Sorti le 5 juin 2019 en accès anticipé sur Steam à 24,99€ (en promotion à 21,24€ jusqu'au 12 juin), Barotrauma est un jeu de survie à bord d'un sous-marin au sein d'une mer de glace située sur l'un des satellites de Jupiter. Développé par FakeFish et Undertow Games, et édité par Daedalic Entertainment, ce titre qui peut se jouer en solo comme en multijoueur coopératif a obtenu le prix de meilleur jeu hardcore lors de la Game Connection Europe 2018 où il avait aussi été nominé au titre de la licence la plus prometteuse et du meilleur titre hardcore console/pc. Autant dire que c'est un jeu qui ne vous fera pas de cadeaux et dans lequel vous allez mourir souvent, plus ou moins rapidement suivant les parties, que ce soit noyé, brûlé, dévoré par un monstre marin extra-terrestre, assassiné par les traîtres qui se cachent à bord, ou encore bien entendu des conséquences d'un barotraumatisme.
Europe, terre de migrants
À une époque pas si lointaine que cela, il est devenu difficile de trouver un endroit habitable. Et c'est sur Europe, un satellite de Jupiter entièrement constitué d'eau et recouvert de glace, que l'humanité à posé ses valises. C'est donc à bord de stations sous-marines (colonies et avant-postes) qu'elle mène sa nouvelle vie, reliant les différents points grâce à des sous-marins à bord desquels vous allez prendre place en tant que membre de l'équipage. Malheureusement, les choses ne sont pas si simples, les avaries sont fréquentes et la faune locale, souvent agressive, cherchant à défendre son territoire de l'envahisseur que vous êtes. Aussi, il faudra faire preuve d'une bonne coordination pour espérer survivre jusqu'à son point d'arrivée où l'on pourra alors réparer les dégâts de manière plus sereine avant de repartir vers sa nouvelle destination en s'enfonçant toujours plus profond dans les entrailles d'Europe.
Au début de chaque campagne solo, il nous faut commencer par choisir notre sous-marin : 5 modèles sont actuellement proposés (Dugong, Orca, Typhon, Humpback et Remora) ainsi que 4 navettes de réapparition. Chacun présentera une difficulté plus ou moins importante compte tenu de ses caractéristiques (rapidité, maniabilité, armement, fiabilité moteurs, consommation électrique, taille de l'équipage nécessaire). Le jeu nous place au départ dans une station aléatoire à partir de laquelle nous chercherons à rejoindre le centre (qui n'est pas encore accessible) d'une carte se présentant comme une toile d'araignée.
À nous donc de choisir notre prochaine destination en fonction des embranchements accessibles à partir de notre position, ainsi que la mission que l'on veut réaliser (transport de matériel, élimination de monstres). Il est aussi possible de ne pas prendre de mission afin de réduire les risques, mais ce serait alors se priver de la récompense qui va avec et dont nous aurons bien besoin une fois rejoint une station pour faire les réparations nécessaires, mais aussi embaucher de nouveaux membres d'équipage (certains ayant notamment pu périr en route) et passer par la boutique pour s'équiper. Une fois bien préparé, il ne reste plus qu'à se détacher de la station et prendre la route en espérant survivre jusqu'à notre destination compte tenu des nombreuses avaries qui ne manqueront pas de survenir et autres attaques de monstres aliens dont certains pourront même percer la coque pour entrer à bord, créant ainsi des entrées d'eau auxquelles il faudra remédier une fois débarrassé des intrus.
Claustrophobes s'abstenir
Sous-marin oblige, nous nous déplaçons dans un environnement à la fois étroit et sombre, sans parler des fonds marins à peine visibles qui, notons-le, sont générés aléatoirement au même titre que les évènements pour que chaque partie soit unique. En quittant le submersible en combinaison de plongée pour récolter des ressources et visiter des épaves ou ruines aliens afin de trouver des artefacts rares, l'angoisse s'installe ainsi rapidement, car de nombreux dangers nous guettent tapis dans le noir. Le jeu, tout en 2D, rappelons-le, se contente de plus d'une musique minimaliste, voire totalement absente, ce qui n'arrange pas les choses.
Entièrement traduit en français désormais, sauf la partie customisation sur laquelle nous reviendrons un peu plus loin, le titre propose des graphismes corrects, mais nous a surtout marqué par ses animations à la ramasse. Un gros travail reste encore à faire à ce niveau-là pour rendre les choses plus crédibles. Pour donner un exemple, les personnages étant gérés comme des ragdolls, en arrivant en bas des échelles, ils s'écrasent dans des positions fort inconfortables. De même, il n'est par rare qu'ils prennent des postures improbables lors des phases de réparation, avec parfois les bras dans le dos, sans parler des étranges massages cardiorespiratoires ou des monstres qui volent à des kilomètres lorsqu'on les frappe avec une matraque électrique. Et pourquoi s'orientent-ils toujours en direction du pointeur de la souris, se retrouvant alors fréquemment à marcher à reculons ? Nous ne sommes certes pas face à un titre qui mise sur le réalisme de ses animations, mais tout de même, c'est déroutant.
Si la campagne solo a le mérite d'exister, elle s'avère particulièrement difficile à mener à bien. On peut en effet passer d'un personnage à l'autre en un instant pour changer de poste, mais il est fort compliqué d'être partout en même temps et qui plus est au bon moment. Il faut donc donner des ordres aux autres membres d'équipage et s'appuyer sur l'IA, mais celle-ci reste limitée et surtout ne prend pas de décision par elle-même. Et quand on sait que la moindre erreur, la moindre réaction un peu trop tardive à un évènement, sera bien souvent fatale, on comprend que la tâche est ardue tant on se retrouve vite submergé. Il est donc préférable de se faire la main auparavant sur le mode multijoueur, après être bien entendu passé par le tutoriel, en s'exerçant ainsi plus sereinement à chaque fonction (mécanicien, ingénieur, officier de sécurité, médecin, capitaine).
