Basé à Warsaw, en Pologne, le studio indépendant Tate Multimedia dirigé par Wojciech Biliński est surtout connu pour le développement de titres sous licence (Astérix, Lucky Luke, Titeuf), en partenariat avec des éditeurs tels que Koch Media ou Atari. Mais désormais, ils cherchent à avoir leurs propres créations et sont prêts pour cela à prendre des risques en faisant preuve d'originalité. C'est le cas de Steel Rats, sorti le 7 novembre 2018 sur PC et PS4, qui mélange les genres tout en offrant une vue en 2,5D. La console de Microsoft n'est pas encore concernée, mais une version Xbox One est en préparation et devrait être disponible prochainement.
La prise de risque s'est avérée payante puisque Steel Rats a remporté le prix du meilleur jeu à la Game Connection America 2018 ainsi que le prix du meilleur gameplay au Pixel Heaven 2018. Il a également été nominé de nombreuses fois à plusieurs titres (jeu hardcore, qualité artistique, histoire/storytelling, jeu le plus original, licence la plus prometteuse). Coutumiers des jeux de motos, puisqu'on leur doit déjà la série Urban Trial, les développeurs de Tate Multimedia remettent ici le couvert mais dans un genre différent puisqu'il s'agit cette fois-ci d'un jeu d'action arcade et non pas de sport motorisé. Vous devrez en effet, dans un univers rétro-futuriste, nettoyer de la ville de Coastal City d'une invasion de machines à l'aide des membres du gang des Steel Rats et de leurs puissantes mécaniques prêtes à tout démolir sur leur passage. Tout un programme.
- Genre : Action Arcade de Combat à Moto
- Date de sortie : 7 novembre 2018
- Développeur : Tate Multimedia
- Éditeur : Tate Multimedia
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One (prochainement)
- Prix : 19,99 €
- Testé sur : PC
Faits comme des rats
Steel Rats se situe dans une Amérique alternative et rétrofuturiste que l'on peut situer dans les années 1940. L'histoire se déroule à Coastal City, surnommée «la ville du futur» depuis que l'industriel Alexander Warren a décidé de la transformer en la métropole la plus technologiquement évoluée des États-Unis, avec ses usines entièrement automatisées tournant jour et nuit. Mais les choses ont semble-t-il mal tournées, car aujourd'hui la cité est en bien piteux état et ses rues sont infestées de machines composées de bric et de broc. Surnommés Junkbots, puisque fabriqués à partir de déchets récupérés à la casse, ceux-ci sont sous le contrôle d'une intelligence artificielle très agressive qui a décidé de s'emparer de la ville.
Mais tout espoir n'est pas perdu, il existe un gang de motards nommé les Steel Rats qui n'ont pas l'intention de se laisser faire et qui comptent bien reprendre possession de la ville en nettoyant tous ses recoins et en allant botter le cul à cette IA malveillante. Équipés de leurs fiers destriers d'acier, ils vont faire vrombir les moteurs et utiliser leurs compétences destructrices ainsi que leurs armes respectives pour libérer la ville. Les Steel Rats, ce sont quatre membres entre lesquels vous alternerez : Lisa, James, Randall et Toshi. Et, contrairement au dicton qui veut que les rats soient les premiers à quitter le navire, là ce sont plutôt les derniers à s'y accrocher et à tout tenter pour le sauver.
L'aventure commence alors que Toshi, un jeune génie sino-américain extrêmement doué en mécanique et en ingénierie, rentre au repaire du gang, mais il n'y trouve personne. Situé à Olbarrow, la banlieue de Coastal City, le Nid des Rats se trouve dans la galerie d'une vieille mine. Ne sachant pas où se trouvent ses acolytes, Toshi décide de partir à leur recherche au milieu des mines, des raffineries et des usines d'Olbarrow. C'est ainsi qu'il se fera attaquer par un énorme rayon laser, juste avant de trouver James, le leader charismatique du gang. Originaire de Seattle qu'il a quitté pour des raisons obscures, son grand coeur le pousse à toujours prendre soin des autres, tout en sachant se faire respecter. Ensemble, ils partiront à la recherche des deux autres membres du gang, en inspectant dans un premier temps la vieille gare ferroviaire.
