Il existe deux différences entre le basket et le foot : la première est bien évidemment le ballon et la seconde, c'est qu'en jeu vidéo, Electronic Arts est loin de dominer. Croulant depuis le début des années 2000 sous le poids d'NBA 2K, la franchise NBA Live a bien failli ne jamais se relever. Au lancement de la génération PS4/One, elle s'est pourtant réveillée en tentant, épisode après épisode, de trouver un filon pour se démarquer. Pris dans quelques déboires autour de sa gestion douteuse des microtransactions, le concurrent est plus fragile que jamais. NBA Live 19 en a-t-il profité pour muscler son gameplay et étoffer sa proposition ?
- Genre : Sport/Basketball
- Date de sortie : 7 septembre 2018
- Développeur : Electronic Arts
- Éditeur : EA Sports
- Plateforme : PS4, Xbox One, PC
- Prix : 69,99 €
- Testé sur : PS4
Are you on ten yet ?
Visuellement, le titre fait le job, avec quelques joueurs très bien modélisés (Joel Embiid, en couverture du jeu) ainsi que des animations plus fidèles aux véritables mouvements des joueurs. Certains ont clairement des problèmes de liaison entre leur tête et leur corps. Combinés à quelques soucis de proportions, ils leur donnent l'impression de bouger comme des "bobble-head" (coucou Steven Adams). Il y a encore du chemin pour rattraper la concurrence sur ce dernier point, mais c'est sur la bonne voie. Le basket, ce n'est pas que des joueurs, c'est aussi des lieux à l'ambiance inégalable, sur le parquet comme dans les gradins. Cette ambiance, NBA Live essaye de la retranscrire, mais éprouve de grandes difficultés, dont un public peu inspiré. Les commentaires, désactivés par défaut dans tous les modes, ne sont pas très prenants en plus de tourner très vite en rond. Le tout manque surtout de liant. Là où on a l'impression de participer à un spectacle chez la concurrence, on est plus sur de l'enchaînement de quarts-temps ici.
Fort heureusement, le jeu peut compter sur un sponsor avec ESPN pour l'enrobage des matchs. La barre de score est fidèle à ce que l'on a pu retrouver dans la vraie saison, les mi-temps proposent une sélection de highlights variés à regarder (le meilleur joueur, le pire, highlights par équipe) ce qui tranche avec le show plus télévisé de 2K. Mention spéciale à la tracklist faible en titres (16 seulement) mais forte en qualité. Du ATM de J.Cole au X de ScHoolboy Q, 2 Chainz et Saudi, c'est un déluge d'excellents sons qu'on se prend pleine figure, mais qui viennent fatalement à trop se répéter, playlist courte oblige.
Trust the Process ?
Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas dans le gameplay d'NBA Live 19, mais une partie peuvent être sujettes à discussion dans la mesure où elles rendent le jeu plus accessible et donc plus attractif auprès d'un public qui n'a peut-être pas envie de se casser la tête avec la précision de ce sport. Le rythme de jeu est déjà plus rapide, mais quelques couacs le rendent tout de même moins intense que 2K.
Le plus choquant est certainement les pourcentages de réussite au tir. Premièrement, les barres de tir sont hyper permissives, à tel point qu'il y a même une petite marge pour réussir un tir parfait. Si tant est que vous ayez chopé le timing (ce qui prend 3 à 5 minutes, et encore), il suffit que vous soyez rien qu'un peu ouverts et tout va rentrer, à 2 comme à 3 points. Deuxièmement, les finitions au cercle sont juste ahurissantes. C'est plus NBA Live, c'est carrément Abdul-Jabbar Simulator tant les joueurs (quels qu'ils soient) ne semblent trouver aucune difficulté à rentrer tous types de tirs, en particulier les skyhook de ce sacré Kareem.
De manière générale, Live 19 a un problème avec le mot physique. Que ce soit la physique de la balle orange ou des joueurs, ça coince. Sur chaque action effectuée, il y a un manque cruel de feedback qui rend des moments comme les contacts et les dunks presque insipides. À croire que les joueurs jouent côte-à-côte mais ne se gênent pas entre eux. On dirait limite que pour gérer les actions, le titre se fie uniquement aux stats des joueurs sans prendre en compte le contexte.
Si l'offense est hyper accessible et permissive, il en est de même pour la défense. Pour aider, un petit marqueur s'affiche désormais pour nous indiquer si l'on défend efficacement ou non sur un joueur en déplacement. Puisque, comme évoqué précédemment, la majorité des tentatives aboutissent aisément à l'intérieur, la défense perd clairement de son intérêt. Bien sûr, il ne faut pas la négliger, car, compte-tenu de la simplicité de l'attaque, c'est elle qui fera la différence.
En résulte un système dont on pourra faire les louanges comme s'indigner. Oui, il colle beaucoup moins à la réalité que ce que peut proposer NBA 2K mais tous ses défauts en font un titre sacrément plus accessible et fun même pour néophytes. D'autant qu'en l'absence d'autre proposition dans le basket vidéoludique, il permet de contenter un public différent de son concurrent.
Count it up
Conscient qu'il va devoir occuper les joueurs pendant toute la saison, NBA Live n'a pas fait le radin et contient une palette complète de modes solo et multijoueurs très fournis. Profitons de l'occasion pour évoquer les menus, qui pour la première année sont moins ergonomiques que son concurrent, même si ce dernier s'est bien amélioré cette année. Les différents modes, options et informations sont entassés au sein d'une interface qui ne met pas forcément les plus pertinents en avant. Des modes de base comme le classique 1v1 ne sont pas immédiatement accessibles.
Parmi ces modes, c'est la carrière nommée "The One" qui est mise en avant cette année. Tout comme l'année dernière, il est possible de créer son joueur (ou sa joueuse, petite nouveauté cette année) afin de l'aventurer dans la grande ligue avec The League ou le basket de rue avec The Streets. À noter que de nombreux modes sollicitent le joueur que l'on crée dans The One, donc il n'est pas à faire à la légère. La progression se fait par niveaux, avec des paliers d'expérience et de hype à atteindre, ainsi que des points de compétences à attribuer dans les arbres (ou plutôt les frises, vu l'absence de choix) liés au type de joueur que vous avez choisi. C'est le mode qui pâlit le plus de la comparaison avec 2K. Que ce soit en Streets ou en League, on enchaîne les matchs avec pour seuls éléments de scénarisation des tweets et des échanges de textos. Ce n'est pas bien passionnant et bien décevant, surtout compte tenu du fait que d'autres jeux EA Sports proposent des carrières scénarisées. Le mode The Streets est tout de même plus pardonnable puisque d'une part il est récent, et que de l'autre il nous propose désormais de jouer au Quai 54, compétition française de renom.
Plus dans l'esprit de cet NBA Live 19, le mode Court Battles propose de vous faire une réputation en ligne en allant affronter des joueurs sur leur propre court et selon leurs propres règles. Bien entendu, vous pouvez créer le votre et sélectionner parmi des dizaines de règles originales et de conditions variées. De nombreux autres modes sont présents comme les revenants Franchise et Ultimate Team ou encore les classiques Live Run et Live Events dans lesquels il vous sera demandé d'affronter respectivement des joueurs en ligne et des IA selon des conditions précises.
Finissons par la base avec le match équipe contre équipe, jouable en solo comme en multi. Les 30 franchises de la NBA sont présentes, mais également les 12 de la WNBA, une première qui mérite d'être saluée et qui devrait donner des idées à la concurrence. Pas d'anciennes équipes ou d'équipes All-time par contre, désolé pour les nostalgiques.