La nouvelle a fait l'effet d'une bombe en Chine. Condi, le jungler de LGD Gaming, a été suspendu par les autorités de la LPL après des soupçons de triche organisée depuis 2018. Accusé d'avoir amoindri ses performances à plusieurs reprises, le joueur de 22 ans écope d'une condamnation de dix-huit mois de placard. La teneur de la sanction pourrait mettre un terme à la carrière du jungler chinois.
Après investigations, la LoL Pro League affirme dans un communiqué officiel avoir pris connaissance de la récurrence d'infractions anticoncurrentielles au sein même de LGD Gaming. Dans l’œil du cyclone, Condi est visé par les enquêteurs pour « violation du fair-play, influence pour une concurrence déloyale et tentative d'influence sur le jeu ou les résultats en contournant les règles établies ». La suspension de l'ancien pensionnaire de Team WE prend effet aussitôt et court jusqu'en décembre 2020.
Le manager de l'équipe, Xiang "Hesitate" Ren-Jie, est banni à vie du circuit compétitif pour avoir « participé à l'inconduite qui a affecté la concurrence déloyale et pour avoir tenté d'utiliser sa position pour influencer les matchs ou les résultats des matchs ». Deux autres membres de LGD, un joueur de l'équipe réserve et un membre du staff, sont également nommés dans les résultats de l'investigation et essuient dix mois de suspension chacun.
LGD au cœur du scandale
L'équipe a réagit à son tour aux accusations qui touchent plusieurs de ses membres via un communiqué. Pour LGD Gaming, les violations à répétition du règlement dès le début du segment de printemps sont des actes isolés. La structure a tenu à présenter ses excuses aux organisateurs et « à tous les fans d'esport en Chine ». La formation, arrivée en onzième position au Spring Split, ajoute que « le club continuera à renforcer son auto-examen, la supervision de la majorité des joueurs, améliorera le système de supervision et de gestion du club et mettra résolument un terme à de tels incidents ».
LGD Gaming a précisé « assumer toutes les responsabilités dans la gestion du personnel susmentionné » et a annoncé dans la foulée la résiliation des contrats de tous les membres de l'équipe mis en cause par la ligue.
Après les regrets, place au grand déballage. Condi s'est confié brièvement sur sa sanction depuis ses réseaux sociaux, où il compromet sans détour son manager, Hesitate. Le joueur chinois reconnaît avoir enfreint le règlement une fois seulement de son propre chef et se défend d'avoir un jour voulu fausser les résultats d'un match en LPL.
Condi se dit victime d'une tentative de chantage de la part de son manager qui lui aurait intimé l'ordre de perdre volontairement plusieurs parties. Une attitude que le jungler vétéran n'a pas hésité à dénoncer auprès des officiels de la ligue malgré la sanction encourue pour tricherie.
À 22 ans, Condi est surtout connu en Chine pour avoir été pendant trois ans le jungler titulaire de Team WE et acteur de la belle épopée de l'équipe en 2017. Champion du Spring Split il y a deux ans et quatrième au MSI cette année là, Team WE avait réussi à arracher sa qualification aux Worlds en fin de saison, trois à deux face à Invictus Gaming.
La grande famille des bannis
La peine infligée à Condi est exemplaire. Avec dix-huit mois de privation de compétition, la lourde sanction appliquée au jungler LGD rappelle celle infligée à Li "Vasilii" Wei-Jun, en novembre 2017. Dans un tout autre registre, l'ancien carry-ad chinois des Vici Gaming avait écopé de quatre-vingt semaines de suspension après avoir agressé physiquement sa petite amie, nécessitant l'intervention des forces de l'ordre sur place.
La politique éthique des organisateurs, toutes ligues confondues, a toujours été intransigeante vis-à-vis des joueurs sur le comportement à adopter en jeu mais aussi sur la place accordée au respect dans la compétition. En décembre 2017, Kim "Khan" Dong-ha, alors toplaner des Longzhu en LCK, avait écopé d'un match de suspension et d'un million de won d'amende (soit 920$) pour avoir affirmé en stream que « quatre chinois ensemble ne pouvait pas gagner ». Pour l'anecdote, l'actuel toplaner des SKT T1, très affecté, avait été jusqu'à se raser les cheveux comme acte de contrition.
En mars 2018, le toplaner des KINGZONE DragonX, Kim "Rascal" Kwang-hee, avait été écarté indéfiniment des terrains par Riot Games après un trait d'humour noir sur le sort tragique de l'ancien président sud-coréen, Roh Moo-hyun. Le joueur, âgé de 20 ans au moment des faits, avait du formuler des excuses publiques.
« L'affaire LGD » n'en finit pas de présenter certaines similitudes avec le cas "Dragon Gate". Le nom de cette équipe taïwanaise, bannie du circuit de la LMS en avril dernier, avait défrayé la chronique après avoir admis des pratiques de match-fixing et de paris illégaux.