Les Entry
Kantoraketti (G2 Esports) : Deux Pro League et deux Majors, dont les « worlds », sous le coude à seulement 20 ans : tout laisse à penser que Juhani Toivonen s’inscrira un jour comme le seul et unique boss du game. Reste qu’en attendant, le Finlandais trapu ne pourra se rendre aux prochaines Finales de Pro League. La faute à quoi ? À une très mauvaise saison sur un plan collectif de G2 Esports, la formation qu’il avait conduite à son deuxième sacre au Six Invitational en février dernier. Élu meilleur combattant du Six Major de Paris à l’été 2018, celui qui serait le cousin de Bounssi vit donc un moment d’équipe difficile, mais bénéficie tout de même d’une franche réussite en guise de réconfort : celle de rester à jamais dans les mémoires comme le gars le plus efficace de la neuvième édition du Championnat d’Europe de Rainbow. Et toc !
À bien des lieues du style de jeu d’un Ash Main-toto, Kanto maîtrise en effet tout un panel de qualités qui lui ont permis d’exploser (à nouveau) les compteurs de stats : meilleur artificier de la période avec 147 kills en 152 rounds, soit 0,97 élimination par séquence de jeu, mais pas seulement ; puisque Kanto fait aussi figure de meilleur ouvreur devant Leongids et Joystick avec pas moins de 36 open kills, et une propension à finir une manche en vie deux fois plus grande que ses deux homologues. Avec des déplacements félins, une limpidité dans son positionnement, un skill défiant toute logique et une incroyable lecture du jeu, le tappaja est sûrement le meilleur joueur d’Europe, voire du monde à son poste et il l’a une nouvelle fois prouvé.
Aceez ( LeStream Esport ) : Ne vous fiez pas à son allure de bon vivant posée sur un corps d’ourson ; Maurice Erkelenz peut être très violent et très dangereux en matière de Rainbow Six. Le Germain, vivant une évolution rectiligne de sa carrière, a réalisé une saison de Pro League aboutie et valorisante sur tous les points - l’individuel en tête. C’est dire si sa valeur marchande a du croitre comme la vente des gilets jaunes durant le règne de Macron 1er. C’est dire aussi si en guise de témoignage de son incroyable « step up » , le mastard allemand a collé aux basques de Kantoraketti ( voir ci-dessus ) sur quasiment toutes les métriques qui permettent à l’heure actuelle de juger un entry dans la discipline esportive reine d’Ubi. Sauf en termes d’open kills, où Maurice a dû se partager les chocosuisses avec ses compagnons Uuno et Risze, là où un Kanto a assumé cette facette de manière plus autonome chez G2.
Avec une moyenne de 0,96 kill enfilé par round et près de 60% de ses duels directs remportés ( il est le deuxième joueur le plus efficace en gunfight du Championnat, toujours derrière Kanto ), le Panzer a très logiquement rempli ses objectifs et permis à LeStream Esport de se placer sur la carte des Finales de saison 9. Déjà très bon sur la première partie de saison, le Barbe Rousse allemande est même l’un des seuls à avoir encore davantage progressé en termes de résultats personnels sur une seconde moitié de saison qu’il clôture en totale roue libre. Prenez-le pour compte : si Aceez parvient à maintenir ce niveau à Milan, l’événement risque de tourner au sale quart d’heure pour ses adversaires.
Le Flex
Pengu ( G2 Esports ) : Après 5 finales consécutives disputées ( pour 3 remportées ), Niclas Mouritzen se prépare psychologiquement à rater le prochain grand rendez-vous de la Pro League. C’est un fait : celui que l’on dépeint souvent comme le plus complet, le plus polyvalent et le plus titrée de la scène Rainbow Six, regardera le show de l’extérieur. Un autre fait indéniable : cela ne l’a pas empêché d’atteindre une constance impressionnante sur l’ensemble de la saison européenne, malgré la contre-performance de son équipe G2 - aux rouages forts rouillés. Pour la dégripper, il aura pourtant usé de tous les produits imaginables en la présence des agents boucliers Montagne et Blitz ; des 3 de vitesse IQ, Ash, Bandit, Pulse ; en passant par les opérateurs de breach Thermite et Hibana, puis de support avec Tatcher et Smoke ; sans oublier des personnages situationnels comme Mute ou Castle : bref, Pengu a fait un tour du monde des persos et des rôles, le tout assez souvent en faisant le taff.
