d'employeur.
Chaque année, les équipes nord-américaines ont beaucoup de difficultés à influer sur le délai d'obtention de ce genre de documents, qui sont des visas « grand public » qui s'adressent à la fois aux sportifs, aux artistes, ou encore au secteur du divertissement. Les joueurs professionnels étrangers souhaitant évoluer aux U.S. doivent justifier, entre autres, d'avoir atteint « un statut de reconnaissance internationale dans le sport », comme l'exige le Immigration and Nationality Act.
Limités à 25 000 exemplaires délivrés par an, les visas P rendent la vie dure aux LCS, la première ligue au monde à se différencier sur la qualité de ses imports de joueurs. Avec, particulièrement cette année, un appétit pour l'Europe (deux fois finaliste aux Worlds 2018 et 2019) au regard des transferts de Broxah, Jiizuké, Kobbe ou le français Eika dans la région.
Pour ne plus avoir à être confronté au cas que traverse aujourd'hui l'ancien jungler des Fnatic, l'Allemagne, qui abrite le LEC (la ligue européenne ancrée à Berlin), a pris les devants. Le gouvernement fédéral a voté fin décembre un projet de loi sur la création d'un « visa esport » pour les ressortissants non européens. Selon une procédure simplifiée et sous la responsabilité de l'ESBD — la fédération d'esport allemande —, l'administration sera en mesure de proposer efficacement un visa de résidence permanente aux joueurs professionnels dès le printemps 2020.
Il y a quatre ans, le refus opposé au joueur russe Diamondprox de rejoindre les Unicorns of Love en LCS EU, pour cause de visa, avait pointé du doigt les lacunes de la législation allemande en la matière. La controverse avait alors conduit Diamondprox à rejoindre les GAMBIT, avec lesquels il concourt encore aujourd'hui dans la ligue russe (LCL).
Dans un registre moins pessimiste, Broxah devrait parvenir à trouver une issue pour rallier les États-Unis dans les prochaines semaines, avec le soutien de Riot Games. Pour l'instant, le Danois de 22 ans ne s'est pas encore exprimé sur sa situation, qui embarrasse tout autant la communication de Team Liquid en ce début de saison.
Avec l'empêchement de son précieux jungler titulaire, l'équipe quadruple championne des LCS marque surtout un vrai coup d'arrêt par rapport à une concurrence qui s'est renforcée au mercato, Cloud9, Evil Geniuses et TSM en tête. En dépit du fait de devoir faire une croix temporaire sur leur seule recrue de l'hiver, les Liquid de Doublelift maintiennent l'objectif affiché d'établir un nouveau record : celui d'un cinquième titre consécutif au printemps, avec en prime un ticket pour le Mid-Season Invitational.
En ouverture du LCS Spring Split 2020, Team Liquid affrontera Cloud9, le samedi 25 janvier à 23h00, heure française.