Review - Spintires : MudRunner
Version améliorée du Spintires de Oovee sorti en 2014, récompensé par Intel et assez bien accueilli par la critique comme par les joueurs avec plus d'un million de copies écoulées sur PC, Spintires : MudRunner propose une conduite immersive et pointue au volant d'engins soviétiques tout-terrain pour aller s'embourber dans les étendues extrêmes de la Sibérie, uniquement armé d'une carte et d'une boussole.
Spintires : MudRunner est cette fois-ci développé par Saber Interactive, le studio américain indépendant créé en 2001 et très connu en Europe de l'Est, et édité par les français de Focus Home Interactive. Il sort aujourd'hui, 31 octobre 2017, sur PC bien entendu, comme son prédécesseur, mais aussi cette fois-ci sur PS4 et XBox One. Beaucoup de nouveautés et d'améliorations étant annoncées, il est temps de voir ce qu'il a sous le capot et s'il a su améliorer la précédente mouture de Oovee.
Genre : Simulation de véhicules tout-terrain
Date de sortie : 31 octobre 2017
Plateforme : PC, PS4, XBox One
Développeur : Saber Interactive
Éditeur : Focus Home Interactive
Prix : 29,99 €
Du bois dans la boue
Au lancement de Spintires : MudRunner, vous serez directement dirigés vers le didacticiel, au volant d'une voiture tout-terrain, afin d'acquérir le b.a.-ba des contrôles à utiliser. Même si cela est un bon moyen de se faire la main, vous pouvez quitter celui-ci quand vous le désirez pour accéder au menu principal avec possibilité d'y revenir à loisir. Vous devrez toutefois passer par le nouveau mode des défis avant de pouvoir accéder au jeu solo ou au jeu multi ! Il s'agit de challenges à relever qui vous permettront de découvrir les autres aspects du jeu, non évoqués dans le didacticiel. Et des défis, il y en a neuf, avec des environnements dédiés, qui vous apprendront à attacher une remorque, utiliser la carte, réparer ou ravitailler d'autres véhicules, utiliser la boîte de vitesse manuelle, les phares, à dévoiler la carte en atteignant des points de vue surélevés, utiliser la grue pour charger des rondins de bois sur le camion, effectuer des trajets en convoi grâce au treuil en s'entraidant sur les passages difficiles, et à traverser des rivières parfois profondes et avec un fort courant...
Et chacun des défis est assorti de trois objectifs bonus auxquels vous pourrez ou non vous intéresser. Il peut s'agir d'objectifs de performance comme ne ne pas abimer le véhicule ou utiliser la vue cockpit, voire ne pas activer le blocage différentiel ou ne pas utiliser le treuil, mais aussi d'objectifs plus anecdotiques ou farfelus tels qu'effrayer des oiseaux à l'aide du klaxon, ou trouver des fleurs fluorescentes, voire trouver et écraser une citrouille... Il faudra finir chaque défi pour pouvoir débloquer le suivant et il sera toujours possible de refaire chaque défi débloqué, notamment dans le but d'obtenir les 3 étoiles des bonus si ce n'est pas encore le cas. Et ce n'est pas toujours facile lorsque l'on doit traverser des marais ou gravir une pente raide sur un petit chemin étroit et rocailleux au bord du précipice.
Le premier défi est d'ailleurs loin d'être facile puisqu'il s'agit d'amener une grande remorque remplie de rondins de bois jusqu'à une petite ville, ce qui n'est pas si simple dans la boue, surtout quand on vous demande de faire des manœuvres en marche arrière, en vue cockpit et sans abîmer votre camion. Déjà, rien qu'accrocher la remorque au camion en se positionnant correctement nécessitera de prendre ses marques. Et le jeu n'étant pas indulgent, ou plutôt réaliste, il faudra éviter de multiplier les manœuvres si l'on ne veut pas se retrouver embourbé très rapidement et irrémédiablement. On pourra toujours tenter de s'aider du treuil pour sortir de telles situations mais encore faut-il trouver un point d'attache et que celui-ci puisse soutenir le poids de notre engin. Pas question donc se se contenter de souches d'arbres, surtout si celles-ci se trouvent dans la boue, elles cèderont immédiatement. En cas de grosses difficultés, on pourra aussi décrocher la remorque pour gagner en maniabilité, mais il faudra alors parvenir à se repositionner correctement pour l'arrimer à nouveau, tout en se retrouvant dans une situation permettant de repartir sans encombre.
