Photo : F.K R3SIAK
A... comme Association Professionnelle des Anti(C)onformistes
À peine le temps de poser leurs valises dans le circuit pro, que les équipes d’Asie pacifique étaient déjà réduites - dans l’opinion publique - à trop chétives pour venir jouer des coudes avec les mastards de la discipline. Sauf qu’en trois saisons et demie, les autochtones ont appris de leurs semblables et ont grappillé des parcours toujours plus convaincants. Jusqu’à ces « Worlds », qui resteront comme une mémorable consécration pour les Australiens de Fnatic et les Japonais de Nora Rengo, qualifiés avec brio pour le second tour. Avant de mettre le feu sur la scène pour exposer leur existence et ramener un brin de l’esprit gilets-jaunes à Montréal.
B... comme Bosco
Il y a ces gars qui ne tremblent pas au moment d’affronter l’adversité. Dylan Bosco en fait partie et Space Station Gaming peut le remercier. Élu « Roi des Clutchs » de ce Six Invitational, avec 7 réalisations, l’Américain - sacré Champion du Monde en 2017, sur console - s’est taillé un costard de sauveur au sang-froid remarquable, et a emmené SSG plus loin que ce qui était attendu. Quel homme !
C... comme Cashprize
Les gros sous injectés par Ubisoft, pour féliciter les heureux convives de son tournoi le plus prestigieux, ne font qu’augmenter hiver après hiver. De 200 000 USD en 2017, à 500 000 en 2018, le Six Invitational pourra se vanter d’avoir proposé une cagnotte de 2 millions sur cette version 2019. De quoi s’affirmer une future position dans le Tiers 1 de l’esport ? Peut-être bien. Après tout, cette somme dépasse ce que l’on peut retrouver en termes de gains sur un Major de CS:GO ou un Mid-Seaon Invitational sur LoL (en moyenne entre 1 et 1,5 million).
D... comme Desapontamento
Traduit directement du portugais, cela signifie la déception. Ou comment une scène brésilienne qui taquinait autrefois les meilleures équipes du monde - à l’instar de la Team Liquid, championne de Pro League (S7) - vit aujourd’hui une véritable décadence. Soit trois représentants sur quatre qui seront restés bloqués au portique du group stage et n’auront vu la scène qu’en tant que spectateur. Les danseuses du Carnaval de Rio, c’est zéro. Merci de nous rendre au plus vite les guerriers sud-américains.
E... comme Empire
Le pitch était réaliste, comme scripté : l’underdog russe - en pleine bourre ces derniers mois - allait faire chuter la meilleure équipe du Monde (en proie aux doutes), en finale des « Worlds ». Battre G2 Esports et allumer la clim slave en plein cœur d’une Place Bell scotchée aurait été fantastique. Mais il n’en fut rien. La Team Empire a beau avoir l’habitude de dominer ses adversaires sur les quatre coins du serveur, cela n’a pas fonctionné face à l’équipe la plus forte de Rainbow Six. Plus forte que le destin et plus forte que Joystick.
F... comme French Cries
Malgré un contingent réduit de moitié par rapport à l’année dernière, la France avait de réelles chances pour cet Invitational. Quatre éléments qualitatifs (Alphama, Hicks, Enemy et Revan) disposés dans deux équipes plutôt ambitieuses, à savoir LeStream Esport et Penta Sports : sur le papier, cela semblait bien parti. Mais non, dos au mur, les deux organisations se sont neutralisées avant de nous faire un blackout total dès la phase de groupe. Gentiment raccompagnés vers la zone visiteurs par Evil Geniuses et Nora Rengo, les Français repartent du Québec la tête remplie de regrets et de leçons.
G... comme Géant
31,66 mètres de long pour 11,08 de large. Voici les dimensions de l’écran géant loué par Alexandre Remy et ses acolytes afin d’en mettre plein la vue à tous les observateurs de l’esport présents à Montréal. On peut dire que ça en jette. En même temps, on se retrouve quasiment sur les dimensions d’un terrain de Basket-ball. Et même si l’idée de voir Laxing et Goga dunker comme des fous n’aurait pas été sans nous déplaire, il faut avouer que la version moniteur, avec l’affichage en temps réel - sur les côtés - des statistiques et de la gestion du stuff, restera comme un gros point positif de l’événement.