Ils commenceront par trouver Randall, le Prince à Moto, dit Randy, un ancien cascadeur fou au sein d'un cirque itinérant allemand, tapi au fond d'une mine. Ils trouvent enfin Lisa, la spécialiste des courses rapides, une fois sortis d'Olbarrow et parvenus en ville sur l'île d'Halcyon qui brille de tous ses feux avec ses technologies modernes. Ils se rendront alors tous ensemble dans le riche quartier vert doré de Lakeport, ainsi que dans la vieille ville industrielle de Warrensgate, sur le littoral, avant de finir bien entendu dans l'immense casse de Felyard, où une terrible et mystérieuse tragédie a eu lieu il y a quelques années. Vous découvrirez ainsi petit à petit ce qu'il s'est passé et d'où viennent les Junkbots, enfin à condition que vous soyez de taille face la horde de Junkbots et à l'IA qui les manipule et qui ne se privera pas de chercher à vous arrêter.
James et les ferrailleurs
Le jeu va nous emmener ainsi à travers 28 niveaux répartis en un prologue à Olbarrow et 4 chapitres pour les 4 autres districts avant de se terminer sur un épilogue, chacun donnant lieu à une cinématique léchée à base de plans mouvants sur des dessins très stylés. Il faut bien reconnaître que Steel Rats a su créer un univers rétrofuturiste bien trempé. L'ambiance qui se dégage du titre est une vraie réussite. Les graphismes ne sont certes pas à la pointe de la technologie mais ils savent obtenir le résultat recherché. Et pour enrober le tout et finir de plonger dans cette ambiance sombre, la bande son est elle aussi au rendez-vous de manière tout à fait honorable. Seule une version anglaise sous-titrée est toutefois proposée, les éléments contextuels n'étant pas traduits.
Le jeu reposant avant tout sur un gameplay à moto, arrêtons-nous quelques instants sur son moteur physique et sur la maniabilité du titre. Il est possible de faire des wheelings, des stoppies ou même des frontflips ou backflips lors des sauts, ainsi que des demi-tours de manière assez convaincante et réussie. En revanche, la maniabilité, bien que correcte, n'est pas toujours parfaite. Cela n'empêche pas de s'en sortir malgré tout, mais la réaction de l'engin ne correspond pas toujours à ce à quoi on aurait pu aspirer. Ce qui est le plus fâcheux, ce sont les aspects quelques peu incohérents. Nous sommes dans un jeu arcade, certes, mais tout de même. Nous voulons bien tolérer que percuter des obstacles, même à très grande vitesse, ou retomber à l'envers n'ait pas de conséquences, mais prenons l'exemple des wheelings. Vous pouvez les pousser au maximum, y compris au-delà de 90 degrés, sans aucun problème. Et si vous abusez vraiment, vous ne tombez pas en perdant un peu de santé, non, vous vous retournez simplement. On pourrait aussi s'étonner de la présence d'une marche arrière, mais que penser de la traction avant ? Il nous est en effet arrivé de récupérer un coup uniquement avec celle-ci, la roue arrière étant, elle, dans le vide, assez étrange.
Si l'on met ces aspects de côté, jouer à Steel Rats s'avère plutôt agréable. L'affichage en 2,5 D est tout à fait adapté avec un level design en conséquence. Ce dernier est tout particulièrement réussi lorsqu'il exploite la verticalité des niveaux en utilisant la tôle ondulée à laquelle on peut s'agripper avec la roue avant acérée. On grimpera ainsi aux murs et on roulera au plafond, passant des mines et autres sous-sols aux toits, sans oublier de visiter l'intérieur des bâtiments. Nos motards se déplacent en fait un peu comme sur un rail, nous n'avons pas à les diriger, si ce n'est pour changer de file ou pour gérer la répartition des masses sur l'avant et l'arrière. On peut également faire demi-tour tout en changeant de file et en laissant une belle trace de pneu derrière nous. Des obstacles sur notre route ? Il suffit d'activer la roue acérée pour les pulvériser. Nous ne pouvons toutefois pas exploser tous les véhicules, et certains devront donc être contournés. Quant aux trains, mieux vaut les éviter.
