Le début de la série Tropico remonte déjà à 2001. Développé à l'époque par PopTop Software, elle proposait de s'adonner à la politique dictatoriale à travers une simulation de gestion stratégique et de city builder dans une petite île fictive au milieu des Caraïbes. Incarner "El Presidente", le leader charismatique de ce petit bout de terre perdu au milieu de la mer, a su convaincre les foules et la licence a alors pris son envol avec tout d'abord l'extension Tropico: Paradise Island, puis les différentes suites sorties régulièrement depuis, et c'est aujourd'hui à la sixième itération que nous nous intéressons.
Avec l'arrivée de Tropico 6, nous allons donc pouvoir à nouveau profiter de l'humour ironique de la série à travers le gouvernement d'une république bananière où tous les coups sont permis pour conserver le pouvoir sans jamais faire preuve d'aucun scrupule ni d'aucune morale. Et comme la version bêta du titre est déjà disponible pour les pré-commandes PC, nous n'avons pas hésité à enfiler bermuda, chemise à fleurs et lunettes de soleil pour aller faire un peu de tourisme à Tropico. Développée par Haemimont Games depuis Tropico 3, la série échoue cette fois-ci dans les mains du studio allemand Limbic Entertainement (Might and Magic Heroes 6 et 7, Might and Magic X) qui s'essaie pour la première fois à un jeu de gestion. Jouable en solo ou en multijoueurs jusqu'à 4 joueurs (dans la version finale), Tropico 6 est édité par Kalypso et est attendu pour le 25 janvier 2019 sur PC à 49,99 €. Une version Mac devrait suivre dans la foulée, ainsi qu'une mouture destinée aux consoles PS4 et Xbox One annoncée pour l'été 2019.
L'ignorance et la bêtise du peuple font la force du dictateur. (Jdan Noritiov)
Dès le départ, le ton est donné dans une petite cinématique cynique au ton humoristique. Que ce soit El Presidente, la musique, les voitures, le décor, tout semble avoir été tourné à Cuba, à la grande époque de Fidel Castro. Dans un environnement tropical et volcanique, nous allons pouvoir incarner El Presidente de notre choix, aux commandes de la petite nation florissante de Tropico, au cœur de la mer des Caraïbes. Nous pouvons en effet jouer au dictateur, de manière très terre-à-terre, ou au contraire, pour ceux disposant d'une imagination débordante, prendre le parti d'incarner un être totalement imaginaire, honnête et empreint de justice, au service de son peuple dont il ne recherche que l'épanouissement. Notre aventure se déroule au XXe siècle, partant de l'Époque Coloniale avant de traverser celle des Guerres Mondiales puis de la Guerre Froide, et de terminer par les Temps Modernes.
À nous de conserver le pouvoir tout au long de cette épopée en développant les infrastructures nécessaires, l'agriculture, le réseau électrique, l'industrie, le commerce, le logement, la religion, mais aussi le tourisme avec les loisirs et les divertissements de luxe indispensables à celui-ci, sans oublier l'éducation, les médias, les services publics, la finance et le gouvernement avec la promulgation des lois nécessaires, ainsi que tout le pan militaire auquel il faut aussi rajouter les raids permettant entre autres de dérober les Merveilles du Monde aux superpuissances qui nous entourent pour les construire chez nous, favorisant ainsi notre grandeur. On a beau être El Presidente, on n'a pas le temps de s'ennuyer, surtout si la rébellion gronde et qu'il faut étouffer l'œuf dans le nid avant qu'il ne soit trop tard. Heureusement, nous avons avec nous notre fidèle Penultimo dont la première mission nous remémore la rencontre sur fond de contrebande de pépites et de conspiration visant l'indépendance de Tropico vis-à-vis de la Couronne et de sa tyrannie.
Si nous étions en dictature, les choses seraient plus simples - du moment que ce serait moi le dictateur. (George W. Bush)
Mais avant de se lancer dans l'aventure, nous commencerons comme à l'accoutumée par personnaliser notre Presidente en choisissant son sexe, son ethnie, ainsi que son apparence, y compris sa tenue. Certaines options sont toutefois bloquées et nécessitent tout d'abord de remplir certaines conditions, à l'image de la tenue de Pharaon qui demande de posséder simultanément le Grand Sphinx et la Pyramide de Gizeh, ou celle d'Empereur Romain nécessitant de ne pas tenir d'élections pendant 20 ans dans une époque post-coloniale. Nous remarquerons à ce niveau que certaines apparences n'apparaissaient pas dans les cases de sélection ou que certains textes étaient encore en ligne de code ou en anglais, et que des éléments étaient sans effet sur l'apparence de notre cher Presidente. Gageons que tout ceci sera résolu d'ici la version définitive, il reste tout de même encore trois mois pour cela, mais nous n'avons pas pu totalement juger des différentes possibilités offertes. Il en est de même pour le Palais que l'on peut désormais également personnaliser.
Hormis les bugs observés sur les textes, le jeu est entièrement en français, y compris les voix caricaturales des personnages (accents, style d'élocution, propos...) sauf dans la cinématique de départ. Et l'ambiance musicale qui nous berce tout au long du jeu (musique, chanson) entre deux interventions du chroniqueur radio, est typiquement caribéenne. Bien que disposant d'un charme certain, le rendu graphique du jeu, quant à lui, est correct, mais ne présente rien d'exceptionnel. On apprécie toutefois de pouvoir zoomer au plus près pour mieux s'immerger dans la vie locale. Par contre, c'est un peu regrettable d'avoir l'impression que les requins nagent au-dessus de l'eau ou de voir les bateaux passer sans problème à travers les ponts ou les pontons. Et oui, il y a des ponts dans Topico 6 puisque notre nation s'étale sur tout un archipel et non plus un seul et unique atoll et qu'il faut donc bien relier entre elles les différentes îles. Parmi les infrastructures possibles, on trouvera également des tunnels bien pratiques pour raccourcir les temps de transport, que ce soit en voiture, en camion, en bus ou en taxi. Des téléphériques et un métro seront également de la partie, ainsi que des aéroports et des docks pour acheminer les touristes.