H... comme HéG2monie
Annoncé par certains comme étant en fin de cycle, après un début de saison mi-figue, mi-raisin, le roster le plus titré de la scène esportive de Rainbow Six a profité de ces « Worlds » pour remettre les pendules à l’heure. Soit avec encore plus de précision que les maîtres horlogers suisses. Si bien qu’en rapatriant un second marteau à la maison, l’escouade européenne s’est adjugée un sixième titre sur les huit derniers tournois majeurs de la licence. À ce rythme-là, une branche BTP devrait bientôt voir le jour du côté de G2 Esports.
I... comme Inachevé
On pourrait appeler cela « la mélodie du seum ». Une sorte de symphonie dont Canadian et ses coéquipiers seraient les virtuoses. Avec des plans de jeux réglés comme du papier à musique, à l’image de ce Six Invitational : en nous faisant croire qu’ils n’ont jamais été aussi en forme, en nous faisant envisager un choc de titans contre leur plus grand rival, G2 Esports, avant de finalement décevoir contre Team Reciprocity. Le bide total. Avec 4 finales perdues en 2018, et cette sous-performance pour commencer 2019, Evil Geniuses pourrait bien prolonger la tournée de son concert « The Throw » en Italie, aux USA et en Asie cette année.
J... comme Juhani Toivonen
Meilleur joueur du Six Major de Paris, en août dernier : Kantoraketti. Meilleur joueur du Six Invitational 2019 : Kantoraketti. Joueur avec les meilleures statistiques dans le Championnat d’Europe actuel : Kantoraketti. Sans surprise et à 20 ans seulement, le finlandais s’inscrit de plus en plus dans la légende de R6:S. Kanto est-il le meilleur joueur mondial au moment où l’on écrit ces lignes ? Oui, sans aucun doute possible.
K... comme K-pop
Que l’on apprécie la pop coréenne ou non, force est de constater que son apparition constante - bien souvent par l’intermédiaire des membres de Nora Rengo - aura apporté un vent de légèreté et de sacrés délires durant les six jours de compétitions. De quoi nous offrir des moments de folie plutôt épiques.
L... comme Local
On loue souvent la proximité des développeurs d’Ubi avec l’événement du Six Invitational et cela s’est une fois de plus avéré exact. Il faut dire que le studio de développement jouait à domicile et qu'il sait très bien faire briller le travail circonvoisin. Au point de commander le Sledgehammer (trophée remis au gagnant), à un véritable forgeron de Montréal.
M... comme Make America great again
Toutes éliminées dès le premier tour, les équipes nord-américaines s’étaient effondrées durant les dernières finales de Pro League, à Rio. Fort heureusement pour elles, ce Six aura été - dans une demi-mesure - synonyme d’une meilleure réussite. Trois des quatre émissaires continentaux ont atteint la scène de l’arène et la Team Reciprocity, Canadienne de souche, s’est même invitée dans le dernier carré.
N... comme Nora Rengo
Sans conteste l’équipe sensation de ce Six Invitational. Autant par ses résultats que sa façon d’apporter de la bonne humeur. Armés de visages souriants, de danses triomphantes et d’un jeu aussi skillé que décomplexé : les Japonais sont allés chercher une qualification historique pour leur pays, devenant la première organisation asiatique à se hisser en demi-finale d’un Major sur Rainbow Six. Plus que le soleil, c’est bien la foule tout entière de la Place Bell qui s’est - très souvent - levé à Montréal.
O... comme Orchestre
Comment booster le sentiment d’appartenance à une communauté jusqu’à son paroxysme ? Créer des hymnes musicaux peut en être le meilleur moyen. Il s’agit tout du moins de l’instant frisson de ces « Worlds », à condition que l’on aime les BO à la Game of Thrones.
P... comme Poutine
Il s’en est vendu des tonnes durant tout le Six Invitational. Dans les restaurants chics, les fast-foods ou la buvette de la Place Bell, des milliers de pommes de terre innocentes ont été assassinées pour rassasier la faim des touristes déchaînés.
Q... comme Quotidien
À ton réveil tu as le sentiment que rien ne va se passer durant ta journée ? Il y a comme un vide en toi ? Tu as retrouvé un rythme de vie à peu près normal, voire trop normal ? Tu fredonnes sans arrêt la musique du Six Invitational ? Ne t’en fais pas, tu souffres simplement de tes retrouvailles avec ce bon vieux quotidien. Eh oui, exit les journées de matchs intensifs, de spectacle et de révélations. Qu’est ce que tu croyais ?
