Parce que c’est dans son ADN
Tout au long de la neuvième saison, Vitality a fait de la Challenger League sa ruche - avant de s’installer tranquillement dans son fauteuil de reine. Cela semblait trop facile. Et puis, à l’heure de disputer sa promotion, l’analogie entre deux cas de figure appartenant au passé semble couler comme de l’eau de source: s’envoler de la Challenger vers la Pro League ne serait une première ni pour la structure, ni pour son roster. Après une descente aux enfers sur Rainbow Six en novembre dernier, la maison des bees est en passe de vivre sa deuxième remontée en Pro ; et pour procéder à cette nouvelle ascension, quoi de mieux que d’être conduit par Biboo et Spark, deux gars sûrs ayant déjà franchi le cap de la première version Challenger en mars 2017 ? Assurément, pas grand-chose. La nouvelle formule des Vés fonctionne bien et il saute aux yeux que l’Anthophila est actuellement trop à l’étroit sur les serveurs du Championnat d’Europe, version semi-professionnelle. Cela ne devrait donc être qu’une formalité.
Parce que la tradition française
Nul doute que l’on verra - sauf exploit de la part de Trust Gaming, MnM Gaming ou GoSkilla - Vitality en Pro League la saison prochaine. Pas moins de dix victoires pour trois nuls et une défaite: de quoi valoir un passage easy en playoffs en tant que tête de série et un statut de favoris à la montée targué d’un grand F. Autrement dit: une saison de Challenger League boostante, riche et valorisante de la part des abeilles. Peut-on en dire autant des autres envoyés du pays des gilets jaunes présents dans la manif’ ? Non. Xtreme Video Esport a mis du temps à se trouver et le changement en pleine saison de Falko - le leader en jeu en début d’exercice - pour le recrutement de Lion en est la preuve la plus flagrante. Même topo du côté de Supremacy qui aura connu un milieu de saison compliqué. Et comme la France a déjà catapulté cinq équipes en Pro League via la rampe de lancement Challenger, en cinq éditions, on se dit que cette saison ne fera pas figure d’exception.
Parce que même l’écosystème esportif dépend des abeilles
La disparition de l’abeille pourrait être fatale à l’espèce humaine et même à toute la planète. De surcroît, la règle n’échappe pas à la discipline esportive reine d’Ubisoft. Dans le biotope de Rainbow Six, la structure ailée a toujours occupé une place prépondérante. Mais ses relégations répétitives l’ont mise en danger et éloignée de ce qu’elle propose sur d’autres licences. À commencer par CS:GO ou League of Legends, où la fondation conduite par Fabien Devide et Nicolas Maurer n’a pas rechigné à placer ses équipes talentueuses au plus haut niveau. Ce qui contraste fortement avec la situation actuelle de son escouade Rainbow, aujourd’hui loin de faire figure de sacro-saint dans le paysage français de la scène professionnelle.
D’autant plus lorsqu’on voit Vitality s’amuser en Challenger pendant que son grand rival du Stream Esport, lui, vient de se qualifier aux finales mondiales de la Pro League - prenant au passage le soin d’arroser de son pesticide les abeilles lors de la finale du tournoi Rainbow Six de la Gamers Assembly. Attention: dans l’esport, Vitality possède une grande force d’attraction, un budget conséquent et des ambitions d’expansion mondiale. Autant dire qu’il serait dommage pour Rainbow Six de se priver de la pollinisation qui en découle après un nouvel échec de la part de ses butineuses.
Parce que le show BriD a besoin d’un plus gros public
L’intro est souvent la même. Plusieurs adversaires d’un côté, Loïc Chongthep - seul - de l’autre et un seul survivant à la fin: BriD. Il est l’auteur de performances majuscules, d’ambiances « What the hell », celui qui te fait crier, un fournisseur officiel de clips sur Twitch et - somme toute - l’une des machines les plus efficaces de l’Europa League de Rainbow Six. Sauf que son exposition n’est pas assez conséquente. Pourquoi te limiter à jouer en début de semaine, à l'heure de Demain nous appartient et son affreux générique sur TF1, quand tu peux exposer aux yeux de tous ton talent, le vendredi soir en prime time de la prestigieuse Pro League ? Les puristes exigent le retour de BriD sur les planches du championnat majeur et ne pas réaliser ce souhait serait un affront à la religion clutchiste.
Parce que Biboo doit boucler son chantier
Sa mise à l'écart sur le banc avant un retour dans l’équipe ; le désir de recruter le binôme Rxwd - Snky à la place de Zephir et Rafal ; la vision de jeu spécifique qu’il impose à ses soldats ; ses coups de colère et ses choix de capitaine, de leader en jeu: tous ces éléments montrent que Bastien Dulac occupe une place influente chez Vitality. Et nul besoin de rappeler qu’une remontée en Pro League rimerait avec récompenses et moyens financiers alloués à la section Rainbow. Le lot de questions se justifie alors à lui-même : au terme de cette Challenger League, Biboo et consort auront-il été convaincu par un Snky qui avait à la base rejoint l’équipe dans les valises d’un Rxwd depuis placé à l’ombre ? Quaal, recrue de dernière minute, a-t-il lui aussi assez progressé pour faire face au niveau Pro League ? Y aura-t-il des opportunités internationales de recrutement durant le mercato estival qui justifieraient des changements de joueurs et une européanisation du meilleur collectif français ? Sauf catastrophe industrielle, Vitality devrait grimper en Pro League Saison 10. Reste plus qu’à savoir avec quels joueurs.
Crédits photos : Team Vitality