Pour accéder au mode solo, il n'est pas nécessaire de terminer tous les défis, même si ceux-ci permettent de mieux maîtriser chaque élément du jeu. Deux options sont alors possibles, on peut jouer soit en mode simplifié soit en mode simulation. Dans le premier cas, les dépannages sont possibles dans les garages déverrouillés, les paramètres des camions endommagés ne sont pas modifiés, la consommation de carburant est moins importante, il est possible de sauter la nuit pour repasser directement au jour, et l'itinéraire de navigation est visible en jeu. En simulation, en revanche, les véhicules endommagés sont plus difficiles à manœuvrer, ils perdent en puissance et calent plus facilement, le blocage du différentiel est sans effet sur les roues motrices et détériore les camions sur les environnements plus durs, il n'y a pas de différentiel en boîte automatique ce qui oblige à passer en boîte manuel pour y recourir, il n'y a pas de stations de chargement, ce qui oblige à charger manuellement, la navigation se limite au prochain point, et les roues s'orientent automatiquement dans le sens de la pente.
Six cartes sont proposées avec six environnements différents : le marais, l'île, la côte, la traversée, la colline, et le déluge avec à chaque fois des objectifs à atteindre mais avec une totale liberté laissée dans le trajet emprunté ou les véhicules utilisés. Au départ, toutes les cartes ne sont toutefois pas accessibles, il faudra les débloquer avec des points de progression obtenus en terminant des premières cartes. L'objectif consiste à aller chercher des rondins de bois pour les acheminer dans les différentes scieries de la carte. Toutefois, si les rondins longs rapportent 6 points de chargement, les moyens n'en rapportent que 4 et les courts seulement 3. Et tous les modules dont nos camions seront équipés ne permettent pas de transporter tous les modèles de rondin. Quoi qu'il en soit, 8 points de chargement devront être livrés à chaque scierie, ce qui ne pourra pas se faire en un seul voyage d'un seul camion. Il faudra donc faire plusieurs aller-retour ou voyager en convoi, y compris dans le mode multijoueurs qui permettra à 4 joueurs de voyager ensemble pour remplir les missions en s'entraidant.
Avant de partir en mission, il faudra donc bien choisir quels camions seront disponibles dès le départ ainsi que les modules dont on va les équiper. Prendre une grue permet de charger de plus gros rondins mais nécessite un chargement manuel et n'a pas forcément la même maniabilité que d'autres camions. Tous les camions ne sont toutefois pas disponibles dès le départ, ils devront être trouvés sur la carte pour être débloqués. De même, outre les scieries, on trouvera sur la carte des garages à débloquer en y amenant des camions, des stations services pour faire le plein, des stations de chargement pour obtenir des rondins, ainsi que des points de vue à débloquer pour que la carte se découvre, une partie de celle-ci étant cachée au départ ce qui oblige à naviguer en partie à l'aveugle dans un premier temps.
Un moteur physique efficace
Saber Interactive nous promet ici la version ultime de Spintires avec une amélioration des graphismes et du moteur physique ainsi que du contenu supplémentaire. Et il faut bien reconnaître que le moteur physique remplit très bien son office, il est très convaincant, tant au niveau des véhicules que de l'environnement (végétation, boue, rivières...) ou encore de la gestion du carburant ou du comportement des pneumatiques. Les graphismes, quant à eux, sont également de très bonne facture. Sans être éblouissants il remplissent plutôt bien le côté photoréaliste recherché. Et si vous disposez d'un écran 4K vous pourrez même profiter de la très haute définition. On mettra toutefois un petit bémol ici pour ce qui est de la vue cockpit qui nous offre un tableau bord un peu cheap et, pour le coup, très peu réaliste. De plus, en montée, on ne voit pas la chaussée. On réservera donc cette vue aux situations où on nous l'impose, pour débloquer un bonus par exemple.
Pour ce qui est du contrôle des véhicules, outre les fonctions d'accélération et de freinage évidentes, on peut également enclencher la transmission intégrale afin de disposer de quatre roues motrices au prix d'une plus grande consommation d'essence, mais aussi le blocage de différentiel qui permettra de franchir les terrains boueux. En effet, le différentiel permet aux deux roues d'un même axe de tourner à des vitesses différentes. Ainsi, dans les virages, la roue intérieure, qui parcourt moins de distance, ralentit par rapport à la roue extérieure. Mais en terrain difficile, cela devient un handicap car si une roue se met à patiner, elle accélère, et l'autre du coup ralentit ou s'arrête même de tourner alors qu'elle se trouve peut être sur un terrain où elle pourrait accrocher et donc tracter plus efficacement le véhicule. En bloquant le différentiel, on peut donc plus facilement traverser certaines étendues mais en revanche le véhicule sera moins contrôlable et pourra même être détérioré par le blocage du différentiel. Tous les véhicules ne disposent toutefois pas de cette fonctionnalité alors que d'autres l'ont d'office. Le B130, par exemple, qui est à propulsion, n'en possède pas. Mais tout ceci apparaît clairement dans l'interface.