Il est comme ça, Pengu. Il est celui qui a l’attitude du premier de la classe, qui serait dégouté de n’avoir eu que 19,90 en G04 si cela s’agissait d’une matière scolaire ; et qui n'hésiterait pas à te dénoncer s’il te voyait tricher durant un examen officiel. Ses facettes en agacent certains, en fascinent d’autres. Mais toujours est-il qu’à 21 ans, le Danois s’est comme à l'accoutumée montré précieux dans le coeur du jeu « Gédeuite », s’installant dans le Top 5 des meilleurs K/D, des meilleurs KOST, et des meilleures moyennes générales de l’Euro de Pro League. Alors, en attendant le lancement de la saison 10 et sûrement le Major étasunien pour s’illustrer, nul doute que Pengu ira tuer le temps et quelques ennemis en GO4, en véritable esthète qu’il est.
Les Supports
Hungry ( Penta Sports ) : Les expatriés allemands ont la cote cette saison en Pro League. Il n’y a qu’à voir Lucas Reich qui, a contrario de ses compatriotes de Na’Vi autorelégués au terme de l’exercice et à l’instar d’un Aceez évoluant dans une autre équipe européenne, a vécu plusieurs mois de totale confirmation. Pratiquant par le passé un jeu très stéréotypé, basé sur les opérateurs forts du moment quitte à miser sur un jeu peu agréable à suivre visuellement, le Meister a - depuis avoir posé ses bagages chez Penta - mué vers un nouveau prototype. Celui d’un joueur capable de colead avec efficacité, de s’intégrer fortement à des stratégies moins prévisibles. Le tout en fonçant vers une maturité quasiment atteinte et une efficacité certaine en termes de duels remportés.
En jeu, cela se ressent par des statistiques solides et le deuxième meilleur rating du championnat européen pour un profil de support. Le Kaiser et sa créativité ont donc passé un gap, devenant l’un des symboles de la bonne saison du collectif Penta. Alors qu’il n’a toujours pas encore participé à des Finales de Pro League, le Hungryzlli continuera de traîner dans les coins huppés de Pro League la saison prochaine pour conforter son évolution vers un statut de top player mondial.
Scyther ( Team Empire ) : La plus grosse révélation de cette Pro League 9.0 nous vient de la Russie. D’un gars qui sort du néant et qui se pointe dans l’équipe type de la première saison qu’il dispute en Pro League : « Bonjour, je m’appelle Dmitry Semenov ». À une période où tout le monde évoque Joystick et Kharzeka comme vedettes en parlant du vestiaire de la Team Empire, on oublierait presque la capacité de leur support fétiche à les faire briller depuis des coins d’ombre. Ce qui ne l’empêche pas d’amasser des statistiques époustouflantes à ce niveau de compétition, surtout pour un rôle tourné à la base vers le soutien.
Scyther collecte en effet le meilleur ratio de kills pour deaths de la saison ; prouvant ainsi son adresse à compiler les duels réussis. Encore plus loin, le soviet est celui qui est resté le plus de fois vivant au terme d’un round, tout en affichant une franche réussite dans ses actions sur 80% des rounds de ses sorties. Comme s’il était envoyé par Poutine lui-même, le joueur d’Empire est donc une machine capable d’éliminer froidement ses adversaires, de porter solidement son équipe et de la fédérer vers un potentiel premier titre russe en Pro League. C’est le Palazzo del Ghiaccio qui risque d’en prendre un coup.
Statistiques recueillies sur le site de SiegeGG
Crédits photo : Bruno Alvares - Rainbow Six Esports Brasil