Initialement développé par Oovie en 2014, Spintires, malgré son côté apparemment jeu de niche, puisqu'il propose d'évoluer au ralenti dans la boue au volant de gros engins pour aller chercher des rondins de bois à livrer à des scieries, avait plutôt bien marché, avec plus d'un million de copies vendues sur PC. Ceci explique donc la volonté de sortir une version améliorée avec un nouveau moteur mais aussi beaucoup plus de contenu. C'est ce qu'a fait Saber Interactive avec Spintires : MudRunner sorti le 31 octobre 2017, soit il y a un an de cela, avec même une incursion du côté des consoles de salon (PS4 et Xbox One).
Si celui-ci avait eu droit à deux petits DLC gratuits, c'est aujourd'hui un DLC bien plus conséquent qui nous est proposé, ainsi qu'une version complète englobant le jeu de base et tous les DLC, sous le doux nom de Spintires : MudRunner - American Wilds. Il nous emmène en effet au-delà de la Sibérie, sur les terres tout aussi sauvages et difficiles d'accès du Montana et du Dakota du Nord, aux États-Unis. C'est également l'occasion d'introduire de nouveaux véhicules de marques américaines telles que Ford, Chevrolet ou Hummer. Toujours développé par Saber Interactive et édité par Focus Home Interactive, le titre sort, en extension officielle comme en édition complète, le 23 octobre 2018 sur PC, PS4 et Xbox One, ainsi que, pour la première fois sur Switch le 27 novembre 2018.
- Genre : Simulateur de gros véhicules tout terrain pas très écolos
- Date de sortie : 23 octobre 2018 (PC, PS4, Xbox One) et 27 novembre 2018 (Switch)
- Développeur : Saber Interactive
- Éditeur : Focus Home Unteractive
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Switch
- Prix : 9,99 € en DLC ou 29,99 € en édition complète sur PC, 39,99 € sur console et 44,99 € sur Switch
- Testé sur : PC
Born to be Wild
Le principe du jeu reste bien évidemment le même que celui du titre original. D'un côté il y a des environnements sandbox où il s'agit de récupérer, uniquement à l'aide d'une boussole, d'une carte et d'un treuil, des rondins de bois dans des environnements extrêmes (terrains boueux impraticables, rivières déchaînées, dangereux obstacles naturels) et ouverts, pour les livrer aux scieries. Il est aussi possible de débloquer les garages et les divers véhicules disséminés sur la carte, tout en découvrant l'intégralité de celle-ci en atteignant des points de vue. Il y a également des défis à relever avec trois bonus complémentaires à obtenir sur chacun d'entre eux et complexifiant parfois bien la tâche. Nous nous intéresserons bien entendu ici essentiellement aux nouveautés apportées par l'extension American Wilds, et nous vous renvoyons à notre article publié suite à la review de Spintires: MudRunner l'an passé pour en apprendre davantage sur le jeu de base.
Le principal apport d'American Wilds est de nous extirper de la froide Sibérie pour nous faire voyager jusqu'aux contrées nord américaines. Contrairement à ce que l'on aurait pu s'attendre, ce n'est toutefois pas au Canada que cette extension nous emmène mais dans les terres montagneuses du Montana et du Dakota du Nord, à la frontière des États-Unis et du Canada. Cette délocalisation de nos activités de chauffeur d'engins tout-terrain nous amènera ainsi à conduire de nouveaux véhicules de marques américaines : Chevrolet (K5 Blazer et Bison), Daimler (Freightliner FLD-120 et Western Star 6900XD), Ford (F150 et LTL900) et Hummer (H1). À cela, il faut encore rajouter l'imposant K-9000 Forwarder et l'indispensable K-8400 Skidder, soit un total de neuf nouveaux monstres de pollution qui viennent compléter la liste déjà existante et permettent ainsi d'atteindre la trentaine de véhicules.
American Wilds apporte également des dizaines de nouveaux add-ons pour équiper nos camions, ainsi que deux nouvelles cartes sandbox (Grizzly Creek et Mont Boismore) et deux nouveaux défis (La Grue II et Fret-Ex). Et l'on retrouve toujours la possibilité de créer un salon public ou privé entre amis afin de jouer en coopération jusqu'à 4 joueurs en s'entraidant sur les cartes sandbox. Nous pouvons aussi recourir, sur PC, aux mods élaborés par la communauté (et parfois très farfelus, à l'image du Père Noël dans son traîneau ou d'un tramway pour ne citer que ceux-là) via Steam Workshop, voire de partager nos propres créations afin d'apporter notre pierre à l'édifice.