Et puis c'est tout de même là l'essence même du titre, conçu avant tout pour une aventure sociale en coopération avec usage du chat vocal. Entre amis, tout particulièrement, cela peut de fait s'avérer assez drôle. Il est possible ici de rejoindre un serveur, mais aussi d'en héberger un en définissant de très nombreux paramètres tels que le nombre de joueurs qui peut aller jusqu'à 16, mais aussi un accès par mot de passe pour le privatiser ou non, accepter ou pas la réapparition après une mort (via les navettes) en définissant le temps d'attente et le nombre de joueurs minimum, autoriser ou non les spectateurs... Le choix du sous-marin et du mode de jeu (mission, campagne, sandbox) peut être imposé, déterminé de manière aléatoire ou soumis au vote. Chaque partie se joue en manche qui se termine soit lorsque la destination est atteinte soit par vote avec un pourcentage de vote requis à définir. Enfin, il est possible d'autoriser ou non la présence de traître à bord, ce qui apporte alors un niveau de tension supplémentaire intéressant. Si vous êtes désigné comme traître, votre mission pourra alors être de tuer le capitaine.
Micro-gestion et apprentissage par l'erreur
Cinq postes clé sont à pourvoir dans Barautroma : le mécanicien, chargé de gérer les fuites ainsi que s'occuper des réparations mécaniques et électriques, l'ingénieur, qui doit régler aux petits oignons le réacteur nucléaire et entretenir les boîtes de raccordement avec tout le câblage vers les différents objets à alimenter, le médecin, dont le rôle est de soigner les différentes parties du corps endommagées des autres membres d'équipage et de lui-même, l'officier de sécurité, chargé de se débarrasser des traîtres et des visiteurs indésirables à l'extérieur comme à l'intérieur du sous-marin, et le capitaine qui donne les ordres et est responsable des manœuvres.
Chacun peut intervenir dans tous les domaines, mais cela est bien plus efficace s'il s'agit de la personne appropriée. Certaines actions ne sont d'ailleurs même pas possible si vous ne disposez pas de la compétence suffisante, compétence qui s'accroît en pratiquant. De très nombreux matériels sont disponibles avec chacun leur utilité propre. On peut les trouver dans les casiers, les acheter dans les stations ou alors les fabriquer en trouvant les pièces nécessaires ou en désassemblant d'autres objets pour cela, comme les bouteilles de plongée afin d'obtenir l'aluminium nécessaire à la conception des extincteurs.
Une fonction de personnalisation est enfin proposée, permettant de créer ses propres sous-marins et créatures que l'on peut ensuite partager sur Steam Workshop. L'éditeur et les outils de modding ne sont par contre encore disponible qu'en anglais et aucune documentation n'est accessible ni aucun tutoriel proposé. Vous êtes donc invité à vous retourner vers le Wiki, le Discord et les forums du jeux si vous voulez en apprendre plus sur son fonctionnement. Le titre est, ne l'oublions pas, en accès anticipé, et de nombreux éléments font encore défaut, que ce soit au niveau du lore dans le cadre de la campagne solo ou des missions encore absentes comme le transport de personnes ou le sauvetage d'épaves. L'équilibrage s'améliorera également avec le temps bien entendu.
Barotrauma est un bon petit jeu dans lequel on peut passer de bons moments à condition d'accrocher avec son concept. Il s'agit en effet clairement d'un jeu de niche qui ne se destine pas au premier venu, mieux vaut être prévenu, d'autant que son prix, surtout pour un titre qui est encore en accès anticipé, peut sembler un peu élevé. Avant de le maîtriser, il va falloir s'investir un bon moment et enchaîner de nombreuses parties pour bien cerner tous les petits détails qui feront la différence entre une fin lamentable au fond des abysses d'Europe et une mission couronnée de succès. Même si cela s'avère plus accessible en coopération, le jeu n'en demeure pas moins ardu, surtout lorsque l'on joue avec des inconnus avec qui il faudra déjà arriver à se coordonner, à condition qu'eux mêmes jouent le jeu et ne cherchent pas simplement à faire de vilaines blagues en sabotant le navire volontairement, en dehors de toute notion de traîtrise imposée par le jeu. De plus, la courbe d'apprentissage étant importante, se retrouver avec des joueurs qui n'en sont pas au même niveau que vous et ne réagissent pas correctement ou assez vite, compromettra rapidement la mission, ce qui peut vite faire rager.
Barotrauma semble en être encore au stade expérimental, mais cela est compréhensible pour un jeu en accès anticipé. Il reste encore pas mal de travail à faire, notamment sur les animations ragdoll des personnages, mais de nombreuses idées fusent dans ce titre, que ce soit dans les modes de jeu ou les différents éléments à gérer pour rester en vie. S'il est évident que le titre est essentiellement orienté multijoueur, la présence d'une campagne solo, bien qu'encore inachevée et présentant un réel défi au vu de l'IA des bots qui nous accompagne, est à saluer. Il y a en tout cas de quoi bien rigoler en coopération, surtout entre amis et avec la présence de l'option traîtres à bord. Un jeu qui ne se destine toutefois pas à tout le monde, mais à surveiller de près pour voir la direction que prendra son développement avant sa sortie.
Ce jeu, disponible uniquement sur PC en attendant sa sortie sur PS4 et Xbox One plus tard dans l'année, nous entraîne au cœur des secrets cachés d'un petit village de la campagne norvégienne des années 20.