Pour ce qui est des ennemis, tout particulièrement les drones de base qui pullulent, on les traversera allègrement. Toutefois, cela devenant vite redondant, on aura tendance à ne pas trop s'attarder dessus et à tracer notre route, à moins que l'on cherche à récupérer un maximum de ferraille. La ferraille collectée sert en effet de monnaie pour ensuite améliorer nos compétences ou pour acheter un nouveau skin aux personnages et à leurs motos. Un DLC gratuit prénommé Stylish Mayhem permet d'ailleurs d'obtenir un skin supplémentaire pour chacun des membres du gang et leur moto. De temps en temps, de nouveaux types de Junkbots apparaissent, histoire de varier les plaisirs (sbires artilleurs, mineurs, tombeurs, tourneurs, planeurs, cracheurs...), mais on se rend vite compte qu'ils se ressemblent finalement tous plus ou moins, à l'exception du maxi-boss et de son énorme rayon laser.
Rira bien qui rira le dernier
Steel Rats a pris le parti de nous raconter son histoire in-game, sans coupure de cinématique pouvant casser le rythme, hormis au début de chaque chapitre et en conclusion. Le concept est tout à fait louable, si ce n'est que nous disposons de plusieurs personnages dont certains peuvent être perdus au cours d'un niveau, et que cela ne l'empêchera pas de continuer à discuter avec ses camarades, ce qui, avouons-le, pêche un peu en terme de crédibilité. Bon, il est vrai qu'à la fin du niveau on le retrouvera de toute façon, jeu d'arcade oblige, mais cela reste toujours surprenant de voir le personnage qui vient de mourir prendre la parole comme si de rien était. Chacun des quatre Steel Rats dispose d'une lame de scie montée sur la roue avant (roue acérée) et peut effectuer des attaques rotatives afin de frapper les ennemis ou de renvoyer les tirs. Ils ont aussi des compétences et des armes qui leur sont propres (pistolet, fusil à pompe...) et qui évolueront au cours de l'aventure. Mais pour pouvoir utiliser les armes, il faudra déjà commencer par trouver des caisses de munitions.
Concernant les compétences, James utilise son marteau bélier pour frapper le sol, les Junkbots ou encore pour charger, Toshi dispose d'un robot de compagnie pouvant tirer sur les ennemis et il peut déposer des mini-bombes derrière lui, Randy utilise un harpon enchaîné pour frapper ou accrocher les ennemis et peut aussi les découper en dés, et Lisa est la reine des flammes qu'elle peut projeter sur les côtés ou sous elle, à moins de préférer laisser une piste enflammée derrière elle. Outre les compétences basiques et de chargement, chaque membre du gang obtiendra également une compétence ultime infligeant des dégâts de zone. En fonction de la situation, vous pourrez changer de personnage à la volée. Enfin, il est possible d'obtenir des avantages, généralement sous forme de santé ou d'énergie supplémentaire, à moins que ce ne soit pour accroître la vitesse de rotation de la roue acérée. À noter ici que si une chute trop importante élimine directement les bikers concernés, ils possèdent plusieurs cellules de santé et d'énergie qui se régénèrent avec le temps. Pour la santé, par contre, les cellules totalement épuisées ne se remplissent plus, à moins de trouver un atelier de réparation pour les recharger.
Chaque niveau dispose d'un level design permettant d'emprunter plusieurs itinéraires, ce qui est une bonne chose puisque des secrets sont à récupérer dans chaque niveau et qu'un juke box est à découvrir dans chaque district. Si les juke box n'ont pour unique finalité que d'en faire la collection, les secrets découverts (28 au total puisqu'il y a 28 niveaux) nous permettent, eux, d'en apprendre un peu plus sur le lore. Cela nous encourage donc à explorer un peu plus en profondeur les lieux pour trouver tout ce qui pourrait s'y cacher. Cela fait partie des multiples facettes du jeu qui se révèle être à la fois un jeu de combat à moto, mais aussi un jeu de plateforme, ou encore un jeu d'exploration, voire un jeu compétitif puisqu'à la fin de chaque niveau il est possible de comparer son score avec celui de ses amis ou des autres joueurs du monde entier.
Il est donc possible de jouer à Steel Rats de différentes manières. On peut en effet se contenter de visiter chaque niveau de fond en comble afin de découvrir tout ce qu'il a à nous apprendre, ou alors rechercher le score absolu, voire le meilleur chrono, d'autant plus que cela peut représenter l'un des 3 défis proposés par chaque niveau. Ceux-ci peuvent d'ailleurs également être l'objectif recherché. Nous pourrons ainsi être amenés à rejouer plusieurs fois chaque niveau, soit pour obtenir ce que l'on n'a pas encore eu (défis, secret, juke box), soit pour monter dans le classement. Le titre offre donc une rejouabilité certaine et appréciable.
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