Bienvenue dans le Nord des États-Unis
Graphiquement, le jeu est toujours aussi efficace, à défaut d'être exceptionnel, et le rendu de l'environnement naturel, tout particulièrement de la boue et des ornières qu'elle crée, est de très bonne facture. Les jeux de lumières, induits notamment par le cycle jour-nuit dynamique dont est doté le titre, sont également fort appréciables, que ce soit à la tombée de la nuit ou au lever du jour, comme en plein cagnard de midi. Il y a bien toujours quelques effets de clipping sur les branches, et la représentation des bâtiments reste un cran en-dessous, mais ils ne sont pas si nombreux, et tout ceci ne gêne en rien l'expérience de jeu.
L'animation du chauffeur est, elle aussi, à saluer. Il ne reste en effet pas immobile sur son siège, il se dandine, gratte sa barbe touffue, remonte sa casquette et pique même un petit roupillon si on cesse de bouger trop longtemps de nuit. Le seul regret ici est que nous avons toujours affaire au même avatar. Même en changeant de camion d'un bout de la carte à l'autre, on retrouve toujours notre cher barbu à l'identique. À noter enfin que la vue cockpit reste insuffisamment travaillée sur le plan esthétique et qu'elle est toujours aussi peu pratique pour se déplacer sans abîmer le véhicule et sans s'embourber, voire se renverser.
Mais la grande force de MudRunner réside, on le sait, dans son moteur physique toujours aussi efficace. On apprécie vraiment la sensation de conduite dans des environnements pourtant peu accueillants et on prend plaisir, bien que l'on avance parfois péniblement, à traverser ces nouveaux paysages du nord de l'Amérique dans lesquels on n'hésite à aucun moment à faire cracher l'épaisse fumée noire qui sort des pots d'échappement de nos camions. Notons au passage que les bruitages sont toujours très bien rendus.
Aux neuf défis qui préexistaient à American Wilds viennent donc s'en rajouter deux nouveaux qui s'insèrent entre Livraison et Mère Grand, faisant ainsi passer le total à 11. Bien qu'il faille normalement accomplir un défi pour débloquer le suivant, La Grue II est directement accessible, même si on nous rappelle qu'il est conseillé d'effectuer les défis précédents auparavant pour bien maîtriser les différents éléments de gameplay du jeu. Fret-Ex, lui, ne sera toutefois disponible qu'une fois le défi de La Grue II réussi.
Pour ce qui est du jeu solo, le titre de base comptait déjà 6 cartes auxquelles il fallait rajouter La Vallée et La Crête apportées par les DLC gratuits du même nom (The Valley et The Ridge), en même temps que 3 nouveaux véhicules chacun et des accessoires. Avec American Wilds, il faudra compter avec deux cartes de plus, soit dix en tout.
Going-to-the-Sun Road
Le jeu de base nous demandant de commencer par les défis avant de se lancer dans le jeu solo, nous en ferons de même ici. Le premier défi qui nous est proposé, La Grue II, nous envoie dans les marais afin de récupérer des rondins et de les livrer à la scierie. Pour cela, on nous met au volant du K-9000 Forwarder, un énorme engin équipé d'une grue. Comme si cela ne suffisait pas, pour obtenir les bonus, il nous faudra trouver une citrouille et l'écraser, mais aussi et surtout effectuer le défi de nuit ainsi que trouver une remorque à bois, la remplir et la transporter afin de livrer 4 points de rondins supplémentaires à la scierie. Autant dire que ce n'est pas gagné d'avance, tant il n'est pas aisé de se repérer facilement ni de trouver les rondins lorsque l'on effectue le travail de nuit. De plus, la remorque à trouver est elle aussi de bonne taille et nous met donc aux commandes d'un engin à rallonge, au poids conséquent, surtout une fois chargé, et donc pas toujours facilement manoeuvrable compte tenu de sa taille et de l'articulation due à la remorque.