On peut aussi passer en boîte manuelle plutôt qu'automatique. Cela limite la vitesse mais permet d'améliorer la traction tout en évitant aux roues de s'enfoncer. Autre élément qui nous sera d'une grande aide : le treuil. Plusieurs points d'attache sont possibles sur chaque véhicule, reste à trouver un endroit où le fixer. Il peut s'agir d'un arbre, d'un poteau ou même d'un autre véhicule. Attention toutefois à ne pas le fixer à un support trop fragile telle qu'une souche dans un terrain boueux ou un arbre trop fin car il serait immédiatement arraché compte tenu du poids des véhicules que l'on conduit. Le treuil peut également servir lors des convois pour contrôler deux camions reliés entre eux qui vont pouvoir s'aider en se poussant ou en se tirant. Enfin, on sera également amené à manipuler la grue pour charger des rondins dans les camions. Et là, il ne faudra pas oublier auparavant de déposer les ancres afin de bien arrimer le camion et le stabiliser lors de l'opération. On regrettera ici que le siège du conducteur de la grue reste vide lorsqu'on l'utilise, d'autant plus que le chauffeur du camion, lui, est très bien animé, il se permet même de piquer une sieste lorsqu'il n'est plus sollicité.
Dans la version PC, les contrôles peuvent se faire au clavier, mais également à la manette ou au volant si vous en possédez un. Les vibrations ressenties dans la manette améliorant l'immersion, elle aura été privilégiée pour ce test. Le stick gauche sert alors à contrôler la direction alors que le droit dirige la caméra. Et la sensation de conduite est très bonne. La caméra, par contre, s'avère parfois un peu délicate à gérer et l'on rage de ne pas parvenir à la placer correctement, mais dans l'ensemble elle reste contrôlable de manière assez satisfaisante.
La partie sonore n'a pas été laissée de côté non plus. Le bruit des moteurs est tout à fait pertinent et celui de l'environnement plutôt soigné, avec en plus un côté plus étouffé lorsque l'on est dans le cockpit. Les oiseaux chantent la journée alors que l'on entendra des hiboux la nuit, ainsi que des grenouilles ou autres grillons. Car oui, un cycle jour-nuit existe. Le temps s'écoule et lorsque l'heure arrive, on assiste à la tombée de la nuit, puis un peu plus tard à la levée du jour. Ceci est très bien mené et plutôt appréciable. En mode simplifié, toutefois, pour ceux qui trouveraient la difficulté trop élevée la nuit, il est possible de la passer. En mode simulation, en revanche, il faudra bien entendu faire avec.
Au niveau technique, quelques problèmes subsistaient dans cette version preview. Plusieurs déconnexions ont eu lieu dès le départ, dans le didacticiel ainsi qu'un crash lors d'un changement de carte. Impossible alors de relancer le jeu et il aura fallu passer par les services Windows pour l'arrêter correctement avant de pouvoir recommencer le jeu. Nous avons également été confronté à quelques effets de clipping sur les branches des arbres. De plus, le jeu propose de débloquer des succès in-game et certains d'entre eux se sont débloqués sans raison tels que "Chauffeur" obtenu normalement au bout de 100 km parcourus alors que le jeu commençait tout juste, ou encore "Sisyphe" récompensant 200 m parcourus avec le frein à main mais obtenu simplement en démarrant un camion. Mais sur ce point, les développeurs nous avaient toutefois prévenus et promettent que cela sera réglé dans la version finale. Espérons que ce sera effectivement le cas.
Toujours de boue (comme Renaud)
Spintires : MudRunner est donc bel et bien une simulation de véhicules tout terrain et en aucun cas un jeu d'arcade. Il faudra prendre son temps pour jauger la situation, procéder en douceur aux manœuvres et être patient car les distances ont beau ne pas être très longues, cela prend du temps de les parcourir compte tenu de la vitesse d'évolution des camions. Son côté très original est appréciable mais en fait un jeu de niche réservé à un public averti ne recherchant pas de l'action pure et dure. Il est inutile de foncer en se disant que ça passera bien, ça ne passera pas.
19 puissants véhicules tout-terrain peuvent êtres débloqués, dont 13 inédits, chacun avec ses caractéristiques et ses équipements propres. Pour le néophyte, toutefois, certains se ressemblent beaucoup et on ne voit pas forcément ce qu'apporte de plus l'un par rapport à l'autre. Des petites fiches techniques, même quelques informations succinctes, auraient été bienvenues. Au cours des parties, on a la possibilité de changer de camion, ce qui permet non seulement de varier les plaisirs ou les techniques mais aussi de pouvoir disposer d'une aide (réparation, essence, tractage...). Il faudra donc savoir choisir le véhicule le plus adapté : les plus légers pour les sols rocailleux et secs et les plus lourds pour les terrains boueux d'où ils s'extirperont plus facilement grâce à leurs roues large et à leur couple, même s'ils auront tendance à plus s'enfoncer.
