Disponible le 25 juin prochain en exclusivité sur PS4, Judgment nous propose de voir Kamurocho sous un autre angle, via le personnage de Yagami, ex-avocat devenu détective privé.
- Genre : Action, Aventure
- Date de sortie : 25 juin 2019
- Plateforme : PS4
- Développeur : Ryu Ga Gotoku Studios
- Éditeur : Sega
- Prix : 49,99€
- Testé sur : PS4 Pro
Juge et bourreau
Enième retour à Kamurocho pour ce Judgment donc, la Millenium Tower est toujours bien en place, le Club Sega également, et avec l'habitude de déambuler dans ses rues avec Kiryu, on aurait pu croire que ça serait la fois de trop. C'est en partie le cas, mais l'équipe derrière les jeux Yakuza a tout de même réalisé un excellent travail d'ambiance pour que les habitués se sentent un petit peu dépaysés. Cela passe par une colorimétrie bien plus froide, des environnements plus modernes, mais aussi et surtout par la présence de Yagami, notre nouveau héros. Avocat talentueux, le pauvre bougre s'est retiré de la profession après avoir disculpé un homme qui s'est remis à tuer dès sa remise en liberté. Devenu détective privé, Yagami garde tout de même quelque affiliation avec les yakuzas, puisqu'il a été élevé par le chef de la famille Matsugane, une filiale du clan Tojo (le fameux). En passant de l'autre côté de la barrière, et en frôlant parfois avec l'illégalité, le jeune détective va se retrouver mêlé à une affaire de meurtres en série qui va faire trembler, une fois encore, le quartier malfamé de Kamurocho.
Avec un postulat de départ moins sexy, et le souvenir encore un peu trop vif de la saga Kyriu, difficile pour Judgment de se comparer à l'immense saga Yakuza, et pourtant... Le titre réussit à nous emporter dans son histoire, avec quelques fulgurances de mises en scène, des cliffanghers bien placés et une écriture efficace, comme d'habitude avec ce studio de développement. Quelques soucis viennent cependant briser l'immersion : le rythme, beaucoup trop haché de l'aventure, pourrait en laisser certains sur le carreau, le jeu fait pourtant des efforts pour ne pas se montrer trop bavard, mais l'enchainement des phases de jeu et des cutscenes n'est pas toujours très heureux. La réalisation de ces dernières laisse également parfois à désirer, avec une synchro labiale robotique et un manque d'expressions faciales qui fait tâche, comme dans Yakuza finalement. A noter que Judgment bouge un peu les choses niveau quête annexe, puisqu'il introduit un système de réputation basé sur des services à des amis, qui permettent ensuite de débloquer des missions secondaires : pourquoi pas, cela ne change pas grand chose à la manière de parcourir ce type de contenu, tout de même moins réussi que dans Yakuza.
L'avocat du Diable
En bon héritier de la saga Yakuza, Judgment propose un mini Action-RPG, avec des combats de rue type beat them all, en rencontre aléatoire, et un "monde" rempli d'opportunités de se faire des points de compétences à débloquer dans plusieurs arbres différents. Une fois encore, les gens qui auront eu le bon goût de dévorer l'ère Kazuma sauront à quoi s'en tenir, pour les autres, il ne s'agit de rien de bien compliqué et le jeu va s'échiner à tout vous expliquer petit à petit au cours des premières heures de jeu. Mais le spin-off a d'autres arguments à faire valoir : un gameplay enquête dispatché en plusieurs petits ateliers mini-jeux, du gros classique. Vous allez devoir balayer votre écran à la première personne pour trouver des indices, crocheter des serrures, utiliser les bonnes clés aux bons endroits, etc. Autant être franc directement, il s'agit du gros point faible de Judgment. L'ensemble de ces éléments de gameplay ne fonctionnent pas, sont mal intégrés et hachent d'autant plus le rythme de l'histoire.
Voir Yagami se prendre automatiquement une porte avant de la crocheter casse directement l'immersion et pourrait même venir à bout de la patience de certains joueurs. Mention spéciale aux filatures, trop longues, ennuyeuses et techniquement indigentes qui parsèment l'aventure. Les combats pâtissent également d'une grosse régression par rapport à Yakuza et le moveset de Yagami et de ses styles loupent le coche. Notre privé est beaucoup plus agile que le massif Kazuma Kiryu, mais ses animations et ses combos ne conviennent pas franchement à chorégraphier les combats de manière convenable. Dans le même ordre d'idée, des attaques EX avec des objets sont carrément repompés de la série Yakuza. Côté activités farfelues, on notera l'absence remarquée du karaoké, alors que des jeux en VR et de la course en drone font leur entrée. C'est raccord au thème, mais c'est tout de même bien plus passe-partout et mois fendard que les fantaisies entrevues chez son voisin.
De bon aloi
Dès les premiers instants aux commandes de Yagami, on sent que le studio a peut-être eu un peu moins de budget pour ce projet annexe : textures qui laissent à désirer, modèles de personnages sommaires lors des cutscenes mineures, quelques ralentissements... Bref, Judgment s'en sort de justesse grâce à son quartier ouvert sans temps de chargement pendant la navigation entre les bâtiments, du 60 images par seconde solide et de belles ambiances dans l'éternel quartier de Kamurocho. Et puis, chose inédite en France : le jeu est enfin sous-titré dans la langue de Molière ! Aucun épisode de la saga Yakuza n'a encore eu le droit à ce traitement, et rien que pour avoir un Yakuza 7 entièrement traduit, on vous recommanderait bien d'acheter ce Judgment pour convaincre tonton Sega de faire de même pour les prochaines productions Ryu Ga Gotoku Studio.