Arriver à bon port avec tous les rondins nécessaires avant de tomber en panne d'essence sera la véritable difficulté de ce défi, d'autant plus que dans les marais, pour éviter de s'embourber, la transmission intégrale et le blocage du différentiel sont quelque peu indispensables. Cela augmente considérablement la consommation, qui passe de 4-5 l/min à plus de 20. En laissant de côté les bonus, il devient toutefois bien plus facilement réalisable. Ce qui nous a fait rager, en dehors du manque d'essence, c'est la caméra pas toujours très bien placée lorsque l'on manipule la grue et la nécessité de positionner les rondins à un endroit bien particulier mais incompréhensible pour qu'ils soient bien pris en compte. La solution aura en général été ici de les poser comme on le sentait puis de prendre la route en espérant que les secousses arrangent les choses. Autre gros regret, il n'y a pas de sauvegarde possible en mode défi, ce qui nous oblige à les faire en une traite et à devoir donc tout recommencer si un imprévu nous oblige à y mettre fin. Heureusement que sur les cartes sandbox les parties se sauvegardent automatiquement, et qu'un système de sauvegarde multijoueur ait été prévu en mode coopération.
Le second défi, Fret-Ex, consiste à livrer un Skidder chargé sur la remorque à plateau d'un Freightliner FLD120. La taille de l'ensemble est impressionnante mais tout le parcours peut être réalisé sur route qui se transforme parfois en chemin de terre. Il ne sera donc pas très compliqué d'atteindre l'objectif. Les seuls difficultés sont la taille de l'engin dans les virages et son poids dans les côtes boueuses, mais il suffira alors de s'aider du treuil. Par contre, l'un des bonus demande de ne pas utiliser celui-ci, alors qu'un autre exige de tout faire en vue cockpit, ce qui ne simplifiera pas la prise de virage correcte, et un dernier de boucler le défi en 6 minutes, ce qui est tout à fait réalisable en soi mais déjà plus compliqué en vue cockpit et sans treuil.
Dans les deux nouvelles cartes apportées par American Wilds, Grizzly Creek et Mont Boismore, on commence avec un Chevrolet K5 Blazer, une voiture qui servira au ravitaillement et à la réparation, et un Chevrolet Bison, un camion annoncé dès le départ ne pas être fait pour le tout-terrain. Heureusement, il y a le K8400 Skidder, un tracteur articulé équipé d'une lame et d'une grue et pouvant passer à peu près partout et surtout nous aider à tracter les lourds camions qui s'embourberont facilement. Les autres véhicules sont bloqués et devront d'abord être débloqués en les rejoignant avant de pouvoir les utiliser, ou cachés et il faudra commencer par les trouver. Il s'agira comme toujours de bien s'équiper au départ (réparation, essence, roue de secours...), de décider quel itinéraire suivre et de choisir le véhicule le mieux adapté pour cela.
Les grandes remorques permettent en effet de transporter de grands rondins et de livrer directement 6 points sur les 8 attendus par les scieries, contre 3 pour les petits rondins et 4 pour les moyens, mais elles sont articulées et génèrent un poids plus important compliquant l'évolution du camion. De plus, elles se renversent facilement, entraînant la perte du chargement voire du camion lui-même. Si Grizzly Creek possède des postes d'aiguillage ne laissant passer, lorsqu'ils sont ouverts, que les camions sans rondins, il dispose de zones de chargement, alors que dans Mont Boismore il faudra recourir aux sites de collecte et donc procéder soi-même au chargement des camions. Plusieurs livraisons étant nécessaires pour livrer les scieries, il faudra peut être envisager de varier les parcours pour éviter de créer des ornières de plus en plus profondes rendant le passage de plus en plus difficile. Il faudra également recourir régulièrement aux stations service ou faire appel aux camions-citernes pour un ravitaillement sur le parcours.
Il y a donc largement de quoi s'occuper avec American Wilds, surtout si l'on souhaite débloquer tous les garages, tous les points de vue, tous les véhicules, ainsi que réaliser les défis avec tous les bonus. Ceux qui souhaiteraient un challenge encore plus important, ou pousser l'expérience encore plus loin, peuvent essayer tout cela non pas en mode simplifié mais en mode simulation, voire en vue cockpit et en utilisant uniquement la boîte manuelle que l'on réserve sinon aux situation extrêmes pour obtenir une meilleure traction.
Spintires : MudRunner vous place au volant de véhicules tout-terrain pour aller affronter les conditions extrêmes de la Sibérie