Avant de partir en mission, il faudra également bien penser à prendre l'équipement nécessaire (ravitaillement, essence...) mais aussi de quoi transporter le matériel à livrer et le transborder (grue). Et pendant la mission, il faudra gérer correctement le carburant pour ne pas se retrouver à court avant la fin (faire le plein aux stations services, emmener de l'essence...). Attention aussi à ne pas trop abîmer le châssis ou les roues en entrant en collision avec des obstacles ou avec un sol trop dur, il faudrait alors les réparer. L'eau, lors des traversées des rivières peut noyer le moteur ou même submerger le véhicule, il faudra donc être prudent surtout si l'on transporte une remorque qui risque de se faire emporter par le courant.
Un des gros points positifs de Spintires : MudRunner est son environnement ouvert. Il n'y a pas de chemin tracé ou à suivre, à chacun de choisir l'itinéraire qui lui convient. Mais attention, cela se déroulant tout de même dans des conditions extrêmes (terrains impraticables, rivières à fort courant, forêts, marécages, ornières, chemins inondés, montagne avec des montées périlleuses...), certains trajets seront plus difficiles que d'autres car réservant des pièges et des obstacles pouvant s'avérer très difficiles à surmonter. De plus, en mode simulation, les différents chemins possibles sont cachés, il faut alors rallier les points d'observations élevés afin de révéler la carte.
Le jeu s'articulera autour des 6 cartes proposant chacune une mission ainsi que les 9 défis à relever, que l'on pourra accomplir en mode simplifié et/ou en mode simulation, seul où à plusieurs en coopératif. Cela peut paraître peu et il est vrai que l'on aurait apprécié plus de cartes mais cela vous occupera déjà un bon moment car chaque mission et chaque défi prend un certain temps à terminer. De plus, on peut commencer par les faire en simplifié puis s'y atteler en simulation dans un deuxième temps. Et si l'on souhaite terminer à 100 % chaque mission (tout débloquer) et chaque défi (toutes les étoiles bonus), cela nous amènera également sans doute à devoir nous y reprendre à plusieurs reprises. Tout ceci représente donc une durée de vie convenable, même si un côté répétitif risque de s’installer.
Reste la possibilité, sur PC, de recourir aux mods créés par la communauté. Cela peut être un bon moyen de prolonger la durée de vie avec l'arrivée de nouveaux véhicules et de nouvelles cartes que l'on pourra trouver sur le Steam Workshop. Cerise sur le gâteau, la version finale devrait fournir des outils de conversion permettant de rendre les mods créés pour Spintires premier du nom compatibles avec MudRunner.
Spintires : MudRunner sur PS4
Et pour terminer, comme deux avis valent mieux qu'un, nous laissons la parole à Irezumi pour parler de son test de la la version PS4 du jeu :
Sur PS4, MudRunner s'en sort très honorablement. Les graphismes, sans être bien entendu au niveau de ceux sur PC, rendent bien l'ambiance très soviétique du jeu. La palette de gris n'empêche curieusement pas les détails dans les différents environnements de la Sibérie. Seuls les camions manquent clairement de finition, la palme revenant à la vue cockpit qui propose un niveau de détails digne d'une vaillante PS2. De toute façon, comme vu plus haut, cette vue cockpit ne sera utilisée que pour valider un défi tellement elle est pénalisante. La seule vue qui prévaut dans MudRunner, c'est celle qui de coté permet de voir la piste et surtout la position des roues. Petit changement d'avec la version PC, les versions console ne proposent pas de mods pour modifier les camions. Le maniement à la DualShock est quant à lui irréprochable. Les pressions sur les gâchettes permettent une gestion précise et dosée de l'accélération et du freinage. La direction au joystick est aussi très bien restituée. La conduite de ces gros engins n'est pas aussi aisée que celle d'une berline moderne et les sensations sont bien là. Ici, pas d'accélération ou de changement de direction violents. Ces comportements seront au mieux pénalisés par une sortie de route, au pire pas une rencontre fortuite avec un arbre, causant les dégâts que vous imaginez. Chaque action doit être pensée, soupesée et mise en œuvre avec le soucis de la précision et de la retenue. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la conduite dans la boue est au moins aussi pointue que la conduite sur circuit. Et l'expérience sur PS4 est vite aussi hypnotisante que sur PC. Un peu à l'image d'un Euro Truck Simulator, les kilomètres et les heures passées au volant défilent sans que l'on s'en rende compte.