R... comme Record de rounds
Pour la première fois dans l’histoire de Rainbow Six, l’overtime illimité a été mis en place, dans le cadre de la grande finale. Comme si l’on se trouvait en pleine course poursuite dans Fast and Furious, avec des voitures possédant des boîtes manuelles à 20 vitesses, G2 Esports et la Team Empire se sont rendu accélération sur accélération. Jusqu’au craquage de la courroie de distrib’ des Russes et cette première manche remportée 12 à 10 par G2. Soit 22 rounds disputés en une map, un record inédit dans la pratique de cette discipline esportive.
S... comme Spectaculaire
Aussi bien de la réalisation audiovisuelle des matchs dans la salle, de la manière de présenter les annonces concernant le futur du jeu, que de l'ambiance du public et des animations mises en places, on pourrait aisément retenir un mot de ce Six Invitational 2019 : Waouh ! Rares sont les éditeurs à investir autant de moyens pour assurer le show de ses événements et cela pousse indubitablement encore un peu plus loin Ubisoft dans la cour des grands de l’esport.
T... comme To win it all
Pour mieux comprendre les attentes placées sur les joueurs et leur mentalité par rapport aux grandes compétitions, Artifact Studios a produit un film documentaire où interviennent des stars iconiques comme Pengu, Canadian et Zig. Retransmis durant les « Worlds » et pour l’instant disponible uniquement en VO, ce dernier devrait bientôt se voir doté d’une traduction - au moins sous-titrée - dans la langue de molière.
U... comme Universel
Dix-sept pays issus de cinq continents représentés sur place, pour une diffusion de l’événement dans quatorze langues différentes : la culture Rainbow Six ne s’est jamais autant exportée à l’inter. Alors que la volonté d’Ubisoft est d’ouvrir son marché esportif à la Chine et à l’Afrique, la machine R6:S n’est pas prête d’arrêter sa démocratisation.
V... comme Virtue
Incontestablement LA pépite de ces « Worlds ». Inconnu au bataillon au moment de rentrer dans l’octogone (avec règles), le joueur australien nous a gratifiés d’une maîtrise technique incroyable et d’une tranchante constance. Si bien que Fnatic est parvenu à écarter la Team Reciprocity et Faze Clan de son chemin, avant de chuter en quart de finale.
W... comme Wokka
Joueur phare des Nora Rengo, Wokka inspire la sérénité et le talent à l’état pur. Bourreau des Français de Penta Sports et grand artisan du parcours des Japonais sur ce Six Invitational, le petit protégé de Kizoku est promis à un avenir de luxe sur la scène R6:S.
X... comme 10
Seuls deux joueurs peuvent se vanter d’avoir atteint les dix participations à des tournois mondiaux sur la licence R6:S. Il s’agit de Pengu et de Joonas, les deux officiants actuellement sous les couleurs de G2 Esports. Si le premier compte huit titres contre sept pour le second, ces deux hommes ont réalisé une (nouvelle) performance hors du commun et semblent plus que jamais ancrés dans la légende de la discipline « Rainbow Sixéenne ».
Y... comme Year 4
La quatrième année d’esport sur Rainbow Six s’annonce comme un excellent cru. Sûrement la plus aboutie, dans tous les cas. Déjà parce que la Ranked ne sera bientôt plus en bêta. Mais surtout parce qu’une fois de plus, Ubisoft a écouté les doléances de sa communauté en annonçant fièrement tout un tas de nouveautés et de corrections. Il faut s’attendre à une roadmap exceptionnelle. À une approche différente envers les joueurs débutants et/ou peu habitués de l’esport. À de meilleurs outils pour progresser et s'amuser de manière plus significative. En bref, une nouvelle (bonne) façon de vivre le jeu. Et ça, ça fait vraiment plaisir.
Z... comme Z1ronic
Grosse barbe entretenue à la perfection, sourire Colgate et des yeux bleus assortis avec les sièges en arrière plan : l’un des analystes de ce Six Invitational se présente dans la minisérie « Behind the siege », qui donne la parole à divers acteurs de la communauté esportive de Rainbow Six. Parce que du bon storytelling n’a jamais fait de mal à personne.