La liberté d’expression existe ici, mais je ne peux pas garantir la liberté après l’expression (Idi Amin Dada)
Dans la version bêta, seuls sont disponibles le didacticiel, deux cartes de bac à sable (sur 16) où l'on peut définir les conditions (époque, population et argent de départ, ainsi que les différents niveaux de difficulté et les conditions de victoire), et deux missions complètes (sur 15), mais le ministère de la propagande et de la désinformation nous informe que du contenu supplémentaire sera rajouté à l'approche de la sortie du jeu. Si celui-ci présente quelques nouveautés bienvenues, on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup de changements par rapport à Tropico 5, même si le studio derrière le titre a été remplacé. Les vieux habitués de la licence pourront donc passer directement dans le feu de l'action tandis que les nouveaux venus apprécieront la présence d'un tutoriel vraiment complet permettant de découvrir les grandes lignes du jeu à travers les quatre époques. Dans celui-ci, comme dans les missions, nous aurons des quêtes à remplir pour le scénario et des actions à mener pour répondre éventuellement aux demandes des factions. On regrette à ce niveau que les propos tenus par nos commanditaires soient systématiquement les mêmes.
Le but ultime du Presidente dans Tropico 6 reste de conserver le pouvoir et de s'enrichir le plus possible, mais cela n'est pas toujours si simple lorsqu'il faut à la fois satisfaire les citoyens (nourriture, santé, loisirs, sécurité...), les employés (salaires, conditions de travail, sécurité de l'emploi...), les touristes (confort, cadre agréable, divertissements variés...) et les différentes factions ainsi que les superpuissances qui se partagent le monde et peuvent décider de nous renverser à tout moment. Comment contenter les capitalistes sans déplaire aux communistes, et inversement ? Il en est de même avec les religieux et les militaristes, les écologistes et les industriels, ou encore les intellectuels et les conservateurs. Chaque binôme sera rajouté en passant à l'ère suivante, au même titre que de nouvelles mécaniques de jeu, de nouveaux bâtiments ou de nouveaux outils ainsi que de nouveaux amendements à la Constitution, complexifiant ainsi la tâche. Or, déplaire à une faction fait perdre des voix auprès des tropiquiens qui adhèrent à celle-ci. Chaque faction nous soumettra d'ailleurs parfois des exigences auxquelles nous pourront répondre favorablement ou pas, mais si cela fait chuter notre réputation trop bas, celles-ci se transformeront alors en ultimatum, dernière chance avant d'entrer en conflit ouvert. Quant aux citoyens insatisfaits, ils peuvent émigrer ailleurs s'ils pensent que l'herbe y est plus verte et qu'ils en ont les moyens, à moins de sombrer dans la criminalité (en cas de chômage) ou la rébellion (en cas d'oppression), voire mourir s'ils manquent de nourriture.
Quand quelqu'un vous attaque, ripostez, soyez brutal, soyez féroce (Donald Trump)
Fort heureusement, nous disposons de pas mal d'outils statistiques pour surveiller les nombreuses composantes de notre société. Si l'interface est assez bien conçue, il n'est malgré tout pas toujours facile de s'y retrouver au milieu des nombreuses options offertes. Nous pouvons également surveiller au plus près chaque citoyen et tout connaître de lui, y compris ses pensées les plus intimes. En cas de besoin, il est toujours envisageable de soudoyer un responsable influent, d'emprisonner des criminels ou d'interner des rebelles gênant, et même de faire exécuter les troubles-fête. Et à l'approche des élections, on peut aussi recourir au discours électoral depuis le balcon de notre Palais afin de faire des promesses pour influencer les voix de chacun. Et si cela ne suffisait pas, il était possible de truquer les votes ou même d'interdire les élections à court terme. Mais les tropiquiens ne sont pas dupes et disposent d'une bonne mémoire. Ainsi, toutes ces manigances auront des conséquences notamment sur la rébellion. Et il ne faut pas oublier aussi les superpuissances qui deviendront de plus en plus nombreuses à chaque nouvelle époque (Chine, Russie, États-Unis, Moyen-Orient et Union Européenne) et qui pourront déployer des espions venant soutenir la guérilla.
Enfin, il y aussi le Négociant qui nous fera régulièrement des offres alléchantes afin d'alimenter notre compte en Suisse. Nous pourrons ainsi par exemple laisser les superpuissances pratiquer des essais nucléaires dans nos eaux turquoise contre espèces sonnantes et trébuchantes. Mais le Négociant s'empressera ensuite de nous faire des offres pour dépenser notre pécule en nous apportant une aide parfois précieuse. Pour finir, suivant les époques, nous pourrons compter pour le sale boulot sur les pirates, les commandos, les espions et les cyber-pirates. Ceux-ci se chargent des pillages, y compris des Merveilles du Monde (les statues de Stonehenge, le Taj Mahal, la Tour Eiffel, la Statue de la Liberté, le Grand Sphinx, le Colisée de Rome, la Maison Blanche...). Chacun ne pourra toutefois en dérober qu'une seule par partie afin d'éviter de se faire repérer, mais aussi parce qu'il s'agit-là d'une opération longue et fastidieuse. Mais le jeu en vaut la chandelle, car elles apportent de puissants effets à notre nation, en plus d'attirer les touristes et leur porte-monnaie bien rempli.
Calendrier des sorties